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Le compte à rebours enclenché

10 janvier 2018, 08:59

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Le porte-parole du gouvernement Étienne Sinatambou gagnerait à ne plus se livrer à des élucubrations qui n’amusent que lui et quelques apparatchiks de son parti, le MSM. En arguant que «80 % de l’électorat n’ont pas voté pour Arvin Boolell» à l’élection partielle du 17 décembre, le ministre de la Sécurité sociale sombre visiblement dans l’enfantillage.

Une victoire politique, doit-on le répéter, est une victoire, peu importe les conditions objectives dans lesquelles le député rouge l’a remportée au no18, à Belle-Rose-Quatre-Bornes. Toute analyse mathématique tarabiscotée pour réduire la marge de cette victoire relève d’une grotesque interprétation qui ne fait pas honneur aux jeunes cadres du parti et à l’intelligence de son leader qui, dans son bureau feutré du bâtiment du Trésor, doit certainement rire un bon coup, à moins d’être complètement coupé de la réalité…

Il n’appartient pas ici de distribuer des points aux uns et aux autres mais la partielle du 17 décembre ne peut être une parenthèse vite refermée pour les partis politiques, qu’ils soient du «mainstream» ou de petites formations en quête d’une reconnaissance nationale. Les analystes politiques ont suffisamment décortiqué les résultats de cette élection, analysé les conséquences de la défaite des principaux partis de l’opposition (MMM et PMSD) et dressé la feuille de route du PTr après sa victoire. Alors que l’alliance Lepep et sa principale composante, le MSM, ne peuvent prétendre, même avec une majorité confortable, que c’est du «business as usual».

La victoire du PTr au no18 aura certainement un effet de contagion dans d’autres circonscriptions du pays et l’alliance Lepep, qui amorce la seconde moitié de son mandat en ce début d’année, ne doit aucunement occulter cette réalité politique.

Or, Pravind Jugnauth s’attend à un retournement de la situation avec le lancement de gros projets d’infrastructures publiques tels que le Metro Express, le réaménagement de la gare Victoria, la construction de Smart Cities et le programme de décongestion routière. Des investissements massifs qui dégripperaient l’appareil productif du pays, généreraient à terme une croissance supérieure à 4 % en 2018/19, favoriseraient la création d’emplois à grande échelle et ramèneraient la confiance parmi les opérateurs. Avec, à la clé, un second mandat à la fin de 2019, qui légitimerait Jugnauth fils à son poste premier ministériel.

Personne, a priori, encore moins la presse, ne veut l’échec de l’alliance Lepep. Si Pravind Jugnauth réussit dans son ambition de positionner Maurice comme un pays à revenu élevé, il aura tenu son pari et ce sera tant mieux pour le pays.

Même si on dit volontiers qu’une semaine est longue en politique, quand il s’agit de manœuvres électoralistes, la réalité est toutefois différente dans l’administration d’un pays. Du coup, deux ans demeurent une période relativement courte d’autant plus si les trois ans qui ont précédé n’ont accouché d’aucun bilan économique concret – si ce n’est une série de scandales, les uns plus ahurissants que les autres.

Même si Pravind Jugnauth tentera de montrer qu’il «means business» en 2018 et qu’il focalisera l’action de son gouvernement sur l’économie, la tentation sera malheureusement forte pour ne pas avoir l’œil sur l’échéance de 2019 et agir en conséquence. D’ores et déjà, des signes apparaissent ces jours-ci pour indiquer que le temps des mamours politiques est là et des «koz kozé» ont déjà commencé entre les protagonistes qui répondront présent à la prochaine joute électorale.

Dans une configuration politique qui privilégie une bataille à trois, il y a fort à parier qu’à l’exception du PTr, les deux autres formations (MMM et MSM) ne vont pas prendre de risques pour se livrer à un harakiri en plein jour.

Pravind Jugnauth, comme le Premier ministre sortant, gagnerait à mettre toutes les cartes de son côté pour remporter sa première victoire à ce titre même si son challenger immédiat, Navin Ramgoolam, n’est pas blanc comme neige… étant donné la demi-douzaine de casseroles qu’il traîne depuis 2015.

En attendant, la communauté des affaires veillera à ce que le gouvernement Lepep replace l’économie comme la priorité des priorités et matérialise une cohérence et une vision dans la gestion des affaires du pays. Il y va de son intérêt car il n’a que deux ans pour présenter un bilan économique qu’il n’a malheureusement pas aujourd’hui.

Le compte à rebours a commencé. Difficile pari économique pour Pravind Jugnauth s’il veut survivre… politiquement… après 2019.