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Central Electricity Bo(a)rdel

20 juin 2020, 08:36

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Depuis sa longue plaidoirie au Parlement, mardi, pour s’auto-défendre dans le St-Louis Gate, et pour y impliquer le régime travailliste, Ivan Collendavelloo se débat et multiplie les déclarations dans l’espace public. Ce fin juriste, que beaucoup prenaient pour un endormi, s’est réveillé. Il doit sûrement savoir qu’il n’a pas su/pu convaincre son Premier ministre et ses «camarades» du MSM - qui n’ont d’ailleurs pas hésité à virer tout le Board du CEB, dont le Chairman et colistier de Collendavelloo, Seety Naidoo, malgré les explications laborieuses du leader du ML, pourtant Senior Counsel...

L’avocat rusé, devenu le numéro 2 du gouvernement, malgré le poids plume de son parti (et ce, grâce au départ des rangs du gouvernement, fin 2016, des coqs du PMSD dans le sillage du Prosecution Commission Bill), a compris que, pour l’heure, il n’y a, dans le domaine public, que le communiqué de la BAD, et qu’il lui faut, donc, insister sur la partie de 2014 de cette sombre affaire de bribe et de corruption, dans une tentative désespérée de faire oublier que le gouvernement actuel est au pouvoir depuis fin 2014... Il marche alors sur la corde 2014-2015, accentuant l’incertitude.

Au fond, cela arrange personnellement Collendavelloo que la BAD refuse de livrer le rapport de l’enquête à l’ICAC, même s’il prétend le contraire. Sur le plan national, cela ternit, par ailleurs, l’image de Maurice et donne une idée de la réputation, du moins de la perception, de ‘cover-up machine’ qu’est la commission de Navin Beekarry.

Me Collendavelloo, qui avait plutôt mal défendu le tandem Gurib-Fakim–Sobrinho dans le temps, ne peut se permettre de traiter la firme BWSC, voire la Banque africaine de développement, de haut, comme il avait essayé de le faire à l’encontre de l’express lors de l’éclatement de l’affaire Platinum Card. Aujourd’hui, le politicien Collendavelloo, qui a tout à perdre, bien plus que Seety Naidoo, insiste sur la notion (journalistique) de Documentary Evidence et brandit, entre autres documents, des articles de journaux - de cette même presse sur laquelle il a tant craché - pour monter, de toutes pièces, sa défense face à une opinion qui n’arrive toujours pas à gober ses arguments.

C’est pour cela que certains ont cru bon de conseiller au leader du ML de faire, avant hier, une vidéo, dans laquelle on le voit, sur une chaise pivotante, en train de lire un paragraphe d’un autre rapport qui lui donnerait un certificat de probité, pendant que son colistier, Seety Naidoo, faisait éclater des pétards au numéro 19. La tactique est connue : faire du bruit afin de détourner l’attention, se flatter soi-même pour ne pas avoir l’air dégonflé... Ce ne sont pas des spéculations, mais des observations !

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Voyons les faits et les interprétations de ceux-ci. Collendavelloo aurait appris qu’il y a un communiqué de Burmeister & Wain Scandinavian Contractor, le 8 juin 2020, comme vous et moi - alors que nous ne sommes pas le ministre responsable du CEB.

Dans le communiqué de la BAD, qui parle de pots-de-vin versés à des «members of the Mauritian administration and others», la date de février 2019 est mentionnée. C’est à cette date que le Board, présidé par Seety Naidoo, est informé qu’il y a une enquête sur une grosse affaire de corruption à la centrale de St-Louis. Deux questions s’imposent alors : pourquoi la BAD ferait une enquête en 2019 sur un appel d’offres de 2014, qui avait du reste été annulé (donc pas octroyé) et remplacé par un exercice quasi similaire en 2015 ? Si Naidoo était au courant en février 2019, de même que la représentante du ministre Collendavelloo au Board, pourquoi n’a-t-il rien dit lors de la campagne électorale de 2019, alors qu’il fallait descendre coûte que coûte Ramgoolam ?!

Plusieurs questions perdurent : Collendavelloo a-t-il, oui ou non, signé le contrat de Rs 4,3 milliards ? Si le contrat de 2014 était ‘tailormade’, comment se fait-il qu’il y a eu pas moins de 80 cas de deviations ? Si les travaillistes sont responsables, pourquoi ne pas accéder à la requête pour une commission d’enquête ? Est-ce que le CEB peut se procurer d’un certificat d’urgence dans le dos du ministre de tutelle ? Et s’il n’y avait pas la BAD ou la BWSC, nous, les contribuables, quand aurions-nous su que Rs 700 millions ont été payées à des Mauriciens... Bref, pourquoi tout ce bordel au CEB ?