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Gestion de l’énergie : Appel au CEB à baisser la facture

26 mars 2021, 12:01

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Gestion de l’énergie : Appel au CEB à baisser la facture

Lettre ouverte au ministre de l’Énergie et des Utilités publiques.

Dans un communiqué en date du 17 mars 2021, le CEB tire la sonnette d’alarme sur la hausse de consommation durant le confinement. En lisant les détails, nous apprenons que cela ne s’applique qu’au secteur résidentiel. Il ne s’agit nullement d’une mise en garde contre un soi-disant «black-out» car les secteurs industriels et commerciaux, qui représentent presque deux tiers de la demande, sont au point mort. Le CEB anticipe une énorme colère des concernés lorsqu’ils découvriront leurs factures pour le mois de mars 2021 et les encouragent à consulter son «Guide sur l’économie d’énergie».

Nous lançons un pressant appel au CEB de limiter le montant de la facture pour chaque foyer pendant le confinement à la moyenne mensuelle calculée pendant les mois de janvier et février 2021. Cela s’applique, évidemment, au cas où la facture pendant le confinement serait plus élevée. Déjà avec les décisions prises quant à l’abandon des Special Purpose Vehicles et du projet controversé de gaz naturel liquéfié, la nouvelle direction du CEB a démontré une volonté de meilleure gouvernance énergétique. En évitant que les clients payent des sommes exorbitantes pendant le confinement pour les raisons suivantes, le CEB fera davantage preuve de responsabilité sociale en cette situation exceptionnelle.

Le confinement implique qu’obligatoirement les gens demeurent chez eux. Ils n’utilisent plus de l’énergie sur leurs lieux de travail, les endroits publics, les centres commerciaux et autres lieux où ils passent leur temps habituellement. Le foyer domestique est habité, jour et nuit, par tous les membres de la famille en même temps. Avec le télétravail, les réseaux sociaux, les chaînes satellitaires offertes et le besoin de rester connecter pour savoir ce qui se passe, la consommation électrique augmente. Même le téléphone n’est pas utilisable sans accès à l’électricité. Les journées sont aussi relativement longues, avec une forte chaleur et humidité poussant les gens qui sont confinés à se tourner vers la climatisation et à des ventilateurs. Les frigos sont essentiels pour le stockage et la conservation des aliments. Ils sont aussi ouverts et fermés plus souvent en ces temps de confinement amenant à des pertes d’énergie. Avec les hautes températures ambiantes, les réfrigérateurs roulent à plein régime. En cuisine, nombreux repas se préparent à la maison, jusqu’aux pains qui sont cuits dans les fours électriques ou grillés pendant des jours à défaut d’un accès quotidien aux points de vente. Faute de fourniture de gaz ménager, les plaques électriques refont surface.

Le CEB est un service essentiel. Grâce au dévouement de ses employés, le confinement devient vivable. La fourniture de courant est vitale en temps de confinement et la hausse de la demande domestique n’est pas liée à une situation de gaspillage, d’inefficacité ou d’abus. C’est pourquoi le tarif progressif du CEB ne doit pas s’appliquer. Là au monde où le service public d’électricité fonctionne proprement, le confinement est considéré comme un contexte qui demande une considération différente. Une croissance similaire a été notée en Grande-Bretagne, aux États-Unis et à Singapour allant même jusqu’à plus de 40 % dans le secteur résidentiel dans certains cas. Vont-ils pour autant demander aux consommateurs de payer le même tarif ? Ce serait comme rendre service en temps difficile et ensuite se faire payer davantage. Avec plus de 15 milliards de roupies de recettes annuellement, dont un tiers des foyers domestiques, le CEB peut se permettre d’être magnanime. Les profits de l’organisme s’élèvent à plusieurs milliards, sans compter les millions de roupies qui ont fait la une récemment avec le scandale St-Louis. Dans une telle circonstance, il serait injuste au CEB de faire un «wind-fall gain» sur le dos de ses plus humbles consommateurs.

Pas de vendeur sans acheteur

Que se passerait-il s’il n’y avait pas les 440 000 clients du secteur domestique du CEB ? Ils représentent 90 % des abonnés. Sans ces foyers, il n’y a aucune faisabilité technique et financière pour les secteurs industriel, commercial, agricole et surtout infrastructurel, y compris d’autres services comme les soins de santé, la télécommunication, la sécurité et l’ordre public, la fourniture d’eau et l’éclairage public.

Sans une grosse demande résidentielle, comme en temps de confinement, les centrales du CEB comme celles du privé, les réseaux de transmission et de distribution ou encore le maintien et l’administration d’un système électrique ne sont plus rentables. Et difficilement opérable en termes d’ingénierie. Par exemple, imaginons comment pourrait-on partout à Maurice garder au froid les vaccins anti-Covid-19 s’il n’y a pas de réseau électrique qui fonctionne à l’échelle nationale ? Indirectement, les 440 000 consommateurs rendent un service au CEB. Il n’y a pas de vendeur sans acheteur, pas de CEB sans eux, surtout lorsque les secteurs industriels et commerciaux sont absents et ne contribuent pas à une masse critique pour soutenir le système.

En temps normal, le service rendu par les 440 000 foyers n’est pas moindre. Chaque mois, sans défaut, ils payent en liquide presque Rs 500 millions au CEB. En ce faisant, ils subventionnent directement, avec le secteur commercial, tant d’autres secteurs comme les usines manufacturières, les opérateurs de BPO et d’autres services qui bénéficient d’un tarif concessionnaire. Ces derniers ne payent que Rs 3,32 le kWh alors qu’en moyenne un foyer est facturé à Rs 5,88 le kWh. L’argent des contribuables du secteur domestique, surtout les plus modestes consommateurs qui se nombrent par centaines de milliers, a permis aussi au CEB de financer de nombreux projets allant de l’extension des smart cities ou shopping malls au soutien à des planteurs de canne, sans oublier les investissements propres au CEB. Et possiblement aussi d’autres pratiques pas aussi propres. Il n’y a rien de plus équitable que de rendre justice aux abonnés domestiques dans ces cas de difficultés financières pour beaucoup parmi eux.

Hausse inévitable

Dans un passé pas très lointain, le CEB voulait se décharger de toute responsabilité en matière d’économie d’énergie, et même de la maîtrise de la demande. Cette responsabilité reviendrait uniquement à l’Energy Efficiency Management Office (EEMO). Avec le communiqué du CEB susmentionné, nous pouvons espérer qu’enfin il existe aujourd’hui une compréhension que le management de l’énergie ne peut se faire qu’avec l’engagement de tous les acteurs. Le guide auquel se réfère le CEB est utile si seulement le consommateur motivé fait l’effort de télécharger, lire et comprendre le document de 36 pages.

Nombreux consommateurs regrettent qu’ils n’aient pas eu la possibilité d’installer des panneaux photovoltaïques. Sur- tout lorsqu’ils témoignent de la hausse des factures pendant le confinement. Doiton également pénaliser le consommateur domestique s’il n’a pas été sensibilisé depuis longtemps à la gestion de l’énergie ? La dernière campagne remonte à 2014 avec des causeries, autres programmes et spots à la télé et à la radio, sans oublier des publications dans la presse. Depuis, il n’y a pas eu de réel vaccin de rappel, même lorsqu’en été nous avons frôlé des pics de demande records. Par manque de culture de gestion de l’énergie, les foyers mauriciens risquent de payer cher maintenant la hausse inévitable de consommation pendant le confinement. Toutefois, soyons reconnaissants au CEB car, Dieu merci, nous avons toujours de l’électricité à bien plaire. Ailleurs, en Afrique sub-saharienne, suite à la pandémie en 2020, le nombre de gens sans accès à l’électricité a augmenté de 13 millions.

Terminons en rappelant quelques gestes qui sont des barrières contre le gaspillage d’électricité chez soi, surtout pendant le confinement :

Toujours éteindre les lumières et autres appareils quand c’est possible, et utiliser la lumière et la ventilation naturelles. Une bonne circulation d’air frais, contrairement à la climatisation, aide contre la transmission du coronavirus.

 Le congélateur/réfrigérateur ne doit pas être proche d’une source de chaleur ou en plein soleil. Il faut régler le frigo à 5o C et le freezer à -6o C normalement, exceptionnellement jusqu’à -18o C car il se pourrait qu’une basse température conserve facilement les microbes. Surtout ne pas mettre une nourriture chaude directement au frigo. Ne jamais laisser la porte ouverte plus longtemps qu’il ne faut.

En ces temps où pour se protéger du Covid-19 la machine-à-laver est très utilisée, il faut faire des lavages à machine remplie, mais sans dépasser la limite. Possiblement, il faut faire tremper les vêtements insalubres avant de les laver, avec de l’eau chaude provenant d’un chauffe-eau solaire si possible. Avec un détergent convenable pour tuer aussi les microbes. Pour le repassage, éviter de repasser quelques pièces à la fois, mais une quantité plus grande avec un fer à vapeur si possible.

Finalement, un appareil en veille ou «stand-by» peut consommer jusqu’à 10 % de l’électricité normale qu’il utilise. Malheureusement, dans certains cas, comme les décodeurs qui font des mises à jour en pleine nuit, débrancher n’est pas toujours une bonne idée. Par contre, pour les nombreux appareils, comme les ordinateurs ou les portables, il faut éviter de surcharger et d’abuser l’usage des applications qui sont énergivores. Toutefois, il existe des logiciels aussi qui aident à gérer l’énergie dans les foyers, c’est-à-dire avec la «domotique» ou des systèmes intelligents, tout en réduisant le contact manuel et ses risques de transmission du coronavirus.