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Le chiot et le sens de la coopération

29 mars 2021, 07:24

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Le chiot et le sens de la coopération

Dans une salle de clinique vétérinaire d’un village du Sud, un chiot, qui n’avait pas encore de nom, âgé de sept semaines seulement, meurt d’une forme de gastro-entérite aiguë. Il a été foudroyé en moins de deux jours. On a mis trop de temps pour lui trouver des soins appropriés.

Visiblement affligé, le jeune vétérinaire s’est alors activé pour tenter de sauver les frères et sœurs du chiot, tous contaminés par le parvovirus. En l’espace de quelques jours, ces chiots ont perdu leur joie de vivre, jouer, manger, boire. La cause de cette maladie, souvent mortelle pour les chiots, reste incertaine, mais les symptômes sont connus : un inconfort voire des douleurs dans la zone abdominale, de la fièvre, des diarrhées et des vomissements, une déshydratation qui se lit dans leurs yeux qui s’enfoncent, une perte de l’appétit pouvant mener à anorexie rapide, un état d’abattement, une tristesse infinie dans le regard. C’est vrai que c’est encore plus frappant que M. de La Fontaine leur a donné la parole depuis moult années.

Ces manifestations justifient une consultation en urgence par un vétérinaire. Mais pour cela, il faudrait qu’ils puissent fonctionner comme les médecins des humains, les infirmiers, les politiciens, les journalistes, les avocats, et les employés de supermarchés.

En temps normal, le chiot aurait été vacciné, après ses six semaines, mais le confinement est passé par là, et chamboule tout sur son passage, en bousculant les perspectives et les priorités.

Le vétérinaire habituel n’ayant pas eu son WAP avait promis de venir vacciner les chiots après le 31 mars. Mais le parvovirus, impitoyable, n’a pas attendu la fin de déconfinement.

Combien de chiens et d’autres animaux meurent ainsi en ces jours de confinement ? Faut-il perdre un chiot pour en parler ? Comment font ceux qui vivent dans les zones rouges ? Les frères et sœurs du chiot seraient sans doute déjà partis, eux aussi, si c’était le cas…

Le jeune vétérinaire qui a accepté de consulter les chiots a pris un risque calculé, basé sur son éthique et non pas sur la loi imposée. «Je n’ai pas eu de WAP mais face à la détresse de tous ceux qui m’appellent avec des chiens malades, je n’ai pas pu rester insensible. Il n’y a pas que le coronavirus qui circule. Il y a bien d’autres virus ou bactéries, bien plus mortelles. Je préfère prendre une contravention que de perdre une vie…» Comme lui, il y a de nombreux autres professionnels qui prennent le risque – en effet, c’est un risque sanitaire et pénal ! – de sauver des vies animales, alors que les règlements actuellement en vigueur focalisent surtout sur les humains qu’il faut protéger et les vaccins qu’il faut commander et administrer afin de développer notre immunité collective… d’humains.

Dans quelques jours, le GM va prendre des risques calculés pour faire repartir l’économie. Tâche ardue. Je n’aurais pas aimé être de ceux qui auront à faire ce choix impossible. Ce ne sera pas facile d’ouvrir en partie. Comment, en effet, choisit-on entre ce qu’on devrait ouvrir ou maintenir fermé, entre ce qui devrait fonctionner et ce qui ne devrait pas fonctionner, entre ce qui est essentiel et ce qui ne l’est pas. Un cabinet vétérinaire privé est-ce aussi important qu’une clinique privée ?

Chacun voit son essentiel, surtout quand l’on s’accroche à la vie. Face au variant du coronavirus qui frappe le monde depuis 2019, les gouvernements du monde entier s’activent pour préparer nos défenses immunitaires à être plus performantes afin de pouvoir neutraliser l’agent infectieux pour éviter que la maladie ne se propage. C’est la mémoire immunitaire de la société qu’on développe. Nous faisons partie du ‘herd’, qu’on le veuille ou non.

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Même si le PM est resté flou quant au déconfinement, on le sent désormais anxieux par rapport à l’économie. Serait-ce l’approche du Budget ? Son équipe doit pouvoir démontrer que la santé publique et l’économie sont les deux pièces de la même roupie qui se déprécie, à bien des égards.

Pour sortir de la mélasse et retrouver notre équilibre, il nous faut encourager nos politiciens à placer l’intérêt du pays avant les leurs et de réfléchir au-delà des échéances politiques, comme les municipales. Il faut qu’on soit vigilant : pas question, après le sévère rappel de l’Audit, d’octroyer des contrats sans appels d’offres.

Au Parlement, l’opposition et le gouvernement doivent œuvrer ensemble pour réduire à zéro le potentiel de gaspillage des fonds publics et de corruption. Afin de donner envie aux jeunes de rester au pays.

Notre police doit redevenir une véritable force et ne peut plus se permettre de se perdre sur la Montagne-Ory, à l’heure de Safe City, des GPS et des portables.

Les actes de corruption doivent devenir inexistants, et nos officiers se doivent d’être fiables, incorruptibles. L’ICAC ne doit plus get figir avan azir. Alors il ne viendrait même pas à l’idée d’un citoyen de corrompre un fonctionnaire, tant les procédures et démarches seront gérées rapidement et sur une base non-politicienne.

En bref, le pays doit mettre de côté – et pour quelque temps – ses divisions, aussi profondes soient-elles, pour retrouver ce qu’un chantre du mauricianisme qualifiait de «sens de la coopération». C’est d’actualité car il nous faut, collectivement, relancer, à l’échelle du pays entier, le mouvement visant, à long terme, l’intégration nationale et, à court terme, le développement de liens de solidarité non sectaires. L’occasion d’agir ensemble est venue et, cela dépasse les messages subliminaux du Premier ministre. L’enjeu dépasse les partis politiques, le gouvernement et les individus.

La coopération nationale sera, encore une fois, l’une des clés d’une possible opération de sauvetage, d’une potentielle solution face aux problèmes socioéconomiques, comme la baisse du pouvoir d’achat face à une inflation galopante et les pertes d’emploi actuelles et à venir. Raison pour laquelle nous ferons de notre mieux pour une approche, en la circonstance, qui jetterait les ponts de la réconciliation et du partage de l’effort consenti. Afin que les humains et leurs animaux vivent mieux, en recevant tous les soins possibles.