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Refusons une société qui banalise la violence !

30 décembre 2018, 15:27

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À 11 ans, il avait les rêves de son âge. Réussir ses examens du PSAC, obtenir un vélo pour Noël. À 11 ans, il adorait ses trois soeurs et son frère, et prenait son rôle d’aîné au sérieux. À 11 ans, il avait foi en les adultes. Ritesh Gobin, c’est de lui qu’il s’agit, ne verra pas 2019. Parce qu’un soir d’octobre, l’ami de son père, qu’il avait accompagné en toute confiance, s’est transformé en bourreau et l’a égorgé. Ritesh n’est plus et sa petite soeur de 9 ans, témoin du meurtre, vit désormais avec ces images ancrées en elle.

À croire que l’horreur n’a aucune limite. 2018 s’en va, et de tous les enseignements, nous ne pouvons faire abstraction de l’image renvoyée par notre société qui bascule progressivement dans un cercle infernal de violence. Des actes les uns plus impensables que les autres, qui nous chavirent, qui nous révoltent, surtout quand il s’agit d’enfants, ces innocents que nous n’avons pas été capables de protéger. La situation est d’autant plus grave quand ces petits êtres ne sont même pas en sécurité à l’intérieur de leur famille, de leur entourage, de leur maison.

Combien d’actes de violence révélés encore cette année envers nos enfants ! Ceux qui, parfois, ne sont pas en âge de comprendre ce qui leur  arrive. Faut-il revenir sur ce dernier cas où une mère a dénoncé son époux, vidéo sur portable à l’appui, pour attouchements sur leur fi llette de 16 mois ? Des histoires sordides qui nous dépassent tellement que, souvent, nous préférons tourner les pages de ces écoeurants récits et regarder ailleurs.

Mais détourner le regard serait une erreur parce que tous ces exemples de violence parlent de nous, de notre (manque d’)éducation, de nos mentalités, de notre société, de notre pays. Où les femmes continuent de subir les violences conjugales. Encore une année qui s’écoule avec d’autres personnes qui meurent sous les coups de leurs partenaires. Et du jour au lendemain, des familles sont brisées, éclatées à jamais. Un papa en prison, une maman dont il ne reste que des souvenirs à chérir toute une vie, et des enfants qui se retrouvent démunis, parfois sans repères, regardant impuissants leur monde basculer et leur avenir incertain.

Ashna Bhayraw n’avait que 28 ans. Elle était mère de trois enfants, âgés de 10 ans, 3 ans et 13 mois. Elle allaitait encore la plus jeune avant que son mari ne lui ôte la vie devant deux de ses fi lles. Pour que les enfants ne soient pas placés dans un shelter, ils ont été recueillis par leur grand-mère maternelle qui, forcée d’arrêter de travailler pour s’occuper des petits, peine à trouver les moyens pour subvenir à leurs besoins. Quel futur pour ces enfants ? Qu’est-ce que 2019 leur réserve ?

Une autre grand-mère vit elle aussi la même tragédie. Chandrani Boobhun souhaite également avoir la garde de ses trois petits-enfants après que sa fille, Madhuri Seetul, a été étranglée par son époux après 11 années de vie commune pendant lesquelles elle n’a cessé d’être tabassée. Voilà trois autres enfants qui ne savent pas de quoi leur avenir sera fait car s’ils habitent aujourd’hui temporairement chez une tante et que les grands-parents veulent avoir leur garde, leur faible moyen financier et leur modeste maison en tôle peuvent difficilement accommoder ces enfants.

S’il est nécessaire de faire mention de ces cas, c’est parce que derrière les chiff res qui s’allongent, il nous faut nous souvenir que ce sont des êtres humains, des femmes, des mamans, qui ont été arrachés brutalement, injustement, à la vie, à leurs enfants. S’il est nécessaire de parler de tous les types de violence sans exception (comment oublier que la semaine se termine avec les aveux d’un jeune de 19 ans tuant un vigile de 86 ans) en cette période où une grande majorité de Mauriciens passent de joyeuses vacances, c’est parce qu’il nous faut refuser une société qui banalise la violence.

Non, la violence n’est pas ordinaire. Indignonsnous ! Regardons la situation en face et réagissons. Pour que chacun d’entre nous fasse sa part. Et qu’ensemble, l’on bâtisse un meilleur pays en 2019.

Bonne année !