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Chère Madame Kobita…

20 juillet 2020, 08:39

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J’espère que cette lettre vous trouvera, ainsi que votre famille, en bonne santé, et je me réjouis autant que vous que la chance et les coïncidences vous ont permis, d’être unis sous un même toit, sur votre mama-later à l’heure où le monde connaît une crise sanitaire sans précédent et que des milliers d’autres Mauriciens financièrement et émotionnellement accablés, en étant séparés de leurs familles, sont stranded dans le monde entier. «Sakenn so chance. Sakenn so zétwal», avais-je dit dans l’émission Menteur Menteur et je vous remercie de l’opportunité que vous m’offrez de vous le répéter personnellement dans cette lettre.

Votre étoile à vous, vous a permis d’avancer – je n’ai nullement l’intention de polémiquer avec la Première dame du pays de la langue Kreol sur votre formulation «répouss an avans» car là n’est pas la question – votre vol retour pendant que le Premier ministre gérait l’épineuse question des frontières. Dans Menteur Menteur, nous avons noté que les décisions de M. Pravind Jugnauth (le Premier ministre dans ce cas, et pas votre époux, ni le père de vos enfants) vous avaient permis, ainsi qu’à d’autres citoyens qui sont rentrés d’Europe, d’éviter une quarantaine. Menteur Menteur n’a jamais lié la décision qui concerne la fermeture totale des frontières à vos itinéraires de vol. Or, c’est Zouberr Joomaye, le conseiller du Premier ministre et vous-même (qui n’êtes pas, dans ce cas présent, son épouse et la mère de ses enfants) qui avez placé la question de la fermeture des frontières au centre de cette affaire. Ainsi dites-vous, «Eski Prémyé miniss inn ferm la frontier par rapor a mwa ? Se sa la kestion.» Ne vous méprenez pas sur le qualificatif que je vais employer ; je vous invite à le lire au premier degré et sans aucune autre connotation : vous (Zouberr Joomaye et vous-même) rendez l’affaire excitante ! Alors que nous nous cantonnions au questionnement du timing de la quarantaine obligatoire, vous placez la décision même de fermer les frontières au centre des débats.

Mon étoile à moi me conduirait donc en cour face à vous. This is a relishing perspective, pour plusieurs raisons.La question centrale que le juge devra trancher désormais c’est celle-ci: «Would a reasonable man – the man on the Clapham Omnibus - think that you did not know that frontiers would be closed on the 18th ?» Jusqu’à la semaine dernière je pensais que votre étoile aurait pu vous avoir joué des tours en vous cachant cette perspective, et que la question centrale était :«Would a reasonable man – the man on the Clapham Omnibus – think that you did not come to know before anybody else that the Prime minister would announce that quarantine would be compulsory for those who, with a European travel history, would land in Mauritius as from the 18th March 20H00 GMT ?» Mais Zouberr Joomaye a accidentellement trahi le chef du gouvernement, (qui dans ce cas n’est pas votre époux, ni le père de vos enfants) en disant publiquement que la décision de fermer les frontières avait été prise le 15 mars. Décision qui a été cachée au peuple et à la majorité des voyageurs.

Concernant la photo de votre famille, les internautes vous ont déjà largement répondu, mais d’un point de vue légal en attendant qu’on se retrouve en cour, il faudra que vous arguiez qu’elle n’est pas «part of the story» et qu’elle ne voyageait donc pas avec vous. Notons que la photo publiée par l’express a été prise en décembre 2014 à l’heure où vous et votre famille étiez en train de célébrer la victoire de l’alliance MSM-ML-PMSD aux élections générales et vous n’aviez semblé porter aucune objection à ce moment précis contre la prise de ce cliché et de sa publication en une de divers journaux le lendemain. Quand ça vous arrange, vous poussez vos enfants à l’avant-plan, et quand ça vous dérange, vous objectez en gesticulant. Je n’ai cependant pas la prétention ni l’arrogance de vous faire la leçon sur le terrain de la famille et des enfants.

Enfin, vous vous plaignez que je n’ai pas recherché votre version des faits. Or, il me semble que les faits sont incontestables et incontestés grâce aux documentary evidences démontrés lors de notre enquête. Vous reconnaissez vous-même avoir avancé votre date retour. Tout ce que nous avons fait, c’est de placer ce fait à côté des déclarations publiques et des décisions du Premier ministre. À partir de là, chacun est libre de ses interprétations des faits et je suis sûr que la cour saura trancher du point de vue du reasonable man. J’épargnerai aux lecteurs les détails de la communication entre le pouvoir et l’express, mais vous êtes mieux placée que quiconque pour le savoir. Si votre mémoire vous fait défaut, demandez à une des conseillères de votre époux, ex-journaliste, le rôle présumé que vous avez vous-même joué pour empêcher aux candidats de l’Alliance Morisien de nous parler durant la campagne 2019.

«Mo pa apél sa zournalis mwa», dites-vous. Le parallèle avec votre beau-père risque de ne pas vous plaire, mais il est quand même inévitable. Lui, il avait souligné que je n’étais pas médecin, puis pas avocat, vous voilà donc aujourd’hui en train de contester mon journalisme. Or, je sais qu’au fond de vous vous appréciez ce journalisme, celui-là même qui avait osé publiquement défier le duo Bérenger-Ramgoolam en 2014 et qui avait récolté vos éloges en privé à l’époque.

Un procès, avec vous face à nos questions dans le box des témoins, est enfin une relishing perspective, puisqu’en cour nous serons sous serment. Pas comme à la sortie d’une cérémonie religieuse, ou lors d’une conférence de presse au PMO. Sous serment, il n’y a que la vérité. Et certaines vérités qui n’ont pas été publiées jusqu’ici pourraient bien émerger. Si vous voulez un indice, demandez à l’attaché de presse du ministère de la Santé. Voilà plus de 10 jours que je lui ai envoyé un e-mail avec une question précise au sujet des passagers du vol EK701/18. Voilà 10 jours que j’attends la version du pouvoir sur la 2e partie de cette histoire.

Si d’ici là, vous souhaitez toujours nous donner votre interprétation des faits, nous vous invitons volontiers à l’express pour une interview «live» en face-à-face. On ne refuse rien à une Première dame, n’est-ce pas ?