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Le bluff de la partielle

27 mars 2019, 07:35

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Le Premier ministre avait trois choix. 1) Déclarer qu’il n’y aura PAS de partielle ; 2) Annoncer la tenue d’une partielle ; 3) Dire qu’il ne savait pas encore quoi faire, car ayant été devancé par Vishnu Lutchmeenaraidoo. On lui a conseillé l’option 2 afin qu’il conserve les cartes du calendrier électoral en main tout en semant la zizanie au sein de l’opposition, prise de court après la démission-surprise du ministre des Affaires étrangères.

Ainsi donc le Premier ministre a martelé, lundi face à la presse, qu’il y aura une élection de remplacement au numéro 7, alors que les élections générales sont derrière la porte. La conviction avec laquelle Pravind Jugnauth a confirmé les dires de Bobby Hurreeram, celui qu’on croyait être fou, pourrait presque nous faire croire qu’il y aura bel et bien une partielle…Mais si on analyse la situation de plus près, on s’apercevrait qu’en fait Pravind Jugnauth ne pouvait pas faire autrement.

Soyons un peu réalistes : pensez-vous que le Premier ministre allait confirmer ce que tout le monde pense tout bas, c’est-à-dire, révéler en mars de cette année électorale qu’il n’y aura pas de partielle (option 1) et qu’on ira directement aux générales cette année ?

S’il avait abondé dans ce sens (de nonpartielle) il aurait, indirectement, révélé que le Parlement serait dissous avant le mois de novembre de cette année. En effet, selon les dispositions de la loi électorale – qui stipulent clairement qu’à partir de la date de démission (ici celle de Lutchmeenaraidoo, qui est intervenue le 21 mars), le gouvernement dispose de 90 jours au maximum pour l’émission du Writ of Election (ce qui nous aurait menés au délai de 18 juin) ; et la partielle aurait ainsi dû se tenir en novembre au plus tard, soit 150 jours après. La seule façon d’éviter la partielle, si on veut rester dans le cadre lé- gal, c’est de dissoudre le Parlement avant...

En revanche, en annonçant la partielle (option 2), Pravind Jugnauth accomplit deux choses. Primo, il garde toutes ses options ouvertes. Mais deuzio, plus important, c’est qu’il laisse ses adversaires et/ou futurs partenaires dans le flou total, contraints de zigzaguer entre une stratégie régionale (Piton-Rivière-du-Rempart) et une stratégie nationale (21 circonscriptions, si on inclut Rodrigues que le PMSD courtise). Cerise sur le gâteau : Pravind Jugnauth taquine Navin Ramgoolam pour qu’il soit tenté par le numéro 7 (alors qu’il hésiterait toujours entre le numéro 5 et le numéro 10).

Si le Parlement est dissous avant octobre/novembre, Pravind Jugnauth dira tout simplement qu’il voulait faire cette partielle mais que la loi, face à la nouvelle donne, ne le lui permet plus. La partielle, en fin de compte, se tiendrait uniquement si Ramgoolam tombe dans le piège. Une éventuelle défaite lors d’une hypothétique partielle placerait le leader des travaillistes en situation difficile pour reconquérir le pouvoir. Mais le lion, en fin stratège, a sûrement dû flairer l’appât ou le bluff du Premier ministre...