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Protéger l’investisseur

12 septembre 2018, 09:59

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Protéger l’investisseur

Depuis des années, d’importants moyens sont déployés pour placer Maurice sur la carte de la finance internationale. Toutefois, à trop se concentrer sur cet objectif, l’on a tendance à négliger un maillon essentiel de la chaîne : l’investisseur.

Dans un environnement de faible taux d’intérêt, il est encore plus nécessaire de veiller à sa protection. Car à l’affût d’actifs offrant le meilleur retour sur investissement, l’investisseur peu averti se retrouve exposé à toutes sortes de risques sans qu’il en ait particulièrement conscience. Lorsque les risques émanent des failles dans l’infrastructure financière du pays, c’est encore plus préoccupant !

La brèche la plus visible actuellement concerne le marché des capitaux. La Banque de Maurice a émis depuis quelque temps déjà des directives pour mieux réglementer l’émission de papier commercial. Et avec les amendements apportés à la Banking Act dans le sillage de la loi de finances 2018-19, le cadre légal régissant les instruments du marché monétaire a été renforcé.

Le hic, c’est que les règles portent uniquement sur les papiers à courte maturité. En effet, les institutions ou autres entités privées désirant offrir des billets de trésorerie d’une durée de vie de pas plus d’une année doivent impérativement, entre autres conditions, en vertu de l’article 14E de la Bank of Mauritius Act avoir des Operating cash flows at least equal to the size of the issue of the money market instrument. Et également très important : une notation d’un organisme externe d’évaluation du crédit.

Or, pour se soustraire aux conditions imposées par la Banque de Maurice, les émetteurs, notamment les entreprises, choisissent d’offrir principalement des obligations à plus longue échéance. Du coup, l’investisseur en quête de meilleur rendement n’a que trop le choix. Sa décision d’apporter du financement à une entreprise au moyen d’achat de papier commercial repose très souvent, malheureusement, uniquement sur le name branding. En d’autres mots, il investit pratiquement les yeux bandés car n’ayant aucune information précise sur la gestion de l’entreprise. Celle-ci n’étant pas tenue par la loi de lui présenter une cote de crédit.

Le jeu est donc faussé. Car les investisseurs peu avertis peuvent se retrouver avec des rendements nettement inférieurs par rapport aux risques qu’ils prennent. À l’inverse, l’absence de réglementation joue en faveur des sociétés émettrices d’obligations qui profitent de faibles primes de risque même si leurs fondamentaux sont loin de les justifier.

Dix ans après la crise hypothécaire, cette semaine, c’est peut-être l’occasion de repenser notre infrastructure financière afin de se mettre à l’abri de la formation de bulles éventuelles dans le système local. Ce marché secondaire que nous cherchons à développer depuis des années se mettra plus facilement en place si nous parvenons à offrir à l’investisseur, quel qu’il soit, l’accès à toutes les informations nécessaires à la prise d’une décision d’investissement.