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La «Zoli Mamzel» et les coqs

16 octobre 2018, 09:00

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C’est sous ce titre assez imagé que l’Assemblée nationale fait aujourd’hui sa grande rentrée. Les enjeux sont surtout politiciens sur fond de ré-forme électorale figée et des futures législatives – elles-mêmes tributaires du procès MedPoint à la mi-janvier 2019. Deryer laport sa ! La jolie demoiselle que serait le PMSD (dixit Adrien Duval) deviendrait-elle donc la formule qui produirait rézilta lor rézilta ? 

Si le MMM se dit contre toute alliance pré-électorale, le parti du leader de l’opposition, lui, ne serait pas contre. «Il ne faut pas sous-estimer le PMSD», martèle Xavier-Luc Duval, qui, après la déconvenue au no 18, voit les choses en bien moins grand. La grenouille a compris qu’elle a plus à perdre en essayant d’être la vache sacrée de l’électorat – alors, elle se la joue coquelet ou mamzel. Un certain retour vers le fondement.

Donc, après huit semaines de va- cances, nos parlementaires reprennent, ce matin, docilement, le chemin de l’Hémicycle avec leurs batteries chargées à bloc, pour accomplir un devoir pour lequel ils sont plutôt grassement payés. Ils savent bien qu’ils amorcent les derniers furlongs de la présente législature et qu’ils se doivent de faire bonne impression devant les caméras et l’opinion, surtout s’ils veulent être réélus. Normalement, ceux qui n’ont fait qu’un mandat souhaitent tous rempiler afin d’avoir droit à la généreuse pension à vie qui arrose bien des pié banann de notre République – à nos frais, laborieusement et honnêtement gagnés. À un moment où l’on évoque une éventuelle réforme électorale et un nombre supplémentaire de députés, il importe, plus que jamais, qu’on évalue, en amont, le travail du parlementaire en général, et sa productivité en particulier. Nos élus, qui travaillent pour nous, sont-ils à la hauteur de nos attentes ? Existe-t-il un scorecard pour les évaluer de manière objective ?

Nos journalistes, qui couvrent les travaux de l’Assemblée nationale, maintiennent, eux, que, de plus en plus, surtout avec l’attelage extraordinaire de Lepep, certains députés, même s’ils affichent un taux de présence parlementaire de 100 %, demeurent quasi inexistants tant ils sont improductifs. Dans trop de cas, on se livre à un véritable gaspillage des fonds publics. En cause : notre système électoral favorisant, par exemple en 2014, des Tarolah, Ramkaun, Koonjoo à des Ramgoolam, Obeegadoo, Sithanen bien plus expérimentés. Ce qui nous prive de débats contradictoires de meilleure facture.

Le Parlement, espace vital pour notre démocratie, est censé être un haut lieu de débats pour s’assurer de la bonne gouvernance et de la transparence – surtout dans un pays qui n’a pas de Freedom of Information Act. Chez nous, l’exécutif écrase de tout son poids le législatif. Tout le monde se souvient de cette sombre période, lors des koz kozé de 2014, quand un Premier ministre a fermé le Parlement pour courtiser le leader de l’opposition. Cette fois-ci, l’on se lance, pour la forme, dans de belles envolées démocratiques sur la réforme électorale en sachant fort bien que le texte de loi ne sera jamais voté à une année des prochaines législatives, faute du fameux trois quarts (provoqué par le départ du PMSD sur le dangereux Prosecution Commission Bill – kudos, ici, au PMSD ; des fois, l’on ne réalise pas les dégâts qu’aurait provoqués le MSMML si le PMSD ne s’était pas détaché de ce train fou). Dernier prétexte du gouvernement : il faudrait, cette fois-ci, attendre le rapport de l’Electoral Boundaries Commission – autre cheval de bataille du PMSD. Alors, entre-temps, on passe un Acquisitive Prescription Bill et un Code Civil Mauricien (Amendment) Bill pour faire tourner la roue du temps.

Le leader of the House et Premier ministre, outre de détenir le calen- drier parlementaire et électoral, tient aussi d’autres cartes en main. Par exemple, repêcher une Maya Hanoomanjee, battue au no 14, pour en faire la speaker du Parlement. Et virer, pour des raisons obscures, le deuxième Deputy Speaker de cette législature, en l’occurrence Bobby Hurreeram (successeur de l’ineffable Sanjeev Teeluckdharry), par le transfuge Joe Lesjongard, qui avait mené une virulente campagne contre cette même Hanoomanjee tant décriée qui devient son ou sa boss… Le Premier ministre tient aussi les backbenchers avec la carotte du Cabinet. Comme ils veulent tous devenir ministres, ils évitent alors de poser des questions embarrassantes au Premier ministre et aux membres influents de son Conseil des ministres.

Dans l’opposition, les interpellations parlementaires sont et seront tributaires du contexte politique flou du moment (ce qui, rassurez-vous, aura toujours, plus ou moins, été le cas depuis 1968) et des négociations en cours, en quasi-permanence, dans les coulisses. Aux yeux de l’électorat bigarré, les bons députés demeurent ceux qui satisfont ses attentes. Ainsi, l’électeur espère davantage une opposition dans l’Hémicycle pour contrer les abus du pouvoir que de ceux qui rêvent de maroquin ministériel et de garde du corps...

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L’influence des mots qui restent, contrairement aux paroles, balancées sur des ondes complaisantes des radios privées actuelles – et/ou les trois autres à venir ? Dans une interview accordée à l’express, en mars 2016, Hanoomanjee se répand sur les «qualités requises pour être un bon speaker» ! Précisément, elle dit ceci : «L’impartialité et l’autorité, ce sont là les qualités essentielles requises du speaker. Celui-ci a pour mission d’être un médiateur entre le législatif et l’exécutif. En cette capacité, il doit être neutre dans ses prises de décision.» Cette citation, vous en conviendrez, ne devrait plus rester un vœu pieux...