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Œuvrons pour le retour du 12e homme dans nos stades

28 août 2019, 10:47

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L’auteur souhaite que les amateurs de football à Maurice n’aient pas à attendre encore 24 ans pour faire un retour massif vers nos stades, comme lors des 10e Jeux des Îles de l’océan Indien, en juillet.

Après dix jours de compétitions intenses sur les différentes aires de jeux, dans les gymnases, dans les stades du pays entre les représentants des sept pays participants aux dixièmes Jeux des îles de l’océan Indien (JIOI), les larmes de joie, de déception, d’émotion éprouvée ; le bruit assourdissant des vuvuzelas ; la clameur dans les différentes enceintes sportives et la flamme olympique des Jeux qui a soulevé l’enthousiasme aux quatre coins de notre République ne sont plus que des souvenirs dans nos coeurs.

Autre souvenir impérissable : la marée de patriotes qui avait envahi l’enceinte du plus vieil hippodrome de l’hémisphère sud pour saluer, ovationner leurs héros qui ont récolté 221 médailles, dont 92 en or. Jamais Maurice n’avait vécu un tel élan de patriotisme.

Bravo à tous nos représentants, à leurs adversaires, aux entraîneurs, organisateurs, autorités et surtout aux spectateurs, surnommés le douzième homme dans le jargon footballistique qui ont, par leur présence, leur support vocal et leur soutien de tous les jours, contribué énormément à ce succès retentissant. Leur apport a été déterminant d’autant que personne avant les Jeux ne prévoyait une telle moisson de médailles. Cependant, il serait regrettable que nos amateurs de football, sport-roi, qui ont effectué un retour massif dans les gradins, aient à attendre encore 24 années, période prévue pour les prochains JIOI chez nous, pour revivre un tel engouement.

L’introduction d’une législation dans l’administration sportive à Maurice fin des années 90 à la suite des incidents qui avaient émaillé la finale de la ligue de première division eut pour effet de disqualifier les équipes populaires et traditionnelles de l’époque pour faire de la place à des clubs à base régionale. Cette mesure, lancée de bonne foi et destinée à assainir le climat social tendu prévalant, eut pour effet d’éloigner les milliers de fans qui, chaque semaine, remplissaient nos stades. Pour la majorité d’entre eux, comme c’est le cas à travers le monde, c’était l’occasion lors d’un match de se défouler tout en assistant à du spectacle et pousser les 22 acteurs sur le terrain à se surpasser et à se sublimer, tant sur le plan individuel que collectif. Il en était de même tant pour les rencontres au niveau des compétitions jouées chez nous qu’au niveau régional et international et les fans de foot des différentes équipes s’unissaient pour soutenir l’équipe nationale.

Des équipes créées sur une base régionale, avec un cahier des charges rigoureux, avec courage, mirent en place des structures pour combler le vide et pallier à l’absence des équipes qui avaient été forcées de fermer leurs portes en accueillant les joueurs orphelins de leurs clubs ainsi que des jeunes provenant de leurs quartiers respectifs. Malgré leur bonne volonté et une organisation méthodique et les efforts, initiatives des nouveaux dirigeants, il faut le reconnaître, le nombre de spectateurs aux stades pour les matchs de foot a régressé de façon dramatique, privant nos joueurs de ce soutien indispensable pour leur motivation, alors que des rencontres amicales avec des vedettes de foot de l’ère préréorganisation du foot, qu’on a surnommé les Golden Stars, attirent 20 ans après énormément de spectateurs dans les villes et villages du pays.

«Le club Sunrise n’avait dans son nom ou dans la composition de son effectif, rien à connotation communale.»

Alors que les équipes des pays voisins auxquelles on se mesurait régulièrement ont accompli des pas de géant tant sur le plan régional qu’international, Maurice, malgré la bonne volonté de ses représentants, a fait le parcours inverse, se retrouvant dans les dernières places du classement mondial, se faisant éliminer systématiquement au stade des qualifications sur des scores fleuves.

Les amateurs de ballon rond et d’autres compétitions sportives, privés de leur passe-temps favori, sont réduits à apporter leur soutien à des équipes étrangères et à jouir du spectacle sur leurs écrans à travers les chaînes satellitaires.

Contrairement au temps de gloire de notre sport-roi, quand nos jeunes s’identifiaient à des vedettes qui avaient pour nom Mukesh, Saleem, Lingum, Lam- Kam-Cheong ou Désiré, ils n’ont depuis le changement plus de role model au niveau local, poussant certains à chercher du plaisir dans des paradis artificiels.

Certes, avec l’ancien système et la composition de certaines équipes, les risques de dérapages étaient présents, mais n’empêche que des mesures courageuses avaient été introduites pour éviter le pire. Les équipes existantes s’étaient volontairement soumises aux directives des fédérations d’alors afin de modifier les noms de leurs clubs respectifs et avaient fait des efforts pour inclure dans leurs effectifs des représentants des différentes couleurs de l’arc-en-ciel mauricien.

Le club Sunrise, qui fut doté d’une structure moderne, n’avait, dans son nom ou dans la composition de son effectif, rien à connotation communale. Il en était de même pour les nombreux supporteurs, dont beaucoup de jeunes qui étaient plus attirés par le beau jeu pratiqué par leurs joueurs préférés qu’autre chose. Leur brillante performance tant au niveau national que régional était devenue une référence au niveau du foot.

Le cas du football en Grande-Bretagne, berceau du ballon rond international, devrait nous inspirer. Ses structures furent à un certain moment mises à rude épreuve autour et dans les stades et occasionnèrent des bagarres récurrentes entre fans de nombreuses équipes connus comme les hooligans. Les clashes furent parfois violents. Les hooligans saccageaient, faisaient même des victimes tant au stade que sur leur passage.

Les autorités du pays prirent une série de mesures strictes et imposèrent aux clubs faisant partie de leur fédération de nouvelles mesures, des lois sévères et un contrôle rigoureux de leurs fans, notamment par l’entremise des images générées par la C.C.T.V. Il en est de même pour la France, où les derbys entre équipes rivales provoquèrent des échauffourées avec des victimes et des dégâts matériels. Avec ces mesures, la situation dans les stades et les régions avoisinantes s’est assainie, à tel point que les barrières métalliques autour des terrains de jeux dans les stades ont été enlevées et la sécurité assurée par des stewards formés par les clubs.

Le nombre de spectateurs à Maurice est en chute libre, même dans les autres disciplines sportives qui ont connu le même sort suite à l’introduction d’une nouvelle formule pour les intercollèges qui attiraient, motivaient nombre de jeunes à l’époque et produisaient une pépinière d’athlètes de haut niveau. Les vertus de la pratique du sport étant connues, pourquoi se priver des ressources financières que génèrent la vente des billets d’entrée aux stades et les revenus découlant des droits de retransmission des rencontres à la télévision. Une manne qui aurait contribué à payer les salaires de nos sportifs tout en produisant un divertissement sain à des milliers de nos compatriotes qui sont friands du beau jeu et des exploits sur les terrains de jeux.

Alors que notre pays s’apprête à vivre une échéance électorale nationale, les partis ou blocs politiques qui aspirent à diriger le pays ont intérêt à présenter un projet avec un plan bien défini pour redonner au sport mauricien ses lettres de noblesse avec pour objectif un retour significatif des amateurs et supporters dans les stades et qui serait donc soumis à l’approbation des électeurs, de la vox populi, donc vox Dei, lors des prochaines élections générales.