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La magie de «Ah ! Maurice !» envoûte-t-elle toujours ?

2 octobre 2021, 10:33

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Jadis, le responsable de la promotion touristique de Maurice à l’étranger, le regretté Cyril Vadamootoo, préparait, de ses mains, les curry et autres délices du pays, qui allaient être servis aux membres de la jet-set française lors des réceptions animées à Paris par Gaëtan Duval.

Le duo Duval/Vadamootoo évoluait à un moment où Maurice était pauvre. On était loin, très loin même, du temps où le pays pouvait allouer un budget de Rs 400 millions (comment les commissions ont-elles été reparties ?) juste pour faire passer, sur le stade vide de Liverpool, quelques secondes de clip publicitaire sur une île dont le nom était d’ailleurs mal écrit.

La promotion de Maurice, avec des moyens de bord, avec des acteurs comme Duval et Vadamootoo, allait rapporter énormément à l’industrie touristique du pays. Au point où l’île devint la première destination des nantis européens, des Français surtout.

Si Brigitte Bardot et Carlos symbolisaient l’affection que des vedettes portaient pour Maurice, que dirait-on de Jacques Chirac, qui venait passer ses vacances annuelles à Maurice ? Ce dirigeant français connaissait tous les coins et recoins du pays qu’il visitait en conduisant une Mini Moke*.

Lors de ses rencontres avec certains chefs d’État et de gouvernement à l’étranger, l’ancien Premier ministre Anerood Jugnauth était agréablement surpris d’apprendre d’eux que Jacques Chirac leur avait déjà vanté les charmes de Maurice, tout en leur demandant de visiter ce pays. Malheureusement, un communiste français, proche de l’établissement hôtelier où aimait loger le président Chirac, devait faire éclater un scandale d’achat cash de tapis persan dans notre île et le bienfaiteur tira une croix sur nous.

Malgré le regrettable incident Chirac, d’autres personnalités françaises de premier plan ont, à plusieurs occasions, manifesté leur grand amour pour Maurice. Au point même d’essuyer des critiques à la Réunion où on se demandait pourquoi ces visiteurs ignoraient le département français en faveur de Maurice.

Comme dans le cas de Gaëtan Duval, la personnalité flamboyante de Navin Ramgoolam devait, elle aussi, contribuer à faire vendre un séjour mauricien aux décideurs étrangers dont les visites à Maurice étaient répercutées dans les médias internationaux. Son dernier coup, avant de perdre le pouvoir, ce fut de convaincre le secrétaire-général des Nations unies à visiter Maurice. Ban ki Moon fut reçu en 2016 par sir Anerood Jugnauth.

À ce jour, très très loin de Duval ou de Ramgoolam, le seul ministre qui émerge du lot et qui pourrait engager une conversation avec une personnalité étrangère s’appelle Steven Obeegadoo. Toutefois, davantage vantard qu’efficace, Obee cherche à impressionner son interlocuteur avec une démonstration de sa maîtrise de l’anglais ou du français. Mais cela ne suffirait pas à épater Ségolène Royal ou Cherie Blair, encore moins Christine Lagarde, comme le ferait l’autre.

On saura, dans les jours et semaines à venir, si la magie de Maurice envoûte encore les Européens et d’autres touristes potentiels, dont les Réunionnais. Ou si l’image du pays a été ternie ces dernières années – la Suisse de l’océan Indien étant devenue Zimbabwe-sur-Mer – et le tout endommagé par la façon dont on a géré l’épidémie de Covid-19 chez nous. Avec en prime, l’énorme scandale d’achat d’équipements médicaux, dont des respirateurs artificiels défectueux. Ce qui crée un doute sur la capacité du pays à offrir un traitement médical approprié à des visiteurs en l’absence d’équipements fiables.

Ce serait une véritable tragédie si Maurice ne retrouve pas ses marques et que la magie se soit estompée. Il y va du gagne-pain de quelque 100 000 Mauriciens et de l’avenir de leurs enfants. Souhaitons que les statistiques sur les arrivées touristiques soient de plus en plus prometteuses. Et 2 000 passagers hier le 1er octobre, le jour même de la réouverture des frontières, tout cela promet beaucoup. Cela a fait chaud au cœur hier, de voir comment les Mauriciens, officiels comme danseurs de séga, ont tout mis en œuvre à l’aéroport pour accueillir nos premiers visiteurs nouvelle vague. EL F