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PM «Cake» ?

18 novembre 2018, 07:33

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Tout est relatif. Notre démocratie n’y échappe pas.

Appelez-nous, Pravind Jugnauth et compagnie, comme vous le voulez, mais vous n’allez jamais pouvoir étouffer toutes les voix libres en même temps. Dans un texte qui souligne que Maurice occupe la 56e place dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2018 établi par RSF, celle-ci décortique les amendements à l’ICT Act selon sa grille d’analyse. Il est judicieux de reproduire ici le texte de nos confrères contre qui Lakwizinn n’y pourra rien, en termes de tentative d’asphyxie financière par les voies liberticides de boycott.

«Adoptés le 6 novembre dernier, des amendements à la loi sur l’information et les télécommunications (ICTA) renforcent fortement les sanctions prévues en cas d’abus sur Internet. Reporters sans frontières (RSF) condamne des modifications dangereuses à l’approche des élections législatives et appelle au réexamen de cette loi par l’Assemblée nationale de Maurice.

«Désormais, à Maurice, un message “contrariant” peut entraîner, pour celui qui l’envoie ou le diffuse sur Internet, des poursuites pouvant aboutir à une condamnation allant jusqu’à 10 ans de prison. À l’origine, la loi sur l’information et les télécommunications de 2001 (ICTA) ne mentionnait que les messages entraînant l’anxiété ou la détresse chez leurs destinataires, des pathologies pouvant être constatées à l’aide d’une évaluation psychologique. Mais pour “remettre de l’ordre” et lutter contre les “dérives” sur Internet, Barlen Vyapoory, le président par intérim de Maurice, vient d’approuver des modifications qui ouvrent la possibilité pour tout individu de porter plainte et d’obtenir réparation pour une publication, un commentaire, un partage, et même un “j’aime” “dérangeant”, “humiliant” ou “contrariant”.

«Le caractère extrêmement vague et large de ces nouveaux motifs de poursuite est d’autant plus inquiétant que la peine maximale encourue pour l’ensemble des délits mentionnés a doublé, passant de cinq à dix années d’emprisonnement, alors même qu’il n’est plus nécessaire de démontrer l’intention de nuire pour établir le délit, cette mention ayant été supprimée.

«“À un an des élections législatives, la critique de l’action gouvernementale sur internet risque d’exposer les journalistes qui exercent leur rôle de contre-pouvoir à une multiplication des poursuites voire à des peines extrêmement lourdes, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les députés mauriciens doivent réexaminer ce texte dont l’utilisation pourrait gravement porter atteinte à la liberté d’information. Ce durcissement législatif est également en totale contradiction avec les promesses faites en 2014 par le parti au pouvoir d’adopter une loi facilitant l’accès à l’information que les Mauriciens attendent toujours”.

«Plusieurs journalistes et éditeurs mauriciens ont souligné les risques liés à ces nouveaux amendements. Joint par RSF, Nad Sivaramen, directeur des publications du journal mauricien l’express, a qualifié de “suspecte” la volonté de surveiller les réseaux sociaux dans ce contexte pré-électoral. Rabin Bhujun, rédacteur en chef du site d’information Ion.news, s’inquiète quant à lui de la possible instrumentalisation de cette loi par des “personnes influentes” pour en faire “un outil d’intimidation ou de harcèlement”, exposant les personnes dénoncées à “des arrestations et de longs interrogatoires”».

***

Les dés sont jetés et pipés. L’affrontement est inévitable. Le Premier ministre a commencé sa campagne contre l’express devenant, un peu comme Trump, mais sans le physique, un expert en fake news ou cake news – contraction citoyenne, lue sur la Toile, des fake news et des «cakes» de la rue Sir Virgil Naz.

Des directives ont été données pour boycotter notre journal. Cette stratégie préélectorale n’est pas une arme nouvelle. Elle est brandie par chaque gouvernement qui se retrouve en terrain glissant. Et qui constate, tragiquement, que la MBC ne suffit plus pour convaincre.

Alors ce Premier ministre tente de nous cholo-iser. C’est un pari risqué. D’autres, et non des moindres, avant lui, ont lamentablement échoué.