Publicité

Pourquoi des personnalités de l’année…

23 décembre 2021, 10:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Pourquoi des personnalités de l’année…

Quand une année, aussi intense en actualité, tire à sa fin, il y a lieu de s’arrêter un instant et d’identifier nos compatriotes ou contemporains qui donnent, chacun dans leur domaine, l’impulsion nécessaire à la société, et, partant, au monde, de réaliser des progrès.

Depuis sa naissance, cinq ans avant l’indépendance de Maurice, l’express éclaire les parcours, actes et discours des Mauriciens qui nous tirent vers le haut. C’est souvent un sacré contraste avec les esprits conservateurs qui nous maintiennent en arrière, prisonniers dans des cases trop étroites pour prendre de la hauteur et du recul sur nous-mêmes, notre commencé comme pays et nos avancées, ou pas, comme nation et démocratie.

Lorsqu’on jette un regard dans le rétroviseur de ces dix dernières années, des noms intéressants interpellent, et permettent de jauger les choix par rapport au temps qui passe. En 2011, l’express consacre son titre de Mauricien de l’année au jeune scientifique Dhanjay Jhurry – qui n’était pas encore vice-chancelier de l’université de Maurice. Ce n’était donc pas sa gestion critiquée et critiquable actuelle du campus du Réduit, mais les travaux d’alors de ce chercheur en chimie qu’on mettait en exergue, en particulier sa demande de brevet pour un matériau scientifique. Ce brevet, le premier à l’université de Maurice que cette dernière a accepté de financer in toto, était alors en cours de filing.

En2012, pour souligner le besoin de lutter sans merci contre la drogue, notre rédaction honore l’inspecteur Assaad Rujub, qui nous apparaissait alors comme «un fonctionnaire dévoué, efficace et plus que tout, déterminé, dit-on, à aller au bout de ses enquêtes, comme celle sur l’affaire ‘‘Gro Derek”». Mais au fil des ans et des changements au sein de la police, le regard sur l’inspecteur Rujub a changé, de même que sur l’Anti-Drug and Smuggling Unit (ADSU) de Plaine-Verte, dont plusieurs membres ont été suspendus.

En 2013, l’express veut corriger une injustice relative à un accident de la route qui a marqué l’année et les Mauriciens. L’idée est de réunir les rescapés de l’accident de Sorèze, les proches des disparus, ainsi que la famille du chauffeur Deepchand Gunness. Pour notre rubrique «Mauricien(s) de l’année», nous avons choisi de procéder par deux étapes : d’abord les journalistes du groupe ont exprimé leurs préférences, puis on a demandé aux lecteurs de nos journaux papier et Web de s’exprimer également de leur côté. Dans les deux cas, les noms du chauffeur Deepchand Gunness et du receveur Ram Bundhoo sont arrivés en tête. Mais nous avions quand même des doutes, car l’enquête policière était en cours et n’avait pas encore situé les responsabilités, et aussi parce que la CNT (prenant pratiquement tout le monde à contre-pied) avait jeté le blâme sur le chauffeur décédé pour «négligence» ainsi que sur le receveur car il aurait accepté deux ou trois passagers en trop. Alors on s’est tourné vers les rescapés de l’accident eux-mêmes. Et là les doutes se sont effacés: Deepchand Gunness et RamBundhoo sont bel et bien des héros aux yeux de ceux qui étaient dans le bus alors que les freins avaient lâché. Ils nous ont raconté le sang-froid, le courage, l’héroïsme des deux employés de la CNT. (...) Outre l’inséparable tandem Gunness-Bundhoo qui n’anullement paniqué alors que l’autobus dévalait l’autoroute à tombeau ouvert, il y a aussi Sanjay Ramdhayan, qui s’est révélé être un héros ce jour-là. Alors qu’il se savait blessé, il aurait pu chercher à sauver sa vie pendant que l’autobus faisait un tonneau, mais il a choisi d’aider son prochain, en risquant la sienne.

Saint-Exupéry a beaucoup écrit sur ceux qui deviennent le héros de leur propre vie : pour cela nous devons préférer le danger à la sécurité, l’altruisme à l’égoïsme. Cet héroïsme-là, qui est en nous et qui surgit sans qu’on le sache, donne un sens à la vie. L’action épanouit la personne. Et c’est en accomplissant les actes dictés par notre conscience la plus profonde que nous devenons de meilleurs êtres humains.

En 2015, le pur talent et l’envie de percer de Jane Constance font chavirer bien des cœurs. Elle est la gagnante de The Voice Kids (France). Dans l’île, on a rarement vu une personne porteuse d’un handicap aussi épanouie. Jane a étonné par sa force de caractère qui la porte jusqu’au bout de ses rêves, grâce à l’encadrement de ses parents, Tony et Françoise, et des mécènes comme Armoogum Parsuramen.

En 2016, le «Mauricien de l’année» de l’express est… un Français. Il s’agit de Lilian Eymeric, qui est Mauricien de cœur et qui a su conquérir les Mauriciens avec son exploit : la traversée Maurice-Réunion à la nage, soit 238,7 km en 50 heures. Et ce, pour aider des enfants diabétiques.

«Le but c’était d’aider des humains avant tout», nous confiait Lilian Eymeric, dont les efforts ont permis une levée de fonds pour aider les enfants diabétiques de T1 Diams.

En 2017, plusieurs Mauriciens, jusqu’ici anonymes, sont à l’honneur dans nos colonnes. Nirmala Maruthamuthu, qui avait eu le cran de recadrer Showkutally Soodhun, le 13 septembre, lors d’un séminaire de la National Housing Development Corporation (NHDC) à Quatre-Bornes, s’est attiré beaucoup de sympathie. Cette responsable de la médiathèque de l’Alliance Française, à Bell-Village, nous disait : «Je n’ai rien fait d’extraordinaire (…).Cela montre le climat de crainte qui règne dans le pays : les Mauriciens n’osent pas dire en face des politiciens ce qu’ils pensent d’eux. Ils finissent par tout accepter, c’est malheureux.»

Yashwan Seewoolall, jeune homme de 25 ans, qui s’y connaît en premier secours, est, lui, salué parce qu’il lutte à sa manière pour soulager les victimes des accidents de la route. Le 1er septembre 2017, alors qu’il rentrait chez lui, Yashwan Seewoolall remarque qu’un van s’est renversé. Le jeune homme se gare et s’approche. Il voit un blessé, allongé sur le bas-côté de la route, sous une pluie battante. YashwanSeewoolall appelle vite une ambulance et les pompiers. En attendant, il recouvre le blessé avec sa veste pour le garder au chaud et fait tout pour qu’il reste éveillé.

Toujours en 2017, Sakoon Veerannah est acclamée par des internautes de l’express.mu avec une simple esquive… d’un garde du corps du Premier ministre. Loin de ceux qui lèchent les bottes des puissants, Super Nani, comme elle a été surnommée, n’a même pas prêté attention à Pravind Jugnauth et à son épouse, qui faisaient leurs prières à Grand-Bassin, sous forte escorte policière. Cette femme laboureur de 76 ans a tenu tête à un officier de la Very Important Person Security Unit (VIPSU), le jeudi 23 février. Sur une vidéo tournée par l’express, on voit le gorille tenter de lui barrer la route. La septuagénaire ne demande qu’à récupérer un peu d’eau du lac sacré. Elle l’esquive et passe devant le chef du pays, sans même un regard.

La famille Talate et les Chagos sont au cœur de l’actualité, aux Nations unies, le 3 novembre 2017. Si une ruelle a hérité du nom de Lisette Talate au Caudan Waterfront, sa fille, Iline Talate, a repris le flambeau de cette figure de proue du combat pour le retour aux îles.

Claudette Gaffoor, Dharantee Boodram, Mirelle Sandarum, Aartee Nawoor, Sangeeta Devi Samonokho et toutes les autres femmes cleaners, qui touchaient une paie de misère. Leur combat : toucher enfin lesRs9 000 promises par le gouvernement, alors qu’elles ne percevaient que… Rs 1 500 depuis des années.

En 2018, de Roche-Bois à Berklee (Massachussetts), c’est l’atelier Mo’Zar et ses membres que l’express a tenu à honorer. Grâce à leur persévérance et des levées de fonds, ils font une tournée internationale qui soulève des salves d’applaudissements en Europe et aux Amériques.

En 2019, la Suédoise Greta Thunberg et le mouvement international qu’elle lance, Fridays for Future, sont salués pour le travail de sensibilisation par rapport au changement climatique. «Je ne devrais pas être là, je devrais être à l’école, de l’autre côté de l’océan… comment osez-vous ? Vous avez volé mon enfance avec vos paroles creuses», lance-t-elle, avec colère, le 23 septembre 2018, à l’ONU.

L’an dernier, la rédaction de l’express salue les Frontliners, notamment ceux et celles qui ont mis leur vie en danger pour aider à combattre le Covid-19. Hommage et respect au personnel soignant, aux éboueurs, aux employés des supermarchés, entre autres. Le problème, nous ont fait remarquer des lecteurs ensuite, c’est quand l’on nomme un corps de métier, comme les infirmiers, tout le monde est encouragé, même ceux qui ne font pas bien leur travail, par exemple, en négligeant des patients de peur d’être contaminés… ce qui est un point valable.

Cette année, le magazine américain Time plébiscite Elon Musk et les scientifiques à l’origine de l’ARN messager. Musk a su démontrer que les véhicules électriques constituent un marché florissant, alors que les fabricants traditionnels n’étaient pas chauds. «His car company, Tesla, controls two-thirds of the multibillion-dollar electric-vehicle market it pioneered and is valued at a cool $1 trillion. That has made Musk, with a net worth of more than $250 billion, the richest private citizen in history, at least on paper. He’s a player in robots and solar, cryptocurrency and climate, brain-computer implants to stave off the menace of artificial intelligence and underground tunnels to move people and freight at super speeds», explique Time Magazine. Plus important, Musk a su démontrer qu’écologie et croissance économique peuvent aller de pair, même si le patron de Tesla est souvent critiqué pour ses vols dans l’espace…

Alors qui pourront être les personnalités de 2021 de l’express ? Un entrepreneur qui a compris que tout développement devrait être de nature durable ? Un(e) politicien(ne) qui refuse d’être un chatwa (suiveur) ou un complice ? Un éditeur mauricien qui fait flotter le quadricolore loin de nos yeux ? Un artiste qui a compris que l’art n’a pas de frontières ? Un poète disparu, chantre du mauricianisme ? Un anonyme qui devient un héros par les circonstances de la vie ? Vos avis nous intéressent. Ils nourrissent les réflexions de notre rédaction… qui et pourquoi des personnalités de l’année ?