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Consolider l’entente Maurice-Rodrigues

18 janvier 2022, 10:00

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L’opposition, à Rodrigues, n’arrive pas encore à s’unifier, même s’il semble évident que l’ère Serge Clair tire à sa fin et que Rodrigues va passer à un palier de développement, qui ne se focaliserait plus uniquement sur l’élevage et la pêche.

Face à l’OPR, les intérêts sont divergents, et la lettre de réunification du leader de l’opposition et du PMSD, ainsi que le retour de l’Australie de l’enfant terrible de la politique rodriguaise, Johnson Roussety, viennent compliquer la donne avant le dépôt de candidatures ce samedi.

Au-delà de la nécessité d’actualiser la loi sur l’Autonomie, à la faveur du recul qu’on a eu sur la décentralisation du pouvoir émanant de Port-Louis, le débat à Rodrigues se poursuit sur le besoin ou pas des Mauriciens de s’immiscer dans la vie politique de Rodrigues. D’ailleurs, le MMM, même si présent sur le terrain depuis 1976, ne partage pas le point de vue et l’action du PMSD qui revendique, lui, une présence de 60 ans dans la «21e circonscription» (terme qui ne fait pas l’unanimité parmi certains Rodriguais, qui rejettent aussi l’appellation «dixième district»). Comme si Rodrigues n’était pas mauricien !

Outre le problème aigu d’eau – qui freine et l’agriculture et l’élevage depuis des décennies – il y a encore pas mal à faire à Rodrigues, entre autres, pour retenir les jeunes qui choisissent de s’exiler à Maurice, faute d’ouverture sur le sol natal. Le taux de réussite aux SC et HSC reste en déclin : 350 élèves ont été recalés sur 814 candi- dats aux examens du SC en 2019, à titre d’exemple.

Si le régime de Serge Clair a montré la voie par rapport aux énergies solaires, à la protection du lagon et à l’utilisation du plastique, on peut, en revanche, regretter que la synergie RodriguesMaurice n’ait jamais pris. Pire, on sent encore une grande méfiance entre habitants et politiciens des deux îles, pourtant tous réunis sous le même quadricolore. À l’express qui l’interrogeait sur ce sentiment ambigu, le leader sempiternel de l’OPR nous disait il y a quelques années : «Je suis pro-rodriguais, cela a toujours été ma lutte. Mais je ne suis pas anti-mauricien. Ce sentiment existait avant Serge Clair, de par le comportement de certains départements. Rodrigues a besoin de Maurice. Et Maurice aussi a besoin de Rodrigues…

Je ne cache pas que je fais tout pour que les Rodriguais soient tous debout comme un peuple fier. Les jeunes, qui ont fait des études, doivent pouvoir rentrer ici et avoir du boulot. Si d’autres viennent prendre leur place, ce serait une insulte à leur intelligence. Maintenant, je ne dis pas non aux Mauriciens. Nous sommes autonomes pas indépendants, une nuance de taille que beaucoup ne comprennent pas. Et nos planteurs et autres travaillent depuis toujours en partenariat avec des associations à Maurice. Je suis pour la consolidation de ces partenariats entre Maurice et Rodrigues. Mais il n’y a pas lieu de venir s’implanter à Rodrigues pour cela…»

Autre sujet de discorde : la proportionnelle qui était censée corriger une anomalie et assurer une meilleure représentativité à l’Assemblée régionale. Mais la proportionnelle a jusqu’ici provoqué le courroux de Serge Clair qui avait vu sa belle avance fondre de huit à trois ! SAJ avait totalement soutenu Serge Clair sur la question. On comprend mieux pourquoi des partis traditionnels mauriciens, férus de transfugisme, n’en veulent pas, alors qu’à Rodrigues, on estime que les accusations formulées contre le système proportionnel rodriguais ont comme toile de fond la volonté de certains lea- ders politiques d’éliminer la diversité politique. Et c’est précisément la pluralité d’opinions et de perspectives dont Rodrigues a besoin aujourd’hui, afin que la République et tous ses enfants bénéficient de ces avancées démocratiques.