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Maxamore: notre pré-enquête

25 mai 2018, 16:12

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C’est connu dans tout le monde sportif. L’élimination du dopage relève de l’utopie. Mais les mesures de prévention doivent être constamment renforcées – même si ce problème très complexe continue à hanter le milieu du sport, qui inclut les courses de chevaux. Maurice n’y échappe pas malgré tous les efforts consentis par le Mauritius Turf Club. Malgré tous ses défauts et ses faiblesses, l’organisateur des courses, en dépit de l’effet boomerang qu’ont généralement les cas de dopage sur ses activités, continue à privilégier l’intégrité des courses en rendant public chaque cas.

Le dernier en date – et le premier en 2018 – a été révélé mercredi. C’est le premier gros couac de la présente saison. En plus, ce cas de dopage concerne directement un récent vainqueur, en l’occurrence Maxamore, un grand favori. Le communiqué émis par le MTC à ce sujet se lit ainsi : “The Mauritius Turf Club (MTC) today has been advised by Quantilab Ltd that the post race urine sample taken from Maxamore after that gelding won Race 2, ‘Le Prix Pierre Hugnin’ on the 12 May 2018, had detected in it the illicit substance “16 betahydroxy-stanozolol”. The post race blood sample taken from Maxamore had detected in it “Stanozolol”. Upon receipt of this report, Mr. Gilbert Rousset, Trainer of Maxamore, exercised his right under MTC Rule 200 (2) (b), to send the “B” sample to a designated laboratory for independent analysis. The Club awaits the results of the “B” sample’s analysis for further action.”

En attendant les résultats d’analyse de l’échantillon “B”, il incombe – comme pour bousculer les habitudes – à la Police des Jeux de démarrer une enquête et procéder, si besoin est, aux premiers interrogatoires. Il existe, à ce stade, suffisamment d’éléments pour que la Gambling Regulatory Authority ordonne une enquête policière.

On écrivait, dans ces mêmes colonnes la semaine dernière, qu’en matière d’enquête sur le dopage, Maurice est loin derrière. Que le MTC, la GRA et la Police des Jeux fassent la démonstration qu’ils peuvent être aussi efficaces que leurs homologues étrangers.

Au lendemain des résultats obtenus par Quantilab et relayés au public, L’Express-Turf a mené sa petite enquête sur le terrain et celle-ci a révélé que :

(i) Le MTC compte quelque 170 palefreniers.

(ii) Un palefrenier a sous sa responsabilité deux chevaux, ce qui fait un total de 340 coursiers.

(iii) Le reste de la population de chevaux en compétition est confié aux casual grooms qui sont employés par les écuries elles-mêmes avec un salaire minimum de Rs 9 000.

(iv) Celui qui s’occupe du cheval Maxamore n’est pas un employé du MTC.

(v) Il a pris son poste de casual groom en février de cette année.

Mais là où cela devrait intéresser les autorités concernées, c’est l’absence notée du palefrenier le jour des courses, soit le samedi 12 mai. Il se serait disputé avec le chef palefrenier de l’écurie Rousset la veille de la course et aurait, dans la foulée, soumis sa démission. Le lendemain, jour des courses, il ne se serait pas présenté à l’écurie et son absence a été rapportée au MTC. Comme l’une des clés du box dans lequel se trouvait Maxamore était en sa possession, il a, alors, fallu forcer l’un des cadenas ! L’histoire de Maxamore commence ici.

La suite est connue de tous. Il gagne le 12 mai avant d’être testé positif au stanozolol. Stéroïde anabolisant, qui n’avait pas été détecté dans l’échantillon de sang du cheval le 11 mai mais qui est bien présent dans un autre échantillon pris juste après sa course victorieuse. Ce qui nous conduit à la question-clé : quand le stanozolol a-t-il été administré au cheval ? Par qui ? Et sur instructions de qui ? Au MTC et à la Police des Jeux de reconstruire le puzzle.

Aussi connu sous son nom de marque, Winstrol, le stanozolol est considéré efficace comme «un booster constructeur de muscle» qui aide à être plus fort et à courir plus vite. C’est ce même stéroïde anabolisant qui avait pourri les Jeux olympiques de Séoul en 1988 lorsque Ben Johnson avait été disqualifié pour dopage. Le stanozolol est aussi à l’origine de la disqualification de huit ans de l’entraîneur de Godolphin Mahmood Al Zarooni par la British Horseracing Authority en 2013.