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Seuls, et toutes les options ouvertes…

7 octobre 2018, 14:53

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Pas d’alliance électorale ? Vraiment ? Ainsi, à écouter les leaders du MMM et du PTr, les Mauves et les Rouges brigueront seuls les suffrages aux prochaines législatives. Si au MMM, on clame, depuis longtemps, que le parti ne contractera aucun accord préélectoral et qu’on peaufine la liste des 60 candidats, son leader n’a par contre, cessé de réclamer un engagement des autres chefs de parti pour que ceux-ci suivent son exemple. Un appel de Bérenger comme pour s’assurer que le MMM ne se retrouve pas en dindon de la farce, seul contre ses adversaires qui pourraient être tentés de s’allier lors des prochaines élections. Prudent, il semble vouloir éviter l’épisode de 2010, quand les Mauves pensaient koz-koze avec le PTr, avant que le meneur des Rouges ne prenne tout le monde par surprise en contractant une alliance avec le MSM et le PMSD.

D’où la cinglante déclaration de Pravind Jugnauth qui s’ensuivit : «MMM aste lotri, nimero MSM ki sorti.» Ce qui explique les demandes actuelles répétées de Bérenger pour que chaque parti traditionnel se présente seul devant l’électorat mauricien. Si l’appel du MMM semble avoir été entendu par un leader, c’est bien celui du PTr, qui répète avoir fait le choix d’aller également sans allié. Tout comme le MMM, Ramgoolam se flatte de pouvoir présenter une liste de 60 candidats rouges, alors que lui se met déjà en position de challenger au poste de Premier ministre. On aura noté que le MSM ne se prononce guère sur cette question, la stratégie de son leader étant de gagner du temps pour présenter un bilan, d’autant que le Premier ministre sait que son gouvernement demeure impopulaire malgré tous ses exercices de communication.

Les nombreux scandales dans lesquels l’alliance au pouvoir s’est engluée et la litanie des bêtises dont ses membres sont capables de faire preuve (faut-il mentionner le dernier exemple en date, les propos grotesques de Koonjoo sur l’absence de baleines dans nos eaux ?), ne sont pas des circonstances favorables. Et jusqu’ici, Pravind Jugnauth s’est toujours gardé d’évoquer publiquement ses stratégies futures.

Quant au PMSD, il est le seul parti à avoir dit clairement, après sa piètre performance à la partielle du no 18, qu’il n’ira pas seul aux prochaines législatives. Sachant que le PMSD a choisi de quitter le gouvernement MSM, le raisonnement ferait donc croire à une éventuelle alliance avec les Rouges qui, eux, laissent entendre qu’ils iront seuls aux prochaines législatives. Mais cela n’est qu’une option et il en existe tant d’autres. C’est dire à quel point il faut attacher peu d’importance à toutes ces déclarations publiques, faites ces derniers temps. A-t-on oublié avec quelle force, en 2014, après que la base mauve s’était opposée à une alliance avec les Rouges, le leader Bérenger avait assuré qu’il n’y aurait point d’épousailles mauve-rouge ? Il ne se laisserait pas séduire, même si Ramgoolam allait se déguiser en Miss Universe, avait-il cru nécessaire d’ajouter, faisant rire ses partisans. Qui ont ensuite ri jaune devant le pacte des loups.

Alors oui, ils peuvent lancer, autant qu’ils le veulent, leur ambition d’aller chacun de leur côté aux prochaines législatives. Sauf que leurs paroles doivent être remises en cause, questionnées et traitées avec prudence et discernement. Tant leur capacité à faire avaler des couleuvres les plus indigestes est infinie !

S’il est prématuré de donner foi aux affirmations d’aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il y a une épée de Damoclès juridique suspendue sur la tête de Jugnauth et celle de Ramgoolam. Dans un cas comme dans l’autre, une victoire ou une défaite pourrait apporter des changements sur l’échiquier politique. Et s’il faut attacher peu d’importance aux dires de ces leaders, c’est également parce qu’il n’a échappé à personne que, dans notre pays, on est rarement tombé sur des responsables de parti qui respectent leur parole. Une vérité toute simple mais qui mérite d’être soulignée.

Du reste, quand on connaît l’âge de ces deux dirigeants qui ont déclaré leur intention d’aller seuls, quand l’on sait qu’ils sont probablement à une de leurs dernières, sinon leur dernière, candidature, l’on devine qu’à une année et demie des élections, il y a loin de la coupe aux lèvres. Et alors qu’ils clament qu’ils iront seuls, nous lisons que toutes leurs options sont ouvertes…