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L’homme et ses vérités plurielles

16 juin 2019, 07:40

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«Dominant men have never looked so dull and dreary as they do today. During most of history, dominant men have been colorful and flamboyant, such as American Indian chiefs with their feathered headdresses and Hindu maharajas decked out in silks and diamonds. Throughout the animal kingdom males tend to be more colorful and accessorized than females – think of peacocks’ tails and lions’ manes.»
Yuval Noah Harari – «Sapiens»

 

Ramesh Basant Roi dans «l’express» de demain va remettre les pendules à l’heure.

Ils mélangent tout et son contraire pour tenter de justifier l’injustifiable. Les porte-parole du gouvernement évoquent réserves et réserves internationales sans pouvoir en faire le distinguo. Au-delà de la rhétorique mensongère de ceux qui sont payés pour défendre l’empire Jugnauth et sa gestion calamiteuse de notre économie, il y a un fait indiscutable : les réserves en dollars (Forex Reserves) ont augmenté parce que la Banque centrale a tout fait pour accumuler des fonds dans le but précis de faire déprécier la roupie. Sans grand succès. Quand une Banque centrale achète des devises, c’est surtout pour faire déprécier une monnaie. Cependant, comme personne ne gère désormais les devises à la Banque centrale, après la récente démission de deux techniciens qui en ont eu marre de compromettre leur carrière avec des politiciens-affairistes, celles-ci ont été vite repérées par le gouvernement dans une tentative éhontée d’améliorer, de manière virtuelle, ou factice, son tableau économique qui affiche le rouge, malgré les lunettes roses que les propagandistes veulent nous faire porter.

Pourtant les techniciens qui comprennent les rouages de la Banque centrale savent pertinemment bien que les politiciens au pouvoir sont en train de mentir à la population. «When a government says that international reserves will go higher, what they don’t understand is that it is for the central bank to decide and second the idea is to depreciate the rupee by absorbing all the forex in the market. That’s the definition of international reserves accumulation...», se lamente un cadre de la Banque centrale, qui relève, d’autre part, que l’institution est incapable de citer les noms des pays qui ont fait ce jeu d’écriture pour masquer la réalité des chiffres alarmants de la dette publique.

Comment en est-on arrivé là ? Tout simplement parce que la Banque de Maurice a perdu son indépendance de par l’interventionnisme de ce gouvernement dont la doctrine s’apparente à l’absolutisme. Dans une (intellectuellement) riche interview — à paraître demain dans l’express, l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Ramesh Basant Roi, qui a eu le courage de s’élever contre les tentatives d’un Alvaro Sobrinho alors tout puissant, prend le manteau du pedagogue et soulève des questions capitales : «Two key examples of why the BoM cannot be said to be independent of political influence: one is the composition of the members of the MPC. The Ministry of Finance has a representative as full member of the MPC. This goes against the spirit of central bank independence. The least said the better. The other is weekly auctioning of Treasury Bills held at the BoM. In the auction committee there is at least one representative of the Ministry of Finance. The presence of the Ministry of Finance in this committee means that the borrower decides how much it will borrow and what rate it will pay for the borrowing. Have you ever heard about a highly indebted borrower who also decides what should be the lending rate? Do you call that market determination of interest rates? Do you call that central bank independence...»

Et lui-meme, comment a-t-il fait pour garder son independance ? Ramesh Basant Roi affirme qu’il n’a jamais eu à se plaindre de l’interventionnisme d’un Paul Bérenger, d’un Navin Ramgoolam ou d’un sir Anerood Jugnauth. Et qu’en est-il de ce gouvernement piloté par Pravind Jugnauth ? Sans vouloir personnaliser la manière de faire du présent régime, il cite alors l’exemple du dernier communiqué de la Banque centrale, qui tente de justifier l’utilisation des reserves : «Everybody is entitled to his own opinion, but nobody is entitle to his own facts (...) When a document is designed to make untruths sounth truthful and murder respectable, you strive to avoid optical illusion. I am familiar enough with the language and style of the Bank that the communique has a strange smell...»

Concretement, selon Basant Roi, quoi qu’en dise le gouvernement, il n’y a pas de surplus dans le Special Reserve Fund ou n’importe quel quel autre fonds de la BOM :

«An overwhelming proportion of the fund in the Special Reserve Fund is valuation changes of the foreign exchange reserves accumulated over the years. At the end of May 2019, the Fund stood at Rs16.0 billion. With changes in the exchange rate of the rupee, valuation of the foreign exchange reserves of the BoM changes accordingly. It’s a very volatile item. It moves up and down every day like popcorn in a popcorn maker. It’s sort of a theoretical or notional profit that is not realizable. It’s not real money. Materially, it does not exist. If it does not exist, the question of distribution does not arise. There is no such thing as surplus about it. Whoever drafted the sentence in the budget speech does not seem to have grasped the gist of what he was stating.»

À lire donc cette interview qui pourrait servir de guide à Yandraduth Googoolye et ses deux adjoints, Renganaden Padayachy et Vikram Punchoo — si tant qu’ils peuvent éviter de courber l’échine....

***

À l’heure où l’Angola a décriminalisé l’homosexualité et interdit toute discrimination basée sur l’orientation sexuelle, et à l’heure où la gay pride mauricienne progresse sans les attaques homophobes de la bande à Javed Meetoo, il est important de se pencher, à nouveau, sur les écrits de l’Israélien Yuval Noah Harari, historien visionnaire, auteur de trois best-sellers sur l’état de l’humanité (de l’âge de pierre jusqu’à la présente révolution technologique). Harari, qui vit avec son mari, Itzik, dans un moshav (sorte de coopérative agricole), en dehors de Jérusalem, explique que le fait d’etre homosexuel lui permet de remettre en question les idées reçues : «Il ne faut rien tenir pour acquis, même si tout le monde y croit.»

Pour lui, si l’on prend la peine de regarder les choses sur des milliers d’années, l’humanité a certes connu une avancée, mais les gens ne semblent pas tellement plus heureux qu’à l’âge de pierre.

Yuval Noah Harari (à dr.) et son époux Itzik.


Terminons donc sur ses mots adaptés à l’actualité LGBT :

«Being a man is not about not being gay.
In fact, naturally being a man just means you have an X and Y chromosome; beyond that not much is unnatural. It is our culture that defines manliness. And right now, we tend to define it as heterosexual, somber, quiet, reserved, hardworking, and smart, but not too smart. 
Yet, the men who believe in these principles conjured from myths passed down through cultures and from father to son fail to realize that many great men in human history, especially in ancient Greece, (ironically, a culture we romanticize to exude manliness) were homosexual, and most great men in human history were far more flamboyant than most males today.
Let’s instead work to redefine what manliness is and create a more fluid and open appreciation for what it is to be a man.
Can you be caring and strong?/Can you be outgoing when needed and still reserved and mysterious in the right moments?/
Can you be protecting and still accepting?/Can you wear more than two colors?/Can you be relentless and intelligent?/Can you move above racism, sexism, and the persecution of different religious belief systems and sexual inclinations?
The list above has nothing to do with biology or nature. It has to do with moving human beings forward, and it is time for men to grow up...»