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Thinking the Unthinkable : SAJ as Prez, Soodhun, ‘Vice’

27 juillet 2019, 07:22

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Les malheurs de l’actuel président intérimaire Barlen Vyapoory ne dérangent nullement le MSM. En effet, à travers son soutien à un homme recherché par la police pour émission de chèque sans provision et sa campagne de promotion en faveur d’une compagnie basée en Afrique du Sud, Vyapoory pourrait même se voir dans l’obligation de démissionner de ses fonctions, à l’instar d’Ameenah Gurib-Fakim. Cette démission pourrait bien favoriser la mise en place d’une brillante et efficace stratégie du MSM de tout contrôler dans le pays en plaçant sir Anerood au poste de président et Showkutally Soodhun comme vice-président.

On reconnaît volontiers sir Anerood Jugnauth comme un homme impulsif, quelqu’un qui ne mesure pas la portée de ses envolées verbales genre «moralité pa ranpli vant», «Satan», «insanités» par rapport à des enseignements islamiques ou encore «mo p… ar zot». Mais pour terminer sa carrière – oui, «mentor» n’est qu’un parking politique provisoire –, pourquoi pas la consécration suprême – comme président de la République ? Il établira de ce fait un record mondial: Premier ministre, ré-Premier ministre, président, ré-ré-Premier ministre et enfin re-président ?

Il ne s’agirait pas seulement d’un événement à être consigné au Guinness, Book of Records. Imaginons une situation où Navin Ramgoolam remporte les prochaines élections générales et se retrouve face à un président hostile ? Pas seulement un président qui lui mette les bâtons dans les roues mais aussi un vice-président en la personne de Showkutally Soodhun. Comme on le dirait en créole, pa enn dibwa pwint, dé dibwa pwint? Qui pourrait empêcher Soodhun de faire des déclarations fracassantes à l’étranger pour s’en prendre au gouvernement de son pays ?

Question de pudeur, le MSM ne jouerait pas cette carte? Le MSM convaincu de sa «mission» toute spéciale et croyant être soutenu par une majorité des électeurs n’a jamais manifesté la moindre pudeur en prenant des décisions des plus scandaleuses et souvent nettement népotiques à l’instar d’une candidate battue placée comme speaker, de sa fille qui se voit confier l’un des jobs les plus stratégiques dans l’appareil d’État et qui au départ ne connaissait même pas la nature de ses nouvelles responsabilités sauf qu’on lui avait demandé de rentrer de Londres pour être nommée, de l’autre fille qui achetait des biscuits pour quelques roupies et qui les revendait pour des centaines de roupies dans une boutique gérée par l’État à Plaisance.

Qu’un gouvernement ayant un Premier ministre Jugnauth nomme le père Jugnauth comme président ne met nullement dans l’embarras les décideurs. La nomination de Soodhun comme vice-président le récompense pour sa loyauté inébranlable envers la famille régnante tout en permettant au MSM de jouer sur le clavier communal. Qui plus est, Soodhun aiderait à ouvrir plus d’une caverne d’Ali Baba. Enfin, dans le contexte d’une stratégie de nuire au gouvernement futur de Navin Ramgoolam, Soodhun amputerait le bras entier si on lui demandait de ne rapporter qu’un doigt.

La vengeance est un plat qui se mange froid et sir Anerood en avait fait une démonstration après les élections de 2005 remportées par Navin Ramgoolam. L’équipe victorieuse avait pris la décision combien stupide d’humilier le président Jugnauth nommé par le gouvernement MMMMSM en 2003 en lui demandant de participer à la cérémonie de prestation de serment des nouveaux ministres non pas au Réduit mais à la place d’Armes. De bonne grâce, sir Anerood joua le jeu. Mais par la suite, il défia le nouveau Premier ministre en un certain nombre d’occasions dont la constitution d’une nouvelle Public Service Commission (PSC) et d’une Disciplined Forces Service Commission (DFSC). 20 jours après sa prise de fonctions, Navin Ramgoolam décida de nommer un nouveau board à la PSC et à la DFSC. Le président Jugnauth, qui disposait du pouvoir de nommer les membres de la PSC et de la DFSC, garda seulement le président (Régis Yat Sin) proposé par Navin Ramgoolam. Mais les autres membres furent des fidèles du MSM et aussi quelques éléments pro-MMM. Théoriquement, le président contrôlait des institutions aussi importantes que la PSC et la DFSC et cela au nez et la barbe du Premier ministre.

Le président Jugnauth prit aussi l’initiative en 2011, alors que le MSM était hors du gouvernement, de nommer le président de l’Independent Broadcasting Authority (IBA) sans consulter le Premier ministre. C’est un poste névralgique car il y va du contrôle des radios privées. Cela constituait un investissement déterminant pour le MSM dans le contexte des élections générales à venir.

Mais la tâche la plus importante et stratégique à laquelle se livra sir Anerood à partir de 2011 fut la mise en place d’une stratégie pour arracher le pouvoir des mains du Premier ministre Ramgoolam. C’est ainsi qu’il tenta d’ameuter les organisations socioculturelles contre Ramgoolam et sur un plan purement tactique, tissa des liens avec le MMM en vue de monter une nouvelle alliance MSM-MMM. Il y parvint presque – oh! gâteau d’anniversaire! – avant d’être court-circuité par Navin Ramgoolam. Mais finalement cela aida la famille Jugnauth car aux élections de 2014, elle parvint à battre à la fois Navin Ramgoolam, et Paul Bérenger et mettre le grappin sur le pouvoir seul avec quelques miettes jetées au chihuahua Ivan Collendavelloo.

Une nouvelle présidence pour sir Anerood à l’âge de 89 ans ? Qu’y a-t-il de mal avec l’âge de SAJ ? Robert Mugabe était bien président du Zimbabwe jusqu’à l’âge de 93 ans. Sir Anerood se déplace définitivement plus vite que Mugabe. Seuls des esprits malades vont concevoir un scénario où comme Mugabe, SAJ va épouser sa secrétaire à cet âge. Au Réduit, sir Anerood pourrait bien organiser son temps – sous la supervision intelligente et efficace de Lady Jugnauth – afin qu’il puisse fonctionner de façon constructive. Une heure ou deux de travail au Réduit à signer des documents et monter quelques coups stratégiques, voilà tout ce qu’on lui demande. Et il a fourni maintes preuves de ses capacités physiques jusqu’ici.

La nomination de sir Anerood pourrait clore une série de grands coups réalisés par le MSM dans le courant de l’année 2019: Budget 2019- 20, Jeux des îles, visite du pape, inauguration du Metro Express par le grand-frère Narendra Modi. Pour maximiser l’impact international, on pourrait même faire coïncider la consécration suprême du tandem sir Anerood-Soodhun avec la visite de Modi à Maurice.