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Le tourbillon

4 mars 2020, 08:37

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Cette semaine, nous avons croisé la route d’un touriste allemand qui est à l’hôtel à Maurice, après avoir prolongé son séjour d’une semaine pour éviter les risques du coronavirus à son retour en Europe ! Il envisage sérieusement de faire sa famille le rejoindre ! Face à ce petit rayon de soleil, cependant, le directeur d’un autre hôtel parlait, lui, de milliers de nuitées annulées et considérait l’effet domino que pourrait avoir sur les projets MICE*, par exemple, le plan du FMI et de la BM de tenir un sommet «virtuel» à Washington en avril, plutôt que de voyager.

Ce même phénomène de l’opportunité qui se dégage d’une difficulté se retrouve dans de nombreux cas. Prenez l’aviation. Si le nombre de passagers baisse, le prix du jet oil, coût direct principal, s’écrase aussi. Le prix des commodités, en général, prend la pente descendante dans le sillage du ralentissement économique de la Chine, d’où a émergé le Covid-19. C’est une bonne nouvelle immédiate pour notre balance des paiements ! En attendant que la baisse des prix n’excite la consommation locale un peu plus…

Si le ministre des Finances a raison de souligner qu’il y a une opportunité dans chaque difficulté et qu’il faut savoir l’identifier pour l’exploiter, il est indéniable que l’imbrication des économies mondiales est tellement sophistiquée et compréhensible qu’en fin de ligne, on ne pourra que constater le tourbillon vers le ralentissement, voire la récession. D’autant que le repli général dans le sillage du coronavirus prend corps sur la toile de fond toute particulière d’un combat commercial au couteau déjà engagé entre les deux plus grosses économies du monde ! Petite lueur d’espoir cependant : le nombre de nouveaux cas de coronavirus révélés par jour en Chine baisse rapidement, à en croire les chiffres officiels. Ils en étaient réduits à +126 (sur 609 nouveaux cas, dont principalement +477 en Corée du Sud) ce mardi. Ils étaient +467 il y a seulement une semaine !

Je n’ai pas la prétention de savoir trouver les opportunités pour notre pays en la circonstance. Elles ne paraissent pas être nombreuses, sinon ça se verrait de manière plus évidente, je pense. Ce qui inquiète, c’est l’état général de notre économie en amont de la crise du coronavirus : le parapublic a déjà reçu l’ordre de convertir ses liquidités en bons du Trésor (Rs 6 milliards en 2019/20 et Rs 18,5 milliards, en tout, jusqu’en 2021/22), il faut vendre des actifs du gouvernement (Rs 5 milliards jusqu’en juin 2020 et Rs 6 milliards en 2020/21), il faudra financer les pertes/coûts engendrés sur le bijou de Côte d’Or, le Métro qui s’aligne jusqu’à Curepipe (y compris toute subvention aux compagnies de bus affectées), la NHDC… Sans compter qu’il n’y a plus 18 milliards de roupies de «poire pour la soif d’urgence» à la Banque centrale depuis décembre 2019. Et que la croissance, sur laquelle il faut pourtant crucialement s’appuyer pour soutenir les nouvelles dépenses, dont l’augmentation non budgétisée jusqu’ici des pensions (Rs 12 milliards par an ?), était déjà en régression.

L’on peut comprendre qu’un économiste, en la circonstance, ne devrait pas causer trop souvent, mais cela va finir par prêter à conséquence pour le responsable des finances publiques !


*MICE: Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions