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Confinement et violence envers les personnes handicapées

9 avril 2020, 09:19

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Chers citoyens,

Maurice compte plus de 65 000 personnes en situation de handicap selon le recensement de Statistics Mauritius, soit environ 5 % de la population totale. Elles sont d’autant plus vulnérables durant cette période de confinement qu’elles sont aveugles ou malvoyantes, sourdes ou malentendantes, ainsi qu’à mobilité réduite, par exemple. 

Le contexte actuel de confinement génère un climat anxiogène qui peut favoriser, voire accentuer les tensions intrafamiliales, notamment les violences conjugales ou celles exercées sur les enfants et les personnes en situation de handicap ou âgées. En plus d’être particulièrement exposées à ce type de violence, ces personnes peuvent pâtir de difficultés d’accès aux soins, d’un manque de nourriture ou de couches, de la solitude, de se retrouver sans soignant ou aidant (carer) au quotidien, etc.

Elles font face à moins de possibilités pour se déplacer, notamment pour alerter des voisins en cas de danger ; elles sont isolées, devant vivre en permanence avec le proche violent. Durant cette période, ces personnes ont besoin d’une attention particulière. Il est important, dans ce contexte, d’attirer l’attention sur le risque d’accentuation des tensions intrafamiliales et de se mobiliser pour lutter contre de telles violences. 

Alors que le risque de violence conjugale augmente avec le confinement, les femmes en situation de handicap sont plus exposées à ce risque de la part de leur partenaire. Leurs moyens de défense et de réaction sont limités. Difficile pour une femme aveugle d’anticiper un coup ou pour une femme en fauteuil roulant de s’enfuir rapidement. Les femmes en situation de handicap ont parfois une moins grande capacité de révolte car, c’est un fait, certaines dépendent d’un proche pour les tâches de la vie quotidienne. L’agresseur peut être ce proche, quelqu’un dont la personne est dépendante pour ses soins ou sa mobilité. 

Les femmes en situation de handicap ont de faibles moyens de défense
et de réactions face à leurs agresseurs, surtout pendant le confinement.

Outre les violences «classiques» – psychologiques, physiques ou sexuelles –, les femmes en situation de handicap peuvent se voir privées de leurs soins et empêchées de se mouvoir. Certaines se sentent tellement dévalorisées par la société qu’elles ne songent même plus à exiger le respect qui leur revient. Le risque que la crise actuelle ne fasse qu’augmenter l’effet de loupe sur ce qui existait déjà auparavant est réel. Le résultat d’une telle situation : l’exclusion, le dénigrement et la solitude pour toutes ces personnes. Nous ne pouvons pas rester indifférents. Il faut donc, plus que jamais, sensibiliser les gens sur l’existence de ces violences, être à l’écoute de ces personnes en situation de handicap, et leur tendre la main, si elles en ont besoin.

L’État et les ONG ont là un rôle à jouer pour trouver des solutions, mettre à disposition des plateformes d’écoute et d’aide d’urgence et proposer, le cas échéant, des solutions adaptées pour éviter des drames, voire des cas de féminicide - phénomène qui a pris de l’ampleur ces joursci. Il faut également sensibiliser la population et assurer une meilleure formation aux agents de police et toute personne susceptible d’être en contact avec des femmes en situation de handicap, victimes de violence intrafamiliale ou d’autres formes de violence. 

À l’heure actuelle, aucune statistique ne permet de déterminer l’ampleur et la nature des violences exercées sur les femmes en situation de handicap (physique et psychique), qui plus est, en période de confinement. La prise en considération de la surreprésentation des violences conjugales chez les femmes en situation de handicap n›est pas un travail facile. Mais associations, travailleurs sociaux, forces de l’ordre et magistrats doivent aller dans le sens d’une prise en charge spécifique de ces victimes afin de les protéger !

L’Union européenne (UE) est engagée à réduire les inégalités et à promouvoir l’intégration sociale, économique et politique de toutes les personnes – sans aucune discrimination. De ce fait, l’UE soutient la Global Rainbow Foundation (GRF) depuis 2018 pour offrir aux personnes handicapées une chance égale pour améliorer leurs compétences mais aussi encourager leur indépendance économique. 

Pendant cette période de confinement, la Global Rainbow Foundation est très active, en mobilisant son personnel et ses sponsors afin d’apporter un soutien psychologique ou une aide matérielle à ces personnes vulnérables. Elle a mis en place un système de télémédecine et ses médecins et thérapeutes à la disposition du public, pour des consultations gratuites par téléphone ou vidéo interposée.

Elle a lancé une campagne de recensement des personnes en situation de handicap et âgées dans le besoin (non inscrites sur les registres du ministère de la Sécurité sociale), à travers les réseaux sociaux et la presse, et leur fournit des colis alimentaires et des couches. Ensemble, il faut se mobiliser afin de continuer à soulager la détresse des personnes en situation de handicap à Maurice, et qu’elles surmontent ainsi cette épreuve qu’est le confinement.

 

Pour ce faire, aidez la GRF à les recenser, en écrivant à l’adresse suivante : covid19.grf@gmail.com par message via Facebook (https://www.facebook.com/globalrainbowfoundation), en téléphonant au 57044406, 58339922, 58355638.