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SBM : bis repetita de la BAI ?

7 mai 2020, 09:00

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Le danger pour nous serait que l’on devienne blasés et défaitistes. Ce qui se passe à Air Mauritius et à la State Bank of Mauritius est le reflet de la politique politicienne qui régit notre pays depuis pratiquement son Indépendance. 

Chaque parti case sans tarder ses petits copains et copines au sein des entités publiques et parapubliques. Toi, tu vas là-bas. Et toi, dans cette ambassade. Tu ne connais rien au monde des Finances, ce n’est pas grave. C’est «enn nou dimounn ki nou bizin». Les économistes, comptables, conseillers juridiques, ce n’est pas une denrée rare ici, et on peut les payer «bon marché» pour t’épauler. Va juste remplir la place... 

C’est ainsi qu’on peuple Air Mauritius, la State Bank et tant d’autres compagnies où l’État est l'actionnaire majoritaire. Mais caser des incompétents et des agents ne s’arrête pas là. On les place aussi dans des organismes dits de régulation, afin de protéger les intérêts du premier groupe, qui, lui, protège ceux du parti au pouvoir ou de la dynastie en place.

Et puis, l’on s’étonne des contre-performances, des prêts toxiques, des détournements de fonds, des «hedgings» calamiteux et des bilans catastrophiques – alors même que le virus nous a mis à genoux et que notre offshore se voit, une nouvelle fois, sur une liste peu enviable, cette fois-ci celle de l’Union européenne...

Malgré ce que nous dit son communiqué qui se voulait rassurant – sans doute réalisé par une firme PR proche du pouvoir – la State Bank of Mauritius vient d’effectuer le plus gros «underwriting» de l’histoire bancaire de Maurice. Pas une seule banque, petite ou grande, n’a déjà connu une perte aussi colossale que celle révélée par le dernier bilan financier de la SBM. Près de huit milliards provisionnés par rapport aux emprunts toxiques (bad loans et non-performing loans).

Cela représente 5 % de ses fonds en dépôts et ne peut ne pas impacter les réserves. Pourquoi alors veut-on nous faire avaler le fait que c’est insignifiant, que c’est du «business as usual» ? Qu’il n’y a pas d’entorse à la Banking Act ? Pourquoi la Banque centrale n’agit-elle pas ? Comme organisme de régulation, n’est-ce pas là le rôle de l’institution que dirige Harvesh Seegolam ?

Pour rappel, au niveau non bancaire, le groupe BAI était à court de Rs 13 milliards – ce qui a nécessité l’intervention, certes très tardive, de la Financial Services Commission (FSC) – qui n’était PAS à l’époque dirigée par le tandem Seegolam-Padayachy...

Pourquoi donc une perte de Rs 8 milliards au sein d’une seule entité, la SBM Ltd,  du groupe SBM Holdings, ce qui est sans précédent dans l’histoire bancaire du pays et qui ne suscite pas en l'occurrence une réaction musclée de la BoM ?

Si la FSC, que connaît bien Seegolam, avait laissé, pour des raisons politiciennes, empirer la situation de la BAI avant de couper le respirateur artificiel, devrait-on s’attendre à une bis repetita de la BAI sur le secteur bancaire cette fois-ci ?

Cela redonnerait un peu de crédibilité à au moins une de nos institutions. Pourquoi réguler les banques si on ne saute pas sur cette occasion valant Rs 8 milliards pour montrer son indépendance ? Pourquoi M. Seegolam ?