Publicité

Entre nous, c’est nous-mêmes…

12 juillet 2020, 17:58

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Sommes-nous un peuple maudit ? Sommes-nous réduits à tout accepter sans broncher ? Plus les jours passent, plus on s’enfonce dans ce qui semble être la vie au pays de l’absurdité. Le pire est le sentiment de déjà-vu, déjà vécu. D’une (même) équipe à une autre, que voyons-nous ? En 2014, il avait fallu seulement trois mois pour qu’éclate l’affaire Dufry et pour qu’on découvre à quel point trois ministres tant épris de leur travail menaient eux-mêmes leur propre enquête à des heures indues, quitte à se substituer à la police et aux enquêteurs de l’ICAC ! 

Doit-on rappeler toute la liste des scandales qui ont ensuite émaillé le règne du précédent pouvoir ? De l’affaire Euro Loan de Lutchmeenaraidoo au Biscuitgate des Hanoomanjee, en passant par les secousses Sobrinho, voire les bal kouler de Dayal, entre autres ? À quoi n’a-t-on pas assisté, si ce n’est que l’objectif du MSM était visible ? Faire pire que les Travaillistes en matière de passe-droits, de copinage, de traitement de faveur ici et là, tout en encourageant certains caméléons à troquer leur couleur antérieure pour l’orange, avec en contrepartie des vents favorables à leurs affaires et intérêts personnels ? Ici, pour une nomination, là-bas, pour des contrats juteux. D’une élection à l’autre, du scrutin de 2014 à celui de 2019, y a-t-il un changement ? Non !

Est-ce que toutes ces casseroles connues ont joué contre l’alliance MSM-ML ? Non plus ! Aujourd’hui, six mois après les dernières législatives, que voit-on, si ce n’est qu’on a l’impression d’assister à la saison 2 de la même série ? Qu’a-t-on vu jusqu’ici, si ce n’est encore une fois qu’un scandale chasse l’autre ? À peine avons-nous saisi les tenants et aboutissants de l’affaire Saint-Louis que l’histoire des commandes de médicaments en plein lockdown avec, cette fois, l’implication de l’entourage de la direction de la STC, fait la Une de l’actualité. Cette affaire est grave car il s’agit de l’argent public dont nos dirigeants semblent faire peu de cas dès lors que les transactions peuvent profiter à certains proches qui se sont enrichis – à coups de centaines de millions – sur le dos douloureux de la population.

Doit-on souligner les autres polémiques du moment ? Terrain pieds dans l’eau pour le PPS Rawoo dont le projet est la création d’une dentisterie, les accusations de Bhagwan envers Zouberr Joomye autour de l’obtention d’un terrain à Coromandel pour la construction d’un hôpital privé de cancérologie. Même si l’ancien député, et actuel conseiller au bureau du Premier ministre, affirme dans les colonnes de l’express que tout a été fait dans les règles, il n’en demeure pas moins que sa proximité avec le pouvoir jette des doutes sur ses activités professionnelles.

Qui peut croire dans ce pays que les connexions politiques du pouvoir du jour ne garantissent pas de traitements de faveur ? Qui peut nous dire que tout est une affaire de mérite dans les contrats, dans l’obtention des terrains à bail, alors qu’ailleurs, on rase les cases en tôle des squatters ? Qui peut nous affirmer que toutes les nominations sont une affaire de compétence ? D’ailleurs, à ce propos, les connaissances en matière de musée et d’art d’un certain Dulthumun avaient échappé à tout le monde, sauf à la vigilance du Premier ministre qui, avec ses pairs au Cabinet, l’ont nommé président du Board du Mauritius Museums Council ! Rien que ça !

Comment, dès lors, ne pas saluer ces âmes qui ont choisi d’être dans les rues de Port-Louis samedi, faisant entendre leur voix pour protester contre toutes ces lois votées à l’insu du plein gré des citoyens ? Comment ne pas les encourager à dire non à toutes ces décisions prises en haut sans penser à ceux d’en bas ?

À moins d’avoir perdu tout bon sens, dignité et humanité, on ne peut tout accepter sans broncher…