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La potion est amère, Docteur

3 avril 2021, 07:38

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Nous sommes en guerre. Une guerre que nous ne sommes pas en train de gagner. Le problème stratégique, c’est qu’il y a un déficit de confiance entre le gouvernement qui gère la crise et le public qui subit et la crise et ce gouvernement. Ce déficit de confiance génère des conflits internes. La confrontation mène alors à d’autres confrontations au lieu de focaliser sur celle engagée contre l’ennemi public numéro un, le coronavirus – qui nous a mis à genoux en l’espace d’une année. Sur le plan économique, nous avons atteint le rouge, l’inflation va faire souffrir davantage les consommateurs avec la roupie qui se déprécie, et les prix de l’essence et du fret qui sont en hausse... D’une main, on donne des sous aux employés et ‘self-employed’, de l’autre, on taxe pour combler les trous dans les finances publiques.

Les appels à la responsabilité des Mauriciens pour freiner la propagation inquiétante du Covid-19 passent de plus en plus mal, surtout quand ils proviennent du Premier ministre ou du trio Jagutpal-Gaud-Joomaye, ou encore de l’Attorney General. Le relâchement, encouragé par les membres du gouvernement qui croyaient avoir remporté la bataille l’an dernier, est toujours manifeste dans la rue. Sur les réseaux sociaux, la photo de la ministre du Bien-être de la famille Kalpana Koonjoo-Shah, masque baissé, faisant la causette au ministre de la Santé au Parlement, provoque des railleries. Ils violent la loi là où ils votent des lois.

Que s’est-il passé entre la première vague de mars 2020 et la présente seconde vague ?

Une série de scandales politico-financiers liés aux Covid-19 Emergency Procurements impliquant le PMO, les ministères du Commerce et de la Santé, la STC et quelques petits copains. Dont les dessous ont été étalés au tribunal de Moka dans le cadre de l’enquête judiciaire sur la mort de Soopramanien Kistnen. Même si, en raison de la crise sanitaire et économique, cette affaire, qui a révolté l’opinion, a été reléguée au second plan pour le moment, un peu comme le dossier Angus Road.

Pour beaucoup de Mauriciens, la potion du gouvernement apparaît amère en raison des pratiques mafieuses qui ont eu lieu durant la première vague, comme l’a si bien rappelé le dernier rapport de l’Audit. Mais ce qui dérange encore plus, c’est que les réseaux mafieux ont pu empêcher le directeur de l’Audit de questionner certaines dépenses pourtant faramineuses. Pourtant, comme l’a fait ressortir le leader de l’opposition, le bureau de l’Audit possède tous les pouvoirs pour mener à bien sa tâche, au nom de la transparence et de la bonne gouvernance.

Et quand des agents du gouvernement empêchent le directeur de l’Audit de faire son travail, avec la complicité de l’ICAC, les observateurs internationaux qui nous mettent sur des listes grise et noire prennent note. Cette semaine deux rapports internationaux relèvent quelques failles de la démocratie mauricienne, relatives à la transparence, la liberté d’expression et les élections : le rapport sur les droits humains du Département d’État américain et celui de V-Dem Institute de la Suède, qui a dégagé une approche intéressante durant ce «pandemic backsliding». “Autocratization typically follows a similar patter n. Ruling gover nments first attack the media and civil society,and polarize societies by disrespecting opponents and spreading false information, only to then undermine formal institutions”.

À la page 22 du Democracy Report des Suédois : “The recent developments in Mauritius come as a surprise to many observers. The island has been a democracy for over 40 years. The sharp decline in the indicator for quality of elections in 2019 is likely related to widespread allegations of electoral fraud in the November 2019 parliamentary elections. The electoral period also saw complaints of false information being disseminated by both government and opposition. With the Covid-19 pandemic, further anti- democratic measures were enacted, including the suspension of parliament in December 2020...”

Et le dernier spectacle, peu diplomatique, du «Loudspeaker» n’aide certainement pas notre pays.