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Projet de société: pour une révolution culturelle

15 mai 2017, 11:52

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L’initiative «Projet de société» dont le préambule a été publié ici même le 1er mai est une dé- marche citoyenne, avec d’autres, pour contribuer à construire la république mauricienne dont nous rêvons tous. Celle que nous voulons léguer à nos enfants et aux générations futures. Notre société aujourd’hui souffre d’un sérieux problème de mentalités, d’attitudes, de comportements et de pratiques. Oui, fondamentalement nous vivons une crise du sens avec au cœur la question fondamentale des valeurs. Nous sommes tous concernés, chacun d’entre nous. À commencer par les jeunes ! Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde car le changement doit venir de l’intérieur de chacun d’entre nous afin que nous avancions tous, ensemble.

Un changement d’état d’esprit est un impératif ! D’où cette plaidoirie pour une révolution culturelle. Révolution culturelle signifie d’abord ouvrir nos esprits pour nous enrichir de la rencontre de l’autre et pour saisir les opportunités multiples dans le but de l’épanouissement tant individuel que collectif. Il s’agit de cultiver son esprit, son intelligence, d’apprendre, d’enrichir ses connaissances à cette période charnière, cette transition historique majeure. Nous sommes dans ce qu’on appelle l’entre-deux. Gramsci écrivait : «La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître.»

L’interrègne, ou entre-deux, se joue entre un passé qui ne veut pas mourir, fort de ses certitudes, de son confort – par moments paresseux –, de son inertie intellectuelle, de ses incapacités à comprendre les dynamiques nouvelles et leurs portées et qui s’agrippe à la force des habitudes. Et le nouveau, nécessité vitale, qui se cherche, qui est à ses balbutiements et tâtonnements. Les recettes d’hier ne sont pas la solution. Cette transition a lieu sur fond de faillite du néolibéralisme porteur d’aucun projet de société. Le débat porte désormais sur les options du modèle de société de demain.

Mondialisation, révolution numérique et ouverture

Durant les trente dernières années, la société mauricienne a subi d’importantes pressions et a connu de profondes transformations et mutations socio-économiques et idéologiques. Il y a eu les années 1982-1992 où les dynamiques sociétales actuelles étaient déjà présentes. L’État, les acteurs sociaux du développement dans leurs organisations et institutions respectives et la société ont été impactés plus ou moins sérieusement et ont eu de réelles difficultés pour s’adapter à la «révolution conservatrice» commencée en1983. Notre société a connu une transformation du paysage idéologique avec l’irruption de l’individualisme et de l’égoïsme tant décriés et qui se sont transformés en un tout-à- l’ego ravageur. Toutefois, nous nous empressons d’ajouter qu’il existe une forme d’individualisme, l’expression d’un besoin de s’épanouir hors des cadres fixés et arrêtés, qui constitue une valeur positive.

La résilience de notre économie face à la crise financière de 2008 s’est traduite par une fuite en avant avec un «business as usual» qui va nous rattraper, si ce n’est pas déjà fait. Gare à un développement qui se traduit par une ségrégation spatio-sociale alors que l’avenir réside dans une société inclusive. Il y a du chemin à faire pour s’accorder sur la nature d’une ouverture intelligente sur le monde par laquelle passe notre devenir commun.

Maurice subit depuis les années 1990, avec l’arrivée d’internet, l’impact des nouvelles technologies et est actuellement à la recherche de son positionnement dans le continent numérique. Défiant la notion espace-temps, le numérique du cyber espace et des communautés virtuelles est en train de révolutionner les rapports sociaux. Cet espace «démocratique» qu’accueillent les réseaux sociaux est très révélateur des logiques anciennes et nouvelles qui travaillent le monde et les sociétés ; logiques faites d’opportunités, de dérives et de dangers. Par exemple, certaines études avancent que sur Facebook, 90 % du contenu véhiculent du négatif avec tout ce qu’on peut imaginer comme influence sur les mentalités. De nombreuses idées et propositions pour se prévenir contre ces dangers et menaces ont été avancées. La révolution culturelle doit par conséquent aussi investir le continent numérique.

Dynamiques, maux

La crise sociétale que nous traversons est la résultante de plusieurs dynamiques qui se sont développées durant ces vingt dernières années : société bloquée ; démission et abdication des élites ; confusion entre cycle électoral et cycle de développement ; déficits de cœur, d’intelligence, de raison et de bon sens ; névrose grandissante de la politique débouchant sur la crise du politique. Parmi d’autres maux on trouve pêle-mêle le tout-à-l’ego, les différents types de repli, le vivre en vase clos avec ses bulles-refuges. Notre société souffre encore malgré les apparences de trop nombreux cloisonnements. Oui, il y a aussi le refus pathologique de s’ouvrir aux nouveautés, aux nouvelles idées sans compter la facilité de la démagogie et du simplisme populiste. La tentation ethno-populiste est toujours présente et guette toujours. L’incivisme de trop nombreux citoyens est quant à lui légendaire.

Face à tout cela, les protagonistes se complaisent trop souvent dans une attitude «l’enfer-c’est-les-autres». L’autre est diabolisé et on ne lui reconnaît pas sa légitimité, niant par là même le principe fondateur du dialogue social, pilier d’une démocratie dialogale. Nous ne pouvons faire l’économie d’une réflexion sérieuse sur les pouvoirs – politique, économique, médiatique et société civile – et leurs rapports.

Aggiornamento et remise en question

Quand on observe et on réfléchit sur ce qui se passe on pourrait désespérer de l’état actuel de la société et perdre tout espoir quand à son avenir pour conclure qu’une révolution culturelle sera très difficile à mener, voire impossible. Mais il n’y a pas de fatalité. Allons-y avec l’introspection comme première phase du processus de l’aggiornamento général. Les acteurs de développement – les associations patronales, les syndicats, les ONG œuvrant dans différents domaines – se doivent de se remettre en question pour une réelle prise de conscience des nouvelles réalités, des nouvelles aspirations, des nouvelles dynamiques qui travaillent notre société et le monde. Oui, les acteurs sociaux de développement ont cette responsabilité historique de cette remise en question pour mieux assumer leurs rôles et responsabilités. Qu’on se le dise aussi : aucun groupe n’a le monopole du cœur et de l’intelligence ou du bon sens.

Il s’agit au final de trouver les mécanismes, moyens et instruments pour que chacun puisse jouer sa partition dans la recherche du concret des solutions au concret des problèmes. À la base de cette démarche, au-delà des différences et divergences, et des contradictions il y a les valeurs communes à partager, soit le sens de la responsabilité et l’honnêteté intellectuelle. Notre défi sociétal c’est aussi de se départir d’une société-spectacle faite de la dictature de l’image où le paraître et le look sans âme priment sur l’être. Tout aussi importants sont le rôle et la responsabilité des médias en pleine mutation numérique et qui ont leurs propres défis à relever

À ceux qui pensent que la révolution culturelle ne peut être douce, s’écouler sans accrocs, paisiblement et naturellement avec le temps et qu’il faut secouer les branches, nous disons que ce n’est pas par la contrainte, et encore moins par la violence, des mots et de l’action, que nous allons avancer. Même si cela implique un certain nombre de ruptures, il s’agit de convaincre plutôt que de vaincre. Oui, forts de notre histoire et de notre ADN, nous pouvons aspirer à cette révolution culturelle dans le dialogue. Le vrai ! Et si nous commencions à rêver d’une société de partage ancrée dans une économie forte et solidaire pour un développement retrouvant le sens de l’humain ?

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