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Notre liberté de penser

31 décembre 2017, 06:58

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Chers lecteurs du dimanche, cet exemplaire est le dernier de 2017, une année particulièrement mouvementée et éprouvante. Nous avons fait le choix, avec Anju, Pov et KC Ranzé, ainsi que toute l’équipe de journalistes et de secrétaires de rédaction, de privilégier, chaque dimanche, un regard un peu décalé sur nos actualités, par ailleurs trop répétitives.

Notre porte-crayon, dans cette mission, s’appelle POV. Avec son crayon et son talent, notre journaliste-artiste a fait de la liberté, qui caractérise notre journal, sa principale activité et de l’information son premier souci. L’un et l’autre nourrissent ses dessins qui illustrent nos pages. Ces dessins sont, en fait, les desseins de notre groupe de presse : ouvrir les esprits et provoquer la réflexion. Et faire rire, quand cela est possible.

Rire, c’est s’octroyer le droit de rire en regardant l’actualité sous ses différents angles. C’est important car cela nous incite à la critique, à l’insolence, à l’insoumission, à l’ironie, à l’irrévérence, à la verve. Il nous inocule le goût de la liberté, condition sine qua non pour l’épanouissement d’un journal, de ses journalistes, de ses lecteurs et, partant, d’une société, d’un pays. Une liberté de dire les choses, pour laquelle nous ne cesserons jamais de nous battre, comme cela a été souvent le cas cette année, malgré les tentatives d’intimidation ou de déstabilisation.

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Avec des moyens déloyaux ou immoraux, certains veulent imposer leur propagande, d’autres utilisent la télévision nationale pour intoxiquer les esprits, nous, nous avons fait, depuis le 27 avril 1963, le pari d’un journal libre et indépendant. Forcément chacun croque les événements à sa guise, nous dira Pov. Car tout regard est subjectif à la base, même s’il part d’un ensemble de valeurs progressistes sur lesquelles l’express a été fondé (afin d’éclairer l’opinion). L’objectivité journalistique, nous l’avons souvent dit, est un mythe ! Ceux qui estiment que la fonction du journaliste ne consiste qu’à regarder et enregistrer (en d’autres mots des «spectateurs») puis à reproduire des propos, disons du PM ou du leader de l’opposition, sans les relativiser, sans les questionner, sans enquêter, ne comprennent, en fait, pas grandchose au monde de la presse, ou alors feignent-ils de ne pas comprendre afin, sûrement, de détourner les projecteurs, uniquement car cela les arrange.

Subjectivité ne veut nullement dire malhonnêteté. Si, par essence, on ne peut pas être objectif, en revanche, nous avons le devoir - moral et légal - d’être honnête vis-à-vis des faits d’actualités, pourtant loin d’être transparents à Maurice. La liberté d’informer, les règles de transparence (ces promesses jamais tenues par le pouvoir, quel qu’il soit) font de l’activité journalistique un pari audacieux et risqué. Nous l’avons vécu avec le Yerrigadoogate, une sombre affaire où se mélangent politique, financement occulte, police, propagandistes, et donneurs de leçons journalistiques (qui ne veulent pas se mouiller le maillot), dans une impossible tentative d’étouffer les faits. À cet égard, plus de deux mois après avoir exposé les faits du Yerrigadoogate, nous attendons toujours le contre-affidavit de l’ancien Attorney General et de son armada d’avocats.

Comme les journalistes constituent les courroies de transmission entre le pouvoir et le public, ou vice versa, ce n’est pas étonnant qu’ils soient souvent coincés entre une perquisition hyper-matinale et une diffamation criminelle désuète, dignes des courants autocratiques et le manque de transparence délibéré autour des affaires publiques.

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Alors que nous marchons vers les 50 ans de notre Iindépendance, terminons sur un souhait, déjà formulé en 1965, dans un éditorial du Dr Philippe Forget, intitulé «Après Brousse, Surat et Beesoo» : «C’est le moment du sursaut, l’heure de repousser nos craintes. Et de choisir juste. Nous n’avons plus peut-être que peu de temps. Il n’y a qu’un seul choix possible. C’est l’avenir.»