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Conseillers-fossoyeurs

10 octobre 2018, 07:45

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Balkaniser. Courtiser. Morceler davantage la nation pour essayer de s’accrocher au pouvoir. Avec ou sans Best Loser System.

Une semaine après la tentative de récupération politique du rassemblement- monstre de Gros-Cailloux, que les conseillers du gouvernement ont grossièrement tenté de détourner à travers «leur» MBC, Pravind Jugnauth s’en est allé courtiser la communauté des pentecôtistes. Le Premier ministre leur a expliqué comment il avait augmenté, de 10 %, les subsides aux associations religieuses alors que personne ne le lui avait demandé !

Au nom de l’unité nationale, l’express s’est toujours élevé contre les promesses faites aux lobbies sectaires et les passerelles jetées, surtout en période électorale, entre les religieux et la politique. Car, à juste titre, la politique s’en retrouve ethnicisée et la religion devient politisée, qu’on se l’avoue ou pas. Notre République a bien d’autres défis à relever - par exemple remettre de l’ordre au sein des organismes parapublics qui bouffent tant de millions - que d’aligner les Mauriciens selon leur appartenance religieuse.

On avait aussi applaudi quand le MSM-ML avait annoncé qu’ils renonçaient à prendre la parole lors des cérémonies religieuses. Mais ils n’ont pas pu tenir parole. Pourquoi ? On a tenté d’en savoir plus au PMO mais motus et bouche cousue, les conseillers se renvoient le dossier. C’est clair que quand on veut se la jouer Macron, on peut difficilement justifier les basses manoeuvres politiciennes.

L’un des nombreux et coûteux conseillers du Premier ministre, en l’occurrence Raj Meetarbhan, écrivait, jadis, dans ces mêmes colonnes, que «les postures des socioculturels sont difficilement conciliables avec un État moderne. Car, quand la politique est influencée par des intérêts religieux et socioculturels, la démocratie finit toujours par se transformer en lobbycratie…» Aujourd’hui, ironie du destin, il est de ceux qui font le lobby entre les socioculturels et le PMO, dans l’ombre, reniant donc ses écrits dans l’express, tout comme Anil Gayan un peu avant lui. Vraiment, Only in Mauritius, qu’on peut permettre pareil retournement de veste et de moustache.

Depuis sa création, l’express a maintenu sa ligne : il faut cesser de financer les associations socioculturelles car cela va à l’encontre du nation-building. Et ouvre la boîte de pandore. Car comment mettre frein à la floraison d’autres mouvements religieux ou spirituels qui voudraient être caressés de la même façon que Jugnauth a caressé les pentecôtistes, vendredi dernier, au Triveni ? Qui reconnaître ? Qui écarter ? Ne sommes-nous pas suffisamment divisés actuellement ?

Quant aux conseillers qui n’ont aucun principe républicain et qui nous coûtent des millions et des millions de roupies, il devient urgent de revoir plusieurs postes de dépenses et se débarrasser du superflu. Pour se rendre utiles, beaucoup, y compris Prakash Maunthrooa, qui, pour reprendre les mots de son désormais collègue et compagnon Raj Meetarbhan, est impliqué dans «le plus vaste scandale de pots-de-vin présumés porté devant nos tribunaux», imposent au Premier ministre une grille communale et sectaire.
 
Loin de rassembler, ces conseillers divisent, ils fragmentent notre nation. Mais ce qu’ils ne réalisent pas, du moins pas encore, c’est qu’ils sont aussi en train de creuser la tombe de leur roi, ou plutôt, dans leur cas, de condamner l’imposte par lequel il a surgi. Comme par miracle.