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Orange is the new purple

1 septembre 2019, 07:32

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Mauvais temps pour le MMM, le soleil brille au MSM. À bas la moralisation, finis les grands discours sur l’importance de faire la politique autrement et oublié le spectre d’une troisième force, aujourd’hui décrite comme illusoire par Obeegadoo. À l’approche des législatives, seule compte l’importance de faire partie de la bonne écurie, pour bien se positionner dans les starting-blocks en espérant une victoire qui permettra ensuite de galoper paisiblement dans les allées du pouvoir. 
 
Le coup de poignard reçu par Bérenger de la part des démissionnaires mauve foncé qui décident de claquer la porte en groupe est cruel car il a lieu à quelques mois seulement des législatives. Et ceux-là ne peuvent évoquer comme raison la frustration de ne pas figurer sur la liste électorale, plusieurs d’entre eux ayant déjà eu la garantie d’un ticket pour les législatives. 
 
À voir de près, que ce soit le coup de Jarnac de ces militants qui troquent sans pudeur le mauve pour l’orange, provoquant la colère et le dégoût du leader mauve, que ce soit la décision de la Plateforme militante de se rapprocher – après la démarche de Ramano – du MSM, quitte à ce que le regroupement soit scindé en deux, avec une probabilité que Jeeha et les siens s’allient au PTr, que ce soit les déclarations de Ganoo ou de Duval qui tentent par tous les moyens de se faire une beauté afin de trouver une place dans le lit du parti qui leur offrirait plus de tickets que d’autres, toutes ces simagrées ne font que nous renvoyer l’image politique de notre pays telle qu’elle est. Avec ses jeux d’alliance et de mésalliance quand ce n’est pas le «transfugisme» qui l’emporte !
 
Et c’est ainsi que les élèves militants dépassent maintenant le maître Bérenger, qui, du coup, retrouve une émotion exprimée rarement en politique : la tristesse. Au fond, est-ce une situation inattendue ? Au banc de quelle école ces militants-là ont-ils fait leurs armes ? N’ont-ils pas appris qu’on peut cracher sur l’adversaire la veille et l’embrasser le lendemain, quitte à étouffer froidement un partenaire avec qui l’on cheminait au profit d’un nouvel amour ? En choisissant de s’allier au MSM, la Plateforme militante d’Obeegadoo, au-delà de prouver que ce mouvement n’est qu’une copie des autres blocs traditionnels, entre valeurs douteuses et idéologie mouvante, ne fait que nous proposer un remake du show on-off MMM-PTr de 2014 : faire alliance avec un parti au pouvoir, en ravalant toutes les critiques émises et en oubliant les scandales qui ont secoué ce gouvernement-là. Sauf qu’aujourd’hui, la Plateforme militante a choisi le MSM. Un MSM, qu’on aime ou pas, qui laisse deviner  une stratégie calculée. 
 
Le timing, la démission collective orchestrée pour frapper l’opinion publique, la blessure infligée à un MMM qui se retrouve fragilisé, laissent comprendre que le parti soleil est en quête de quelques reflets mauves, sans pour autant faire alliance avec le leader historique du MMM. Mais cette démarche qui, semble-t-il, est l’aboutissement d’un travail de fourmi, fait partie du plan de travail de Pravind Jugnauth et de sa garde intime. Après avoir laborieusement tenté de construire une image positive du Premier ministre – qui comme on le sait ne boit pas, ne fume pas, n’a aucun vice, mais travaille et prie –, la mission est de se concentrer cette fois sur l’équipe qui entourera Pravind Jugnauth lors des prochaines législatives. 
 
Sachant dans quelles conditions l’alliance impréparée MSM-PMSD a remporté les législatives en 2014, au regard de la médiocrité et de l’incompétence de plusieurs élus devenus ensuite députés et ministres, le leader du MSM veut aujourd’hui s’assurer de candidats crédibles, ayant une certaine assise, pouvant lui garantir un maximum de chances pour qu’il devienne enfin un Premier ministre élu, et se débarrassant à jamais de l’étiquette «l’imposte» dont l’affublent ses adversaires. Il faut reconnaître que tactiquement, le chef du MSM remporte une première manche, car prenant les autres leaders par surprise. Mais provoquer une hémorragie au MMM serait-il suffisant pour que le MSM puisse briller aux législatives ?