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Le verre à moitié plein…

21 octobre 2018, 09:43

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…il existe aussi, pardi !

On peut fortement souhaiter le verre complètement rempli. On peut préférer ou avoir tendance à parler du verre à moitié vide. Il peut y avoir des discussions à l’infini, selon les perceptions, les affinités ou les agendas pour récuser la notion de «moitié» et y préférer le «10 %» plein des opposants ou le «90 %» rempli de ceux qui sont au pouvoir, c’est selon, mais on ne va pas ergoter aujourd’hui.

 

On va simplement parler de ce qui va bien dans notre verre à moitié plein !

Nous avons certainement une démocratie qui n’est pas parfaite, mais elle fonctionne quand même. Et malgré une lente descente aux enfers, il est notoire que quand elle menace de ne pas fonctionner, il existe suffisamment de contre-pouvoirs libres pour le dire, le clamer et même s’imposer pour que l’on fasse machine arrière. Nous sommes dans un pays où si la police décide de ne pas poursuivre Soodhun après enquête sur ses propos racistes, le directeur des poursuites publiques (DPP) indépendant peut, lui, en décider autrement. La vague d’arrestations sur des charges provisoires souvent folâtres, qui menaçaient, un temps, de devenir un outil de répression de routine, a été stoppée nette par une réaction vive de la société civile, un livre-témoin choc, un haut-lecœur de la basoche et la dyspepsie des chancelleries amies de ce pays. Nos élections sont libres (et il faut surtout prendre soin de ne pas politiser l’Electoral Supervisory Commission, n’est-ce pas !). La tentation totalitaire sous-jacente au Prosecution Commission Bill de décembre 2016, qui menaçait l’indépendance du DPP, aura mené tout de même, fait notable, à la démission du PMSD du gouvernement, ce qui rendait alors impossible le vote de trois quarts requis dans ce cas pour modifier la Constitution. Fallait le faire ! L’exécutif demande, avec légèreté, à la police d’arrêter le DPP à l’aube, mais le judiciaire a le muscle ainsi que la volonté pour le protéger grâce à un Habeas Corpus cinglant. Même la présidente de la République, pourtant solidement cotée à l’étranger et malgré le soutien d’un vice-Premier ministre, ne peut s’opposer au vent glacial des faits rassemblés par une presse indépendante – qui a évidemment le mérite d’exister.

Condamné par la cour intermédiaire dans l’affaire MedPoint, Pravind Jugnauth démissionnait comme ministre le 1er juillet 2015. Blanchi en mai 2016 par la Cour suprême, en attendant le jugement final du Privy Council en janvier prochain, cette même personne a suffisamment de convictions personnelles pour demander au camarade Yerrigadoo ou au lieutenant Soodhun d’Arabie de démissionner comme ministres en constatant leurs frasques respectives. Comme Ramgoolam l’avait d’ailleurs fait avant lui pour Yatin Varma, Vishnu Bundhun ou Kishore Deerpalsingh… Ou SAJ avec Utchanah et Choonee… ou SSR avec Daby et Badry. Le MMM, qui était à un moment de son histoire contre les élections et pour la démocratie directe, a tout même fait la fulgurante découverte qu’il fallait modifier notre Constitution pour rendre les élections législatives obligatoires ! Quelle épiphanie salutaire !

Nous vivons encore dans un pays où les opposants du régime ne disparaissent pas dans des geôles, comme en Turquie ou en Russie. Où les journalistes ne sont pas assassinés comme Daphné Galizia à Malte ou Mario Gomez au Mexique ou Jamal Kashoggi à Istanbul. Chez nous, il n’y a pas d’ébola ou de malaria ou d’onchocercose ou de zika ou de peste comme chez nos voisins. Nous n’avons, heureusement, pas encore de problème apparent avec l’eau que l’on consomme comme à Hinkley en Californie, ou à Flint dans le Michigan ou à Juba au Soudan ou sur le Ganges. Nous n’en sommes pas, non plus, à la situation de la Chine dont 70 à 80 % de l’eau souterraine est impropre à la consommation humaine : https:// www.theepochtimes.com/more-than-80-percentof-chinas-groundwater-polluted_2031587.html.

 

Nous n’avons pas d’armée, et donc il n’y a pas de coup d’État possible, d’autant plus depuis que Dayal n’est plus en situation de pouvoir. Nous ne stockons ni armes nucléaires, ni armes chimiques, ni gaz toxique, à part ceux qui peuvent encore s’échapper de nos dépotoirs. Il y a des chances presque négligeables que l’une ou l’autre puissance mondiale ou régionale veuille nous envahir ou nous manipuler au-delà du raisonnable comme en Syrie ou en Afghanistan. Notre chef d’État n’a pas pris le parti de donner carte blanche à la police pour qu’elle tue tous ceux qui sont mêlés au trafic de drogue comme Duterte aux Philippines.

 

Si nous avons des vulnérabilités évidentes au niveau de notre productivité nationale et de notre balance des comptes courants, notre taux de chômage officiel à 7 % ne nous fait pas envier le Vénézuélien (33 %), le Sénégalais (48 %), le Sud-Africain (27 %), ou le Kenyan (42 %). On aspire sans doute au produit national brut par tête de Singapour ($93 000) ou du Koweït($66 200), mais même si nous ne sommes pas dirigés par Lee Kwan Yu et que nous n’avons pas la «bénédiction» du pétrole en sous-sol, nous en sommes à $21 600 et devançons ainsi l’Argentine, les Maldives, le Botswana ou la Polynésie française, qui précèdent quand même la Chine ($16 700), l’Inde ($ 7 200), ou Madagascar ($1 600).

 

Si nous avons connu les épisodes Bastos ou Sobrinho ou découvrons ceux de Mesdames Whittaker ou Sassou Nguesso, le système marche puisqu’il peut s’en méfier et peut les rejeter. Peut-être même mieux qu’ailleurs où on accueillait Mobutu Sese Seko à sa Villa del Mar sur la Riviera ou Abramovich à Chelsea ou encore Marcos a New York. Et l’ironie veut que ce qui était alors normal quand les fonds venaient principalement du tiers-monde soit aujourd’hui évidemment «black listed» quand les fonds qui fuient la taxe font le mouvement inverse… Tiens ! On appelle cela comment déjà ?

Nous parlions des risques de «blackout» ou de «brown out» assez sérieusement il y a quelque temps, mais dans les faits, il n’y a eu ni l’un, ni l’autre contrairement au Pakistan au Nigeria, à Madagascar ou même à l’Inde où les générateurs au diesel font pétarader et trembler des villes entières. Nous avons des embouteillages, c’est sûr, particulièrement maintenant, mais notre taux (2013) de morts par 100 000 habitants, qui nous émeut à juste titre et qui s’aggrave, est à 12.2 meilleur que celui de l’Inde (16.6), de la Chine (18.8), du Botswana (23.6), du Mozambique (31.6) ou de la Thaïlande (36.2).

Notre beau pays affiche la splendeur du Tabebuia Rosea ces jours-ci. Dans quelques semaines, ce sera le tour des flamboyants et du jacaranda.

 Voila ! Sentez-vous que le facteur «feel good» vous a porté quelques bonnes lettres ? Profitez en toute la semaine, pleinement ! Partagez sans retenue ! Ça pourrait ne pas durer longtemps…

Les élections approchent et ils vont tous s’y mettre, comme d’habitude !