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À quand un umuganda mauricien ?

21 novembre 2018, 09:03

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L’économie, tout comme la météo, n’est pas une science exacte. Les analystes l’ont une nouvelle fois appris à leurs dépens durant la crise qui a balayé d’un trait des années de croissance.

Aucun économiste, aussi sérieux puisse-t-il être, ne peut donc prétendre détenir le bon modèle. En revanche, tous les observateurs s’accorderont sur un point : l’économie mauricienne évolue loin de son potentiel depuis plusieurs années. En cause, la crise de 2008 mais aussi plusieurs facteurs handicapants de nature endogène. Ces éléments, nous pouvons certainement les influencer. Mais, pour y arriver, il est nécessaire de mutualiser nos efforts.

 

La nouvelle île Maurice émergera lorsque les institutions réussiront à se défaire des chaînes qui les retiennent prisonnières...

 

«Sur le plan économique, nous avons besoin les uns et les autres : notre Marché commun mauricien ne peut vivre et nous faire vivre qu’au prix de notre travail en commun». 53 ans après, ces propos du Dr Philippe Forget résonnent encore et traduisent l’immense chantier qui nous guette.

La nouvelle île Maurice, celle que nous souhaitons voir émerger, le sera uniquement lorsque les institutions réussiront à se défaire des chaînes qui les retiennent prisonnières des maîtres d’un quinquennat. En ces temps incertains, au lieu de chipoter sur quelques points de base, il serait plus avisé de se concentrer sur ces chaînes afin de libérer le potentiel économique du pays.

Maurice, qui se plaît à se présenter comme modèle en tout genre sur le continent africain, devrait s’inspirer de ce qui se fait de mieux chez ses voisins. L’umuganda, vous en avez probablement entendu parler? Dans notre édition d’octobre de Business Magazine océan Indien, nous en faisions état. Il s’agit d’un concept inscrit dans la constitution rwandaise et qui stipule que le dernier samedi de chaque mois de 8 heures à 11 heures, tout Rwandais est obligé de se consacrer à des travaux communautaires dans sa localité.

Construire un pont, une école, nettoyer les drains ou encore aider les personnes en difficulté sont autant de tâches auxquelles s’acquittent les Rwandais en ce jour spécial. Ce concept fédérateur véhicule des valeurs très fortes. C’est d’ailleurs ce qui a permis au Rwanda, décimé par le génocide, de revenir de l’enfer et de se reconstruire un avenir.

Ce travail en commun évoqué par le Dr Forget en 1963 est ce qui manque à notre société. Pourtant, bien que nous ayons facilement tendance à l’oublier, nous sommes sur le même bateau. Pour le rappeler aux bons souvenirs des Mauriciens, il faudrait peut-être songer à un umuganda mauricien. Mais qui porterait un tel projet ? À une certaine époque, l’on aurait pu penser aux administrations régionales. Plus maintenant, car ces structures se plaisent dans leurs rôles d’instruments au service du gouvernement central. Donc, incapables de prendre des initiatives innovantes et ainsi contribuer à l’épanouissement tant social qu’économique des administrés.