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Au sommet de nos ambitions

26 décembre 2020, 09:12

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Pourrait-on atteindre la neutralité carbone en 2050 ? Dans trente ans, se sera-t-on, enfin, débarrassé des leaders politiques comme Donald Trump, qui sont populistes et éphémères, afin de panser le monde dans sa globalité et surtout dans sa durabilité ? 

En tout cas, les progrès humains et politiques, dans cette direction, sont notables. Raison pour ne pas sombrer, malgré les circonstances difficiles marquant la fin de 2020. 

Dans le sillage du cinquième anniversaire de l’accord de Paris, les dirigeants des Vingt-Sept, outre le laborieux accouchement du Brexit, sont tombés d’accord pour que l’Europe réduise d’au moins 55 % ses émissions de gaz à effet de serre, (par rapport au niveau de 1990 et contre un objectif précédent de 40 %), de CO2, d’ici 2030, avant la neutralité programmée de 2050. Ce consensus, couplé au départ de l’unilatéralisme à la Trump et au retour du multilatéralisme de Biden, s’avère une ambitieuse feuille de route vers un nouvel objectif climatique, en phase avec les discours et législations politiquement corrects de notre époque. 

De Bruxelles, les Ving-Sept, qui ont eu bien du mal à convaincre la Pologne (très dépendante du charbon) et la Hongrie de verdir leur économie, ont réalisé que le temps politique est un temps, fait de mandats relativement courts, qui fuit et si on ne le dompte pas, ce sera du temps perdu à jamais avec des dégâts irréversibles pour la planète et les générations futures. Dix ans, 20 ans, 30 ans, c’est demain quand l’on est engagé dans une course comme celle contre le dérèglement climatique. 

Si, sur le vieux continent, l’on n’arrive pas à se mettre d’accord autour d’une table, comment influencer les autres continents, sans qui la lutte contre le changement climatique sera vaine, a reconnu Emmanuel Macron, de son lit d’isolement. A l’instar du combat collectif contre le coronavirus, la réponse politique à la problématique du climat et de ses effets néfastes sur nous tous ne peut qu’être collectif et coordonné. Puisqu’en fait il n’y a pas de Plan B ni pour le climat ni pour la planète. 

Au niveau des rapports de force sur l’échiquier mondial, l’Union européenne, face aux puissances économiques que sont les États-Unis et la Chine, entend consolider son rôle de chef de file pendant douze ans sur le dossier du climat. Les quatre ans de Trump ont grandement aidé le vieux continent dans ce rôle. Concrètement, après avoir patiemment accordé ses violons, en intégrant les discordantes partitions polonaises et hongroises, l’Europe passe à l’étape suivante qui est d’emprunter solidairement pour relancer l’économie du bloc, et ce — comme le soulignent les diplomates de Bruxelles — «sans sacrifier le nouveau mécanisme conditionnant l’octroi de ses fonds au respect de l’Etat de droit : justice indépendante, politique anticorruption…» 

*** 

En marge de la COP 26, qui a été reportée en 2021, l’ONU et le Royaume-Uni ne veulent pas être devancés par les Européens. Leur «sommet de l’ambition», pour célébrer les cinq ans de l’accord de Paris, a pour objectif d’inciter les pays à redoubler leurs efforts et à passer des paroles aux actes. Déjà, certains des plus gros émetteurs comme la Chine, voire le Japon, sont formellement engagés dans la transformation nécessaire en vue de la neutralité carbone. L’indice international de Climate Action Tracker démontre déjà que les nouvelles annonces et postures placent, enfin, le monde sur une trajectoire de réchauffement de 2,1°C. Bonne nouvelle : jamais nous n’avions été si près de l’objectif de l’Accord de Paris en fait ! 

“There are forces that will shape the post- Trump, post- covid world (…) Usually it is the end of a war or the onset of a revolution that punctuates the shift from one chapter to another. 2020 will be an exception. The defeat of Donald Trump marked the end of one of the most divisive and damaging presidencies in American history. A once-ina- century pandemic has created the opportunity for an economic and social reset as dramatic as that of the Progressive era. The big question for 2021 is whether politicians are bold enough to grasp it, observe Zanny Minton Beddoes, la rédactrice en chef de The Economist, dans son numéro spécial sur l’état du monde en 2021. The opportunity is there. The question is whether Mr Biden will grasp it. The risk is that, both at home and abroad, a Biden presidency proves to be long on soothing words and short on effective action; that, whether or not he is constrained by a Republican Senate, Mr Biden himself is too focused on repairing yesterday’s world rather than building tomorrow’s, and too keen to protect existing jobs and prop up ossified multilateral institutions to push for the kind of change that is needed. The biggest danger is not the leftist lurch that many Republicans fear—it is of inaction, timidity and stasis. For America and the world, that would be a terrible shame.” 

En attendant le message formaté, sur la MBC, de nos dirigeants qui aiment trop s’auto-congratuler, Maurice devrait se réveiller afin de préserver ses institutions des ingérences politiciennes. Le fait que nous ayons des scandales qui se chevauchent n’est pas mauvais, au contraire, ils montrent qu’il existe chez nous des contre-pouvoirs, qui ne vont pas se laisser acheter, encore moins intimider. Le changement climatique nous concerne directement, il devrait être au sommet de nos ambitions de petit pays insulaire exposé aux aléas naturels, un petit peu plus haut, sur notre échelle d’ambitions, que nos discussions sur les orientations économiques du pays – dans un monde qui sera appelé à s’adapter encore un peu plus en 2021. Si l’on veut maintenir la courbe du progrès humain malgré les challenges, on doit sortir de l’équation étroite du sempiternel tug of war entre les Jugnauth et les Ramgoolam. Car le changement climatique va, au final, balayer nos préoccupations bien trop insulaires.