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Dire non à la normalisation des dérives !

29 juin 2021, 13:32

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Ce n’est pas parce qu’un scandale chasse l’autre qu’il faudrait accepter une normalisation des dysfonctionnements inadmissibles !

Au contraire, à un moment où les affaires répréhensibles ne se comptent plus, il y a urgence à garder notre capacité d’indignation, tout en continuant à réclamer des comptes, sinon à exiger des pénalités à un pouvoir exécutif qui se croit tout permis.

À écouter les réponses du ministre Callychurn, à l’Assemblée nationale, autour de la mauvaise qualité du carburant, acheté des fonds publics, la faute serait imputée à un officier de la STC qui aurait mal préparé les documents d’appel d’offres, celui-ci devenant coupable d’avoir «omis» certaines spécificités. Et ce serait donc pour cette raison que la société Vitol Bahrain a pu décrocher le contrat, en pourvoyant de l’essence de mauvaise qualité ! De deux choses l’une : soit le ministre nous prend pour des imbéciles quand il essaie de mettre maladroitement les torts sur le dos d’un employé – tout en essayant de faire oublier l’un des nombreux abus de son ex-collègue Sawmynaden qui était alors ministre du Commerce –, soit la STC est tellement mal gérée que son équipe n’est même pas capable de préparer des documents pour un appel d’offres !

Nous parlons là de contrats à coups de milliards de roupies où une «omission» d’un employé n’a jamais été relevée, au cours de l’exercice en cours par un de ses supérieurs. La suite ? La mauvaise qualité de l’essence – qui reste un fait – fut pointée du doigt après l’arrivée de la première commande en 2019, avec l’enregistrement de plaintes d’une quantité d’automobilistes et des concessionnaires de voitures, qui, après des tests effectués, avaient conclu que le fort taux de manganèse utilisé avait causé des dommages aux véhicules.

Si jusqu’ici, malgré les questions parlementaires – de Boolell à Duval –, le gouvernement, cette fois par la voix de Callychurn, refuse de se prononcer sur un éventuel dédommagement aux propriétaires des véhicules endommagés, les interrogations persistent tandis que les doutes sont légitimes.

Ainsi, nous aurons appris, lors de la séance parlementaire, qu’alors même qu’il y avait un contentieux entre la STC et la société Vitol Bahrain autour de la mauvaise qualité de l’essence, qu’un ministre de la République, en l’occurrence Sawmynaden, s’était rendu en France pour aller discuter avec ceux qui étaient accusés d’avoir fourni du mauvais carburant !

Pour combien de temps encore allons-nous assister à toutes ces manœuvres d’apparences louches, décidées dans les officines opaques du pouvoir où certains utilisent l’argent public à leur guise ? Pour combien de temps encore allons-nous assister à ces tactiques visant à contourner les règlements pouvant favoriser certains contrats ? Pour quelle raison, les premières protestations sur la mauvaise qualité du carburant en 2019 n’ont pas empêché une deuxième demande auprès du même fournisseur ? Doit-on souligner qu’encore une fois, le contrat fut alloué sous forme de procédure d’urgence ? Ces inconcevables laisser-aller ne peuvent continuer à durer comme si de rien n’était. Devant l’inertie de l’ICAC, institution pourtant nécessaire à notre démocratie mais qui est à la merci du pouvoir, face à l’indifférence de nos gouvernants malgré les effarants rapports de l’audit qui mettent en lumière l’incroyable gaspillage de l’argent public, sans que cela bouscule leur confort, il ne reste que la force citoyenne pour s’organiser et dire non à tous ces actes irresponsables. N’est-il pas temps de trouver un système de contrôle indépendamment de nos institutions en crise, pour refuser cette normalisation de dérives ? Pour combien de temps encore allons-nous assister à ces formes d’abus sans que les coupables ne soient punis ?

Parce que, pendant ce temps, ce sont les contribuables qui continuent à payer…