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La critique est facile, l‘art, lui, demeure difficile

30 juillet 2017, 08:21

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La critique est facile, l‘art, lui, demeure difficile

La formule «La critique est facile, l’art est difficile» est usitée mais elle mérite d'être analysée, en la contextualisation, selon notre vécu.


Prenons Nicolas Hulot, le numéro 3 du gouvernement Macron, ministre de l'écologie . Un homme jusqu 'ici droit, ne faisant pas dans le compromis, sincère dans ses propos, entier. Il a beaucoup milité pour l'écologie au cours de sa carrière médiatique et médiatisée. Fortement.

En étant très sévère pour les autorités qui pouvaient agir et qui, selon lui, restaient trop tièdes face à ce qu 'il fallait faire et évasives par rapport aux mesures nécessaires pour «sauver la planète ». Eh bien, il vient d'annoncer les 23 points de son plan climat, clamant évidemment que le réchauffement climatique «prime sur tous les autres dossiers» . Et que nous annonce-t-il ? La mesure la plus prometteuse : ni plus ni moins, zéro voiture à base de diesel ou d'essence pour 2040 ! Or, en remplacement des quelques 40 millions de véhicules actuels en France, (admettant qu'ils n'augmentent pas jusqu'en 2040), ces véhicules électriques - qu'on devra alimenter en électricité pendant quatre heures chaque jour pour assurer environ 140 kms d’autonomie - auront besoin que l'on double le nombre de réacteurs nucléaires actuellement en opération !


 

Et que décide, cependant, Hulot pour imprimer son cœur vert ? Il prévoit de FERMER 17 centrales nucléaires d 'ici 2025 (Canard enchaîné, 12 juillet 2017).

Faisons le compte énergétique ....ce qui ne sera pas facile, puisque mathématiquement impossible !


 

Ainsi pareillement Trump voyait déjà un mur à la frontière mexicaine...payé par le Mexique, un OTAN «dépassé» à fuir peut être, une politique migratoire plus restrictive - alors qu 'à 4,3% de chômage, le défi semblait être plutôt de trouver de la main d'œuvre-, un Obamacare qu 'il fallait, très simplement,«repeal and replace» par du meilleur évidemment, la resurrection d'entre les morts de l'industrie du charbon ….

Ces plans qui promettaient en plus de «drain the swamp» à Washington, DC, n'ont pu être concrétisés par Trump, pourtant président des États Unis, qui s'était tout de même déclaré être le «_greatest deal maker of the planet »_ ! Et ce alors qu 'il se retrouve, contrairement à Obama ces dernières années, avec un congrès et un sénat du même bord républicain !

***


 

Chez nous , ce n 'est pas bien différent. Lepep embobinait les électeurs avec des promesses de meritocratie, de «mette prop avec mop prop» , d'accomplir un nouveau miracle économique, de libéraliser les ondes encore plus, de faire voter une _Freedom of Information Act _(FOIA)_ _! La critique (méritée) de Navin Ramgoolam qui devait mener à un gouvernement de «kalipas» devant transformer le pays était, de toute évidence, plus facile à mener que la concrétisation du programme promis lui-même.

A défaut de meritocratie, on se réconciliait avec la «protection de sa montagne», on laissait son propre «mop» se salir jusqu'à devenir dégueulasse, le miracle économique ayant depuis fait «fizette » par distraction, les ondes avec Callikhan comme modèle s’étant attelées à faire encore pire et la FOIA ayant pris la poudre d'escampette - exactement comme sous le régime précédent de Navin d'ailleurs qui en avait aussi fait une promesse électorale ....sans suite. L'art parait décidément difficile !

Pourtant, si l 'art est rendu difficile, c'est parce que les chefs du cirque se compliquent la vie, souvent en dépit du bon sens !


 

Il suffisait de respecter sa parole et de favoriser une large dose de méritocratie évidente et inattaquable ! Il suffisait de nommer un radical capable de réformer la MBC, disons quelqu’un comme Jean-Claude de l’Estrac- ce qui d’ailleurs avait été approuvé par le PM d‘alors, devenu mentor aujourd’hui, ainsi que par les leaders du PMSD et du ML, mais qui aurait été torpillé par la cuisine du PM actuel. Il suffisait de voter une FOIA et de coupler celle-ci avec une réforme du système électoral, ainsi que de celui du financement des partis, du nombre de mandats maximum des ministres, de la déclaration publique des avoirs des grosses légumes du gouvernement - employés du service civil d'un certain niveau étant compris. Que nenni ! On choisissait le mode papa-piti, on fricotait avec Sobrinho ou Choomka, on déchirait le contrat Betamax peut importe les risques pour le contribuable, on accumulait des IOUs sur la BAI, on donnait plein pouvoir à la GRA, malgré Gulbul, on frisait la correctionnelle constitutionnelle avec le _Prosecution Commission Bill _qui devait éviscerer le DPP…

Ce n'est donc pas seulement que la critique est facile et que l'art est difficile, mais aussi et surtout que la critique - surtout objective, si tant que cela soit vraiment possible - est plus que jamais nécessaire et que l 'art gouvernemental a surtout besoin d'artistes avisés, cohérents, compétents et surtout sincères - ce qui nous fait trop souvent défaut sous le ciel mauricien