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BoM Tower : Game Over, let’s start again!

16 février 2020, 07:18

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La guerre de tranchées, qui paralysait la Banque centrale depuis des années, entame son épilogue. Le ministre des Finances, ancien First Deputy Governor, aujourd’hui en charge de la Balance Sheet du pays, semble avoir bien mijoté son coup : la décapitation de l’équipe dirigeante s’est faite dans le plus grand secret, à un moment où (pratiquement) personne ne s’y attendait. Mais c’était un exercice nécessaire. Il y a clairement un problème de structure organisationnelle et de personnes – d’ailleurs, ces colonnes ont plus d’une fois tiré la sonnette d’alarme sur l’incommunication qui règne à la BoM Tower et l’amateurisme de ses dirigeants, qui sont, pourtant, les interfaces du pays face aux experts rodés du FMI et de la Banque mondiale. 

Pour faire table rase du passé et repartir sur des bases solides, il faut d’abord amender la «Bank of Mauritius Act». Cette loi ne favorise pas une vraie synergie. La structure actuelle se révèle une recette éprouvée pour le chaos. En fait, il n’y a pas un gouverneur à la BoM, mais trois ! Le First Deputy Governor et le Second Deputy Governor ont bien trop de pouvoirs et ne répondent à personne, même pas au gouverneur, encore moins au board. Ce qui fait que même si, lors des conférences de presse, le trio affichait une belle humeur et une quasi parfaite sérénité, le staff savait que c’était une harmonie de façade seulement. La division et factions internes au sein de la BoM Tower profitaient à certains qui tiraient les ficelles aux Finances ou ailleurs.

Quand l’on ne s’entend pas, l’on peut difficilement gérer l’argent public, encore moins orienter la politique monétaire. Vous vous rendez compte, vers août 2018, le gouverneur et ses deux adjoints étaient assis sur des réserves (Forex Reserves) de plus de USD 6 milliards – soit environ Rs 200 milliards. C’est une somme phénoménale pour une petite économie comme la nôtre. Cette somme était sur une courbe ascendante avant que le trio ne prenne les rênes. Lentement mais sûrement sous le leadership de Googoolye, les comptes de la Banque centrale ont commencé à pointer vers le rouge. Tout cet argent n’avait généré un retour sur investissement de seulement environ… 0,5 % pour la période 2017- 2018 ! Dont une bonne partie aura été engloutie par des limousines, salaires et per diem surdimensionnés. 

Notre conclusion (déjà en août 2018) : voilà ce qui ce passe quand l’incompétence à la tête est couplée à l’interventionnisme politique. L’ancienne direction de la Banque centrale ne comprenait pas des virtuoses de la finance, encore moins possédaient-ils l’expérience nécessaire en termes de Foreign Reserves Management, ou pour comprendre les complexités du Forex Market, afin de faire fructifier nos actifs. 

Pour être à la tête de la Banque centrale, il faut être un homme libre (pouvant dire : Stop ! Ne touchez pas au «Special Reserve Fund»). Il faut aussi être apolitique, économiste, pas juste comptable. Même si vous êtes intelligent ou avez été lauréat, vous ne pouvez pas devenir juge dans une cour de justice si vous n’avez pas fait des études de droit civil et pénal. La même logique s’applique ici. Outre des notions d’économie, le prochain gouverneur doit aussi connaître les rouages des systèmes bancaires et les méandres de la finance internationale. Souhaitons donc que le gouvernement de Pravind Jugnauth ait compris qu’on ne peut plus placer des pions faibles dans une Banque centrale comme on le ferait, par exemple, à la MBC ou à l’IBA. D’autant que le temps presse et qu’il faudrait un remplaçant pour présider la prochaine rencontre du Monetary Policy Committee, prévue ce 26 février. 

Ce qui se passe à Maurice est suivi par le monde de la finance internationale. Si on veut être un pays à revenu élevé et ne plus être un Financial Centre qui ne fait que du back-office, il est temps de step up our game. Si Padayachy a eu le courage de montrer la sortie à ses anciens collègues Googoolye et Punchoo, souhaitons qu’on ne lui impose pas des apparatchiks incompétents qui seraient des candidats battus ou membres d’organisations dites socioculturelles. Si le talent n’existe pas à Maurice, pourquoi ne pas se tourner vers l’international pour trouver un brillant esprit indépendant ? Si on n’ose pas, on reculerait pour mieux couler l’économie et le pays, au lieu de garantir la confiance dans la roupie.