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Grave, inadmissible, condamnable

4 août 2021, 09:38

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Et dire qu’on croyait avoir tout vu en termes de surprises innommables dans l’affaire Kistnen ! De la conclusion hâtive du suicide de l’ancien agent politique aux images cruciales – disparues des caméras de surveillance (La Louise) –, en passant par les indices invisibles aux yeux de nos limiers, voilà donc que nous découvrons d’autres rebondissements dans cette affaire.

Au point où le bureau du DPP a demandé la réouverture de l’enquête. Et qu’apprenons-nous ? Que deux rapports, l’un sur l’examen du lieu et l’autre sur les traces d'ADN, n’ont pas été présentés lors de l’enquête judiciaire dont l’objectif était pourtant de faire la lumière sur les circonstances entourant la mort de Soopramanien Kistnen. Grave, inadmissible et condamnable ! Quand on sait que ces rapports-là – après les dépositions en cour de cette semaine – étaient prêts en janvier et en mai respectivement, et que ce n’est qu’au début de juillet pour l’un et le 21 juillet pour l’autre que la police s’est décidée à les récupérer, la seule interrogation possible est : pour quelles raisons des responsables de police n’ont pas jugé utile de les avoir ?

Quand on apprend que le rapport du FSL a également conclu à la présence d’une personne autre que Soopramanien Kistnen sur les lieux, n’est-ce pas légitime de se demander si quelqu’un, quelque part, avait intérêt à ce que ces éléments-là ne soient pas révélés ? Comment, après les nouveaux témoignages devant l’enquête judiciaire – dont la révélation troublante sur la possibilité que Kistnen soit mort avant que son corps ne soit transporté dans le champ de cannes –, ne pas se demander si depuis le départ, quelqu’un, quelque part, ne tente pas de diriger l’enquête dans une autre direction que celle du meurtre qui semble désormais manifeste depuis la mise sur pied de l’enquête judiciaire?

Doit-on, ici, revenir sur les dires du sergent Mosafeer – qui s’était rendu sur le lieu du drame après la découverte du corps de Kistnen – qui avait exprimé sa surprise en découvrant que ce décès-là allait être traité comme un suicide ? Doit-on rappeler que, dans le sillage de cette enquête, des allégations furent faites par deux amis de Kistnen (Parsuramen et Matadin), l’un accusant la police de l’avoir forcé à faire des aveux et l’autre ayant porté plainte pour brutalités ?

Que dire de cet autre sergent de police qui, lui, n’avait pas enregistré une plainte suite à des allégations de fraude et de corruption envers un ministre, toujours sur toile de fond d’une série d’accusations où Kistnen semblait être un maillon important au centre d’une distribution de contrats aux amis de certains ?

D’un côté, la police a déployé de manière ostentatoire quelque 300 hommes en uniforme, incluant des tireurs d’élite, dans les rues de Port-Louis, pour protéger un ministre se rendant en cour, alors qu’il est accusé d’être un pourvoyeur d’emploi fictif, de l’autre, cette même police est incapable de récupérer deux rapports dont l’évidence de l’importance n’est pas à souligner !

À quel niveau de hiérarchisation de la force policière a-t-on conclu que ces deux rapports finalement rendus publics – grâce à l’enquête judiciaire – devaient rester inconnus ? Quels sont ces chefs qui, à l’instar des politiques, veulent pratiquer le jeu de l’opacité dans une affaire aussi sérieuse qu’un meurtre ? La coïncidence veut que dans cette même semaine, nous avons assisté à la comparution de l’ancien commissaire de police Mario Nobin – débouté en cour –,  accusé de trafic d’influence pour l’octroi d’un passeport à un trafiquant de drogue.

Et c’est ainsi que la police fait partie des institutions dans lesquelles les citoyens n’ont plus confiance. À qui la faute ?