Publicité

Incertitudes

12 janvier 2019, 07:26

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Le gouvernement traverse clairement une période d’incertitudes. Cela se traduit par une série d’initiatives, entreprises en désordre, afin de dorer la pilule. D’où cette annonce populiste, comme cadeau de fin d’année, sur l’enseignement supérieur public gratuit, ou encore ces acrobaties pour augmenter la pension de vieillesse (afin que celle-ci soit alignée sur le salaire minimum), quitte à abolir le transport gratuit pour le 3e âge – qui ne touchait pas la majorité des vieux.

À travers le pays, surtout après la démonstration pédagogique, cette semaine, sur le taux de croissance économique de Ramesh Basant Roi, qui a expliqué pourquoi le Metro Express, contrairement à ce qu’avance George Chung, ne va aucunement propulser le taux de croissance au-delà des 4 %, l’euphorie d’un miracle économique a laissé la place à la déception. Et aujourd’hui, on abolirait le transport gratuit pour les seniors en autobus afin que cette subvention ne vienne pas plomber davantage le Metro Express – dont la viabilité demeure un énorme point d’interrogation, sauf pour les flagorneurs de service.

Après le plébiscite du 11 décembre 2014 qui a surpris plus d’un, y compris les dirigeants de la (défunte) alliance Lepep eux-mêmes, ces derniers se retrouvent, aujourd’hui, avec un niveau de défiance élevé et un taux de popularité qui chute manifestement, malgré les goodies. Et quel que soit le verdict des Law Lords, les carottes seraient, peut-être, déjà cuites. Dans le dernier Mauritius Times, Milan Meetarbhan abonde lui aussi dans ce sens et enfonce le clou : «Whilst a favourable decision for Pravind Jugnauth may clear the way for certain potential allies, a judicial interpretation of the law will not alter the political assessment of what happened over MedPoint.» En effet, l’utilisation des institutions, comme l’ICAC et la police, à des fins politiciennes, est parvenue, ces temps derniers, à un niveau rarement atteint.

* * *

La réalité rattrape les discoureurs du gouvernement. La réalité n’est pas politique, mais économique. Il s’avère, en effet, difficile de rester populaire s’il faut trancher entre les employeurs et les employés, entre les investissements et les remboursements. Le problème avec nos politiciens, c’est que leur vision s’étend sur cinq ans. Elle commence avec des promesses électorales, souvent irréalisables, pour finir avec un chapelet de prétextes.

Le raisonnement de Lepep durant la campagne était simpliste : il faut être au pouvoir pour initier des réformes. Et pour être au pouvoir, il faut être populaire, voire populiste, quitte à plomber les finances publiques. Pareille survie politicienne n’est pas compatible avec le présent contexte économique. Le discours nécessaire pour un développement durable s’inscrit dans la durée, et c’est peut-être pour cela qu’on l’entend davantage, chez nous, dans les sphères citoyennes que politiques. Après leur mandat, les politiciens vont s’en aller, le pays, lui, sera toujours là. Avec ses dettes et ses capacités limitées à se développer…

* * *

Regardons ailleurs, où la guerre du pouvoir fait rage. En République démocratique du Congo (RDC), où l’incertitude règne. Nous sommes au lendemain de la fin de règne des Kabila et de la première alternance annoncée dans ce pays avec Félix Tshisekedi, proclamé président élu à la présidentielle devant l’autre opposant, Martin Fayulu, qui conteste déjà ces résultats. Mais les évêques du Congo affirment que le résultat n’est pas conforme aux observations de leur mission. Cette conclusion est partagée par d’autres observateurs internationaux. Sentant le danger d’une explosion sociale, plusieurs pays appellent au calme alors qu’il y a eu au moins des morts après des manifestations de joie ou de protestation en fin de semaine. Le conseil de sécurité de l’ONU, jusqu’ici divisé, essaie de dégager une position commune…Encore, une fois, la démocratie en sort meurtrie.