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Le deus ex machina du MSM s’impose

5 décembre 2020, 07:54

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Le deus ex machina du MSM s’impose

Comme nous l’avions prévu depuis le 24 octobre 2020 déjà, sous le titre «Joute villageoise: après séquestration et négociations et avec la Jaguar et les allocations, le MSM l’emporte»,* le pouvoir a fini par contrôler la presque totalité des conseils de district. L’exception de Grand-Port ne pourrait entacher l’efficacité de la machine de guerre du MSM.

Dans le cas de Grand-Port, le manque de réussite pourrait être attribué à la médiocrité opérationnelle des deux ministres Mahen, l’un Mahen Kumar Seeruttun et l’autre Mahendranuth Sharma Hurreeram alias Bobby. Ces deux soi-disant locomotives dans le Sud qui, apparemment, n’ont pas quitté la gare, sont bien loin de réaliser la performance de Soodesh Callichurn et Anjiv Ramdhany dans le Nord et Sudheer Maudhoo et Vikram Hurdoyal dans l’Est. Sans compter la réussite du néophyte en politique Kailesh Jagutpal dans le district de Savane et l’extrême débrouillardise dans l’Ouest d’Alan Ganoo.

Un Ganoo qui en l’espace d’une nuit a transformé une majorité en minorité et une minorité en majorité. Alan Ganoo a connu un succès politique inégalable depuis 1982. Les superstitieux attribuent les exploits politiques de Ganoo à ses ‘fréquentations’ de swamis.

L’apport d’Alan Ganoo à la machine de guerre du MSM s’est avéré inestimable aux dernières élections générales de même que dans l’œuvre de contrôler les conseils de district. Comme atout électoral, Ivan Collendavelloo est bien loin d’égaler la force de frappe d’Alan Ganoo et le MSM a été bien inspiré de se débarrasser d’un poids lourd dont la maintenance dans les structures de l’État coûtait trop cher à LaKwizinn.

Si le deus ex machina providentiel du MSM a encore fonctionné dans l’adversité, les deux principaux partis de l’opposition ont pour leur part fait preuve d’une extrême naïveté dans leur façon de gérer les élections villageoises et surtout les élections présidentielles au niveau des conseils de district. Ces deux partis ont eux aussi dans le passé utilisé les ressources du gouvernement et l’appareil d’État pour asseoir leur contrôle sur les administrations rurales. Évidemment, les élections municipales et le contrôle des villes relèvent d’un aspect totalement différent dans la culture politique mauricienne. Les déclarations triomphalistes des dirigeants de l’opposition après la proclamation des résultats des villageoises furent sans doute aucun mal inspirées car on savait ce qui allait se produire au niveau des élections pour le contrôle des conseils de district. Si le MSM avait des meneurs plus productifs – dans les sales manœuvres, cela s’entend – que le tandem Seeruttun-Hurreeram, on aurait utilisé des ‘pétards-canons’ au Sun Trust dans la matinée du mercredi 2 décembre pour saluer le 7-0, pisso.

Néanmoins, le score de 6-1 a donné l’occasion à LaKwizinn de passer à l’offensive après une série de scandales engendrant de sérieuses répercussions dans le pays comme à l’étranger. Cette ‘grande victoire’ va maintenant contribuer à masquer des scandales en série et des réalités économiques peu réconfortantes. Comme Maurice occupant maintenant la quatrième place au rang des pays qui investissent en Inde, après Singapour évidemment. Mais aussi, après les ÉtatsUnis et les îles Caïmans. Abritant depuis des décennies un grand centre financier international, les îles Caïmans jouissent du statut de territoire britannique d’outre-mer. Comme les Chagos d’ailleurs, d’après ce qu’affirment les Britanniques. L’ironie du sort veut qu’un territoire britannique vienne supplanter un pilier économique de Maurice auprès de l’Inde – la Bharat Mata, la mère Inde selon certains politiciens – alors que notre Premier ministre et son père ont réussi l’exploit d’amener la grande majorité de la communauté internationale à soutenir notre souveraineté sur les Chagos.

L’intervention du deus ex machina sauve toujours le MSM des plus graves dangers. Longtemps décrié comme inapte, Pravind Jugnauth s’affirme de plus en plus sur la scène politique. La façon dont il a agi pour remporter les élections générales de 2019 vient prouver sa déterminante efficacité à produire des résultats. On le disait moins performant que son papa. Mais il vole de ses propres ailes maintenant. On vient d’apprendre d’un apparatchik MSM que le fils Pravind Kumar est lui aussi drapé d’une auréole quasi divine qui le place bien au-dessus des mortels. Selon le regretté Dhundev Bahadoor, sir Anerood était «ene tigit pli tipti ki bondie». Or trente ans après la fameuse déclaration de bhai Dhundev, voilà que Sudhir Soonarane, tout excité d’avoir été nommé président du conseil de district de Moka, a comparé Pravind Jugnauth à Jésus-Christ. Avouant avoir été mal compris, ce disciple en extase a été sincère dans l’adoration du leader. Soutenue par une armée de soldats de la génération post-Dhundev comme Soonarane, ce n’est pas demain que la forteresse de LaKwizinn sera ébréchée par des ennemis.

*https://www.lexpress.mu/idee/384140/ joute-villageoise-apres-sequestration-et-negociations-et-jaguar-et-allocations-msm