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Comment gérer le phénomène Soodhun

28 septembre 2019, 08:05

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C’est un Showkutally Soodhun requinqué et revigoré que le clan Jugnauth devrait gérer, avec beaucoup de tact, cela s’entend, dans les jours à venir.

Déjà, l’acquittement même de Soodhun est devenu un problème certain en premier lieu pour sir Anerood Jugnauth, qui a eu tort de tirer plus vite que son ombre quand il a tenu des propos persifleurs mais aussi outrageants envers le Director of Public Prosecutions (DPP) en souhaitant que ce dernier fasse appel du jugement favorable dont a bénéficié l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam. Des internautes n’ont pas tardé à réagir, en invitant sir Anerood à proposer au DPP de faire appel du jugement Soodhun. Pourquoi dans le cas de Ramgoolam et pas dans le cas de Soodhun ? En fait, si pour des raisons éminemment cyniques on prêtait quelque mobile non professionnel et privé au DPP, il aurait tout manigancé pour que Ramgoolam rencontre des difficultés et cela pour favoriser la prise du leadership du Parti travailliste par le Dr Arvin Boolell. Lequel leadership l’aurait possiblement conduit au Prime Minister’s Office.

Mais ce n’est pas seulement le père Jugnauth qui se trouve dans une position embarrassante. Le fils aussi aurait bien des soucis à se faire par rapport à ce zanfan lakaz fraîchement libéré. En effet, lors d’une réunion politique organisée à Vacoas dans la soirée du mercredi 25 septembre, Soodhun s’est plus ou moins imposé comme candidat MSM dans la circonscription de La Caverne–Phoenix. Auparavant, Soodhun a laissé comprendre qu’il devrait se retrouver au Conseil des ministres. À moins que Pravind Jugnauth ne fasse une exception à l’intention de Soodhun, il ne permet à personne, en tant que leader du parti et Premier ministre, de remettre en question ses prérogatives, tant sur le choix des candidats et de leur positionnement dans les circonscriptions que sur la nomination des ministres. Soodhun a pourtant déclaré catégoriquement qu’il ne voit aucune raison à ce qu’il ne soit pas candidat au n°15.

Soodhun devient embarrassant tant sur sa détermination à s’octroyer une place au Conseil des ministres et un ticket au n°15 en particulier que sur les retombées de l’affaire (allusion à communauté, risque de prostitution) qui l’a conduit en cour. En effet, on note de vives réactions d’indignation depuis que le jugement a été rendu. Tout ce que le clan Jugnauth a investi en termes des Jeux des îles, de la visite papale et de la participation de Pravind Jugnauth à certaines activités dans le but d’amadouer une composante de la population est fortement compromis par le phénomène Soodhun.

Aussi, comment se passera sa réhabilitation dans les jours à venir pourrait encore compromettre les investissements «ethniques» du MSM. Par exemple, Soodhun retrouvera-t-il son titre de vice-Premier ministre ? Rétrogradant de ce fait Fazila Jeewah-Daureeawoo, qui est aussi la première femme à accéder à de telles fonctions ? Il n’est évidemment pas question qu’on donne un titre ronflant assorti d’un petit ministère à Soodhun. Dans ce cas, va-t-il reprendre les terres et le logement de Mahen Jhugroo qui serait alors réduit à sa plus petite expression dans un ministère sans grande importance comme le Local Government ?

La nouvelle entrée en scène de Soodhun compromet aussi la position de sitting on the fence de la zoli mamzel PMSD. Si Xavier-Luc Duval accepte de faire partie d’une alliance comprenant Soodhun, ce serait l’adoption par ce parti d’une version modifiée du fameux slogan jugnautien moralité pa ranpli vant. Pour le PMSD, ce serait : «Ki moralité? Pouvwar ki konté.»

Les Jugnauth vont sans doute trouver une formule pour caser Soodhun car il est un fidèle des fidèles. Pour prouver jusqu’à quel point il se plaît dans son rôle d’esclave des Jugnauth, il n’avait pas hésité une seule seconde à soutenir l’abrogation de la Muslim Personal Law en 1987. Sa fidélité en 2019, année de la dissolution du Parlement, vaut son pesant d’or ou plutôt son pesant de pétrodollars. Grâce à ses entrées et sorties en Arabie saoudite, Soodhun a même fait pleurer Pravind Jugnauth qui était désespéré en raison de l’approvisionnement en pétrole de Maurice. C’est un Soodhun pleurant à son tour qui a parlé au grand chef saoudien pour débloquer la situation.

Les Mauriciens au coeur sensible ne manqueront pas de pleurer en prenant la vraie mesure de l’importance dont jouit notre compatriote Soodhun auprès de la famille royale saoudienne, du prince Salman en particulier. La semaine dernière, le Premier ministre du Pakistan, Imran Khan, a voyagé dans le jet du prince Salman pour se rendre à New York où il a assisté aux travaux des Nations unies. Mais bien avant cette grande vedette internationale qu’est Imran Khan, notre Showkutally à nous a eu droit à l’honneur de se voir offrir ce jet princier pour rentrer à Maurice. C’était le 3 août 2016, Soodhun devançant le chef pakistanais de trois ans et un mois. Un élément semblable avec ses robinets de pétrodollars, les Jugnauth ne s’en débarrassent pas comme d’un Raj Dayal. Et encore qu’il reste toujours la carte du président de la République.