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Il y a toujours pire…

1 mars 2020, 11:11

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Le «I order you out» portant l’empreinte d’Hanoomanjee est resté dans les mémoires mais le «withdraw» de Phokeer est bien parti pour lui faire de la concurrence. D’un Speaker à l’autre, la réflexion depuis vendredi, après la pathétique séance et ces surréalistes confrontations à l’Assemblée nationale, débouchant sur une double expulsion rouge (Mohamed et Boolell), est la preuve qu’il y a toujours pire à venir. En vérité, les relations entre nos différents présidents de l’Assemblée nationale et des parlementaires de l’opposition n’ont jamais été totalement sereines. Ces hostilités existeront aussi longtemps que le Speaker sera choisi par le gouvernement du jour, créant ainsi la perception d’une nomination partisane issue de ses rangs, le/la nommé/e laissant croire à une certaine forme d’allégeance au parti de la majorité, prêtant parfois une oreille partiale, en sévissant uniquement envers les députés de l’opposition.

D’où l’impression d’une absence d’indépendance longtemps reprochée à Hanoomanjee qui s’en défendait. Mais il aura fallu de peu de séances parlementaires pour avoir une idée de la façon de faire du nouveau Speaker. On pourrait rire de ses prestations tant certaines gesticulations s’apparentent à une farce de la part d’un personnage définitivement proche du grotesque et qui n’a jamais semblé être à la bonne place. Doit-on s’étonner quand l’on sait que juste après le choix du gouvernement, Bérenger avait exprimé son désaccord, tout en revenant sur un épisode de 2004, racontant qu’il a eu le «pénible devoir» de «rappeler Sooroojdev Phokeer» qui était alors ambassadeur au Caire. «Seki konn diplomasi kone avan enn pei rapel enn ambasader, bizin kitsoz de bien grav.» Et le leader du MMM d’affirmer, alors, que celui-ci a dû rentrer au pays pour «bann kouyonad ki li ti fer».

Si le leader de l’opposition n’avait pas donné de détails sur la nature de la faute de Phokeer, il avait ajouté que ses dires pouvaient être vérifiés et se trouvaient dans les dossiers du ministère des Affaires étrangères. «Si ouver bann files, misie Speaker kit nou bien rapidman.» Voilà donc quelqu’un qui, dès le début, ne fait pas l’unanimité, qui a été rappelé par nul autre qu’un ancien Premier ministre et qui, pourtant, a trouvé grâce aux yeux du pouvoir pour occuper une fonction aussi importante que délicate qu’est le poste de speaker à l’Assemblée nationale.

Devrait-on s’étonner quand ce n’est qu’un autre exemple d’illustration de «l’État MSM» ? Phokeer, ancien élu du parti soleil, était responsable de la campagne électorale de SAJ en 2014, devenant ensuite ambassadeur à Washington – on se souvient de la polémique avec un jeune Mauricien, employé à l’ambassade, qui l’avait accusé de lui avoir demandé de couper ses dreadlocks – et revenant à Maurice quelques mois avant les législatives de 2019 pour s’engager dans la campagne électorale de l’Alliance Lepep où il s’est fait voir dans les circonscriptions no 8 et 10.

Eût-il eu l’ambition de devenir célèbre, Sooroojdev Phokeer ne se serait pas mieux pris, tant le partage de la séquence invitant le Sergeant-at-Arms à se tenir prêt après qu’il a procédé à l’expulsion du leader de l’opposition relève de l’anthologie. Aujourd’hui, au-delà de tout ce brouhaha dont on aurait pu faire l’économie, reste l’essentiel. Une PNQ attendue – autour de l’inclusion de Maurice sur la liste grise de la FATF concernant le blanchiment d’argent – n’a pu être posée, et le leader de l’opposition ne sera pas admis à l’Assemblée nationale la semaine prochaine. Mais Sooroojdev Phokeer aura malgré tout, à l’insu de son plein gré, réussi à réunir toute l’opposition. Pour la première fois depuis les législatives, le MMM, le PTr et le PMSD se sont retrouvés sur la même plateforme et une solidarité s’est dégagée autour de Boolell, le leader de l’opposition. Cela augure-t-il de nouvelles avenues sur l’échiquier politique ?