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Économie : notre incapacité à DISRUPT

4 juin 2019, 09:27

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Économie : notre incapacité à DISRUPT

Les timorés de la majorité gouvernementale d’alors ont accueilli le Budget 2006 avec des sueurs froides. Pourtant, c’était une vraie rupture.

Par la suite, petit à petit, la vraisemblance et le bien-fondé de ses objectifs se sont avérés. Et le «courage des pleutres» a volé au secours des premières victoires de la nouvelle vision fiscale.Maurice s’étant livrée comme courtier et tête de pont entre les nouveaux tigres de l’Asie et les marchés africains. La réaction positive de l’Inde, positive pour nous, en attendant qu’on en finisse avec le temps des guirlandes, avait fait tiquer les ambassades et  provoqué un certain relâchement de la sévérité européenne dans un monde où chacun avait plus ou moins le dos au mur.

Mais aujourd’hui, la donne a changé. Mais nous, nous avons stagné, voire reculé. Le Singapour a non seulement dépassé Maurice et est devenu le nº 1 en termes de Foreign Direct Investment vers l’Inde, mais s’est mué, cette année, en une économie mondiale la plus compétitive, devançant les États-Unis de Trump, Hong Kong, la Suisse et les Émirats arabes unis. «Singapore has taken the top spot after a focus on technological infrastructure and surplus of skilled labor, favorable immigration laws and efficient ways to set up new businesses»,souligne le dernier rapport de l’Institute of Management Developement World Competitiveness Rankings 2019 de la Suisse, qui synthétise 235 indicateurs en focalisant sur les statistiques comme le chômage, le PIB, les dépenses gouvernementales sur les secteurs de la Santé et de l’éducation, tout en incluant les «soft data» sur des aspects comme la cohésion sociale, l’égalité des chances, la fraude, la corruption et lenépotisme. Arturo Bris, IMDProfessor, estime que «in a year of high uncertainty in global markets due to rapid changes in the international political landscape as well as trade relations, the quality of institutions seem to be the unifying element for increasing prosperity».

On le souligne souvent : la cupidité électorale et le farniente bien de chez nous ne sont pas de bonnes fréquentations pour une réforme sincère. Le ministre des Finances – qui a le luxe d’être aussi Premier ministre et fils de l’empire du soleil couchant et membre plénipotentiaire de l’empire naissant, Lakwizinn – qui, au lieu de cibler, prône l’augmentation des pensions selon une recette (pour faire faillite) universelle. La réforme électorale et la Freedom of Information Act qui ne viendront pas et qui nous empêchent d’évoluer. Ce sont les mêmes symptômes que l’ouvrier chargé d’un travail qui ne tient pas parole ; le journalier qui ne respecte ni les heures, ni l’esprit de son contrat ; l’emprunteur insolvable qui pousse des cris de putois. Les exemples abondent s’il nous faut illustrer la faillite des mentalités, l’habitude de l’indiscipline, la pourriture sociale que les institutions sont censées décourager et dont elles sont elles-mêmes de pernicieux exemples (je ne comprends pas pourquoi l’ICAC n’enquête pas sur tous ces rapports annuels de l’Audit pour donner la chasse à tous ceux qui, par négligence, ont laissé dilapider l’argent public). 

Cette attitude que «Tout va très bien, Madame la marquise» alors que c’est clair que «Something is rotten in the state of Mauritius !»

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Alors que le changement climatique et les technologies modernes encouragent les pays à oser une Disruption à plusieurs niveaux, nous refusons de considérer une diversification économique comme un impératif urgent. Jadis la mentalité sucrière défendit longtemps les intérêts acquis des gros sucriers, mais n’oublions pas que ce fut, des deux côtés de la population concernée, un besoin sine qua none de garantir quotas et prix d’un produit qui par lui-même n’était plus compétitif. 

L’autre et deuxième aspect du cancer qui étiole notre économie demeure cet impératif électoral (aujourd’hui plus fort que jamais) ; la protection des dits petits planteurs dont la définition fiscale élastique démontre, s’il le fallait, que l’intérêt n’était pas industriel mais sectoriel.La réduction drastique du prix garanti et l’incertitude quant aux quotas sonnèrent le glas que n’entendirent pas les sourds. Et au lieu de comprendre que la conversion des terres à d’autres productions s’imposait, tous les efforts actuels sont des tentatives de sauver le moribond. On multiplie les subsides et l’encadrement. On irrigue gratuitement. Pour faire quoi ? Pour sauver un malade condamné.

Depuis des années que l’express le crie et l’écrit : Maurice comme producteur sucrier n’a aucune chance, n’ayant ni la technologie de pointe, ni les grandes étendues plates qui permettent les économies d’échelle, encore moins les moyens financiers pour acquérir une technologie coûteuse au-delà de nos moyens. Demandez à Collendavelloo : l’utilisation de la bagasse est en elle-même une notion utile mais restreinte, on sait déjà qu’il n’y en aura jamais assez. Adieu électricité, adieu éthanol. Triste évidence : la cécité des décideurs privés et publics adapte l’agriculture mauricienne à recevoir… l’extrême onction. Le manque d’idées, d’audace et de motivation pour sauver le textile et le tourisme se renforce par une gabegie purement électorale qui vise à ressusciter des morts à coups de milliards qui pourraient être mieux employés ailleurs. Mais quoi espérer ou comment s’en sortir quand c’est Koonjoo qui a été mis en charge de notre économie bleue, et que c’est Rutnah, l’aboyeur, qui parle de sexualité aux jeunes…