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Le bouclier du chef !

30 mai 2021, 12:06

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Qui convaincra-t-il ? Le Premier ministre aura beau tenter de faire croire que le Consultation Paper de l’ICTA n’était pas sa proposition et que ni lui, ni son gouvernement n’avaient approuvé le contenu du document, n’empêche, les doutes subsistent. Qu’il fut au courant ou pas, dans les deux cas, Pravind Jugnauth ne sort pas indemne de cet épisode. Car soit il savait très bien ce que contenait le fameux document dont le but était d’avoir une surveillance sur les internautes et cela lui confère du coup une réputation d’autocrate, soit il est sincère et ignorait les propositions qu’allait faire l’ICTA et ce serait alors un aveu de candeur de la part d’un chef qui ne sait pas ce qui se passe à l’intérieur d’une institution dont nous connaissons le degré d’indépendance !

En vérité, la réponse donnée à la PNQ de cette semaine ressemble à celle de la semaine précédente, quand le chef du gouvernement plaidait une ignorance autour des questions sur les armes nucléaires à Agalega. Ces supposés aveux de ne pas savoir du Premier ministre sont graves et inquiétants. Car de deux choses l’une. Soit le chef du gouvernement ne dit pas la vérité à la population, soit il ne maîtrise pas ses grands dossiers. Ces interrogations sont pertinentes, d’autant que nous sommes à un moment où l’incertitude règne tandis que la situation nous échappe sur le plan sanitaire. Et ce, sans même que le Premier ministre ne juge utile de s’adresser aux citoyens. Ainsi donc, alors qu’une troisième phase de déconfinement fut annoncée pour le 1er juin, sur toile de fond d’une réouverture des frontières pour le mois d’août, décision qui allait, semble-t-il, être possible avec parallèlement l’exercice d’une importante campagne de vaccination, voilà que le ministre de la Santé est venu annoncer une prolongation de la deuxième phase de déconfinement. Est-ce à dire que la campagne de vaccination ainsi que l’ouverture des frontières sont compromises ? Nul ne le sait, en l’absence de réponses claires de Jugatpal, envoyé au front, comme porte-parole du gouvernement, un peu comme une cible commode, pour mieux devenir le bouclier du Premier ministre !

N’était-ce pas le rôle du chef du gouvernement que d’annoncer une si importante nouvelle qu’est le prolongement d’un mois – ce qui n’est pas rien – de la deuxième phase de déconfinement ? Est-ce parce que le gouvernement est lui-même dépassé par les derniers chiffres – 65 cas en moins d’une semaine, dont un nouveau décès enregistré ce samedi – que, du coup, le Premier ministre n’a pas jugé utile de faire l’annonce d’un mois supplémentaire de la deuxième phase du déconfinement, tout en laissant son ministre de la Santé prendre toutes les critiques ? Ou est-ce parce que le Premier ministre est conscient des interrogations qui allaient suivre, que ce soit sur le plan de l’éducation ou la réouverture des frontières et auxquelles il n’a lui-même pas de réponse, qu’il n’a pas jugé utile de s’adresser à la population ? 

C’est Bérenger qui, lors de sa conférence de presse du samedi 29 mai, mettait en avant les incohérences du gouvernement, que ce soit sur la réouverture des frontières, la nuance faite par le ministre sur l’immunité collective ou encore la pertinence des vaccins. Si Pravind Jugnauth lui-même n’en sait pas plus que nous, que ce soit sur l’ICTA, Agalega ou la situation actuelle, n’est-on pas en droit de s’interroger sur sa gestion des affaires du pays ?