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Tantine Kamala

15 août 2020, 08:28

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Donald Trump sent le danger. Kamala Harris, la colistière démocrate de Joe Biden, provoque un engouement aux States. Je ne dirais pas engouement sans précédent puisqu’avant la sénatrice Kamala, il y a eu Geraldine Ferraro en 1984, Barack Obama en 2008, mais c’est bien l’une des premières fois qu’une femme non-blanche se voit ainsi propulsée sur le devant de la scène, longtemps après Rosa Parks. Cela apporte un joli contraste dans cette Amérique, à l’ère de Trump, et secouée par la mort de George Floyd. 

Et alors que Biden devance nettement Trump dans les sondages, Kamala Harris, 55 ans, fille d’un professeur d’économie jamaïcain et d’une oncologiste sud-indienne, semble être bien partie pour devenir vice-présidente des États- Unis. Et avec Biden, qui a 77 ans, Kamala serait en position de force dans le camp démocrate pour l’élection de 2024 ! 

Kamala n’est pas du genre à faire dans la dentelle. Cette femme pugnace, mais toujours souriante, avec un gestuel qui nous rappelle l’Inde ou Maurice, n’avait pas pris de gants contre Biden lors des primaires démocrates. Mais Biden, au lieu de lui en tenir rigueur, a apprécié son style. Selon le Center for American Women and Politics de l’université Rutgers, les féministes «black» ne manquent pas de rappeler que 53 % des femmes blanches ont voté pour Trump, alors que 94 % des Noires ont voté pour Clinton en 2016. Biden pouvait difficilement faire moins que de reconnaître leur loyauté. 

Heureusement pour elle que Kamala n’est pas née à Maurice. Elle aurait été victime, comme beaucoup d’entre nous, du système électoral et n’aurait pas pu briller comme elle brille aux États-Unis. Le 23 mars 2008, sous le titre «Si Obama était mauricien», j’écrivais : «Encore heureux que Barack Obama ne soit pas issu du terroir mauricien. Avec un patronyme inconnu, de surcroît issu d’une union mixte, il aurait eu bien du mal à obtenir un rôle auprès d’un des trois principaux propriétaires de parti politique. Qui sont comme mandatés à vie pour valider le profil ethnique de nos hommes publics : du simple conseiller de village au président de la République. Derrière les mots d’Obama, il y a une vision, derrière cette vision, un idéal pour l’égalité des chances à tous. Derrière ceux de nos principaux leaders politiques, il y a du vent. Et de piètres conseillers !» 

Aujourd’hui, quand je vois Pravind Jugnauth et ses conseillers qui tentent maladroitement de brimer notre liberté d’expression, je tends à conclure qu’en 12 ans Maurice a reculé, un peu comme les States ont reculé depuis que Trump a remplacé Obama. Ici : nous nous enfonçons encore plus avec le Wakashio. Nous coulons carrément. Nous avons besoin de sortir de la logique électorale qui favorise les dynasties et préparer le terrain pour des Tantine Kamala bien de chez nous.