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Démarrage avec des ratés et «bad news» côté Ramgoolam

16 novembre 2019, 12:09

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Après avoir nettement battu le PTrPMSD et le MMM et après avoir épinglé la tête de Navin Ramgoolam sur son tableau de chasse, le MSM était bien parti pour son mandat de cinq ans, avec un Premier ministre rentré par la grande porte.

Mais bien vite, les Mauriciens ont réalisé que c’était un gouvernement soutenu que par une minorité – seulement 37 % des voix – qui avait pris le pouvoir, bien qu’ayant capturé une majorité de sièges grâce au système dit de First Past The Post (FPTP) et à la division des voix entre le PTr-PMSD et le MMM. On comprit alors pourquoi le MSM avait décidé de ne pas tenir un meeting de remerciements. Les méchants diront qu’une fois la victoire acquise, Lakwizinn n’était plus disposée à dépenser un sou de plus sur les partisans et surtout sur les roder-bout.

La composition du Cabinet et la nomination des Parliamentary Private Secretaries (PPS) allaient par la suite déceler des fissures dans le régime.

Mais à peine les tout nouveaux ministres ayant siégé que le MSM prenait en pleine figure la condamnation pour corruption de Prakash Maunthrooa. Un jour avant le verdict de la cour, Maunthrooa était l’une des vedettes à la State House lors de la prestation de serment des ministres. Cela rappelait un autre épisode au château de Réduit quand, en 1994, deux frères qui introduisirent le brown sugar à Maurice et qui constituèrent la star attraction lors d’une cérémonie. Ce Maunthrooa, depuis janvier 2015, siège sur les boards de la State Bank, d’Air Mauritius et d’autres compagnies étatiques. Son frère, un petit tailleur, avait des dépôts de plus de Rs 75 millions dans un scheme du British American Insurance de Dawood Rawat. Selon les méchants, c’est l’exportation de «lamores» version mauricienne vers les États-Unis et destinés surtout à Prada, Saks Fifth Avenue, Bloomingdale’s et Barney New York qui avaient rapporté au frère une telle fortune.

Comme si Maunthrooa n’était pas suffisant comme bad news, voilà qu’on apprend que Navin Ramgoolam est sorti blanchi de toutes les 23 accusations portées contre lui dans l’affaire des coffres-forts. Encore une fois, selon les méchants, les élections générales ont été tenues avant ce fameux jugement car un dernier acquittement de Navin Ramgoolam aurait pesé plus lourd dans la balance qu’une vidéo pornographique (comme annoncée par délectation par sir Anerood Jugnauth, un grand-père âgé de 89 ans) ou encore le contenu argenté d’une «katora».

Mais avant cela, dans l’opinion publique, on s’émeut de plus en plus d’indications qu’il y a eu des irrégularités lors du scrutin du 7 novembre. En sus d’un bulletin égaré dans la nature, on parle de plus en plus de clonage d’urnes, de la participation de commandos étrangers déguisés en soldats de la SMF chargés de la transportation des urnes, du rôle déterminant d’étrangers, dont des Bangladais, du vote des morts et de la radiation d’électeurs mauriciens. À ce chapitre, il serait intéressant de savoir comment la Commission électorale a procédé à l’enregistrement de potentiels électeurs étrangers dans des dortoirs d’usines.

Avant même que la controverse sur les irrégularités électorales ne prennent de l’ampleur, la composition du Cabinet et la nomination des (PPS) avaient créé des controverses. Comment se peut-il que l’artiste aux talents incontestables Sandra Mayotte n’a pas été nommée au ministère des Arts et de la Culture ? Dans les pays développés, à l’instar de la France, on nomme des artistes et des écrivains au poste de ministre de la Culture. L’histoire retiendra le nom d’André Malraux qui servit la France comme ministre de la Culture et qui connut un rayonnement mondial. Parmi les élus de l’alliance gouvernementale, la personne la mieux qualifiée pour occuper ce poste est Sandra Mayotte. Or, au moment des nominations, le MSM s’est laissé guider par le… castéisme scientifique et a nommé Avinash Teeluck. Ce qui est encore plus étrange, c’est que Sandra Mayotte n’a même pas été nommée PPS, ce qui lui aurait permis de faire un travail utile tout en disposant d’un bureau avec secrétaire et d’une voiture officielle avec chauffeur et garde du corps.

La composition du gouvernement semble aussi avoir été inspirée d’une vieille philosophie de sir Anerood Jugnauth. En effet, après avoir été annoncé comme n°3 du gouvernement, le Dr Anwar Husnoo s’est vu supplanter par Leela Devi Dookun-Luchoomun. Et Husnoo s’est vu priver de son ministère de la Santé pour décider du sort des marchands ambulants dans les villes. Compte tenu du calvaire vécu par ce bon médecin le jour du scrutin, si le Dr Husnoo nourrissait une queue de cheval à ruban orange à la manière de son collègue Toussaint, aucune compagnie n’aurait assuré son appendice jusqu’à la fin du mandat en 2024.

De cette composition du Conseil de ministres, on retiendra surtout l’humiliation subie par Nando Bodha et Soodesh Callichurn et encore Fazila Jeewa-Daureeawoo. Cette dernière a été rétrogradée du Front Bench comme mesure de punition contre une section de la population qui n’a pas voté MSM.

 Quant à Bodha, il a été privé du ministère des Infrastructures publiques qui brasse des centaines de milliards alors que Callichurn reste au bas de l’échelle de la hiérarchie ministérielle, supplanté par de nouveaux venus. Si des entrepreneurs ont parié sur Bodha, ils réclameront certainement un refund. Après une telle humiliation, s’il vivait dans un pays civilisé, Bodha aurait refusé une nomination ministérielle. Mais à Maurice, on vit zen. Une bonne concoction de bois de rose dans une «katori» fournie par Navin Ramgoolam pourrait facilement requinquer l’infortuné Bodha, monté sur ses plateformes.

Quant à Callichurn, il n’est sans doute pas considéré comme un authentique MSM mais comme un frustré du Parti travailliste. Sa famille a viré en 2014 quand Navin Ramgoolam accorda un lopin de terre au pandit Sankar, à Trou-aux-Biches, ce qui aurait contrarié le business de restaurant de la famille Callichurn, monté grâce au soutien direct de Navin Ramgoolam. Tout compte fait, il n’est pas difficile de comprendre que les ministères ont été alloués pour assurer surtout l’adhésion au MSM d’une certaine section de la population. Le seul ministère brassant un business de plusieurs milliards qui a échappé au contrôle des apôtres du castéisme scientifique est celui d’Ivan Collendaveloo. Ce qui laisse à penser que si jamais le petit allié avait été battu au n°19, personne dans Lakwizinn n’aurait laissé échapper des sanglots assez bruyants pour réveiller un chihuahua de sa torpeur.