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Résilience

19 juillet 2017, 11:12

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La rencontre de la conjoncture (le plus souvent difficile) et de la réflexion en management donne lieu à des situations où certains secteurs ou entreprises s’imposent comme des modèles à suivre pour l’ensemble de l’économie.

À Maurice, nous avons connu le temps où il était de bon ton de s’inspirer du textile pour apprendre à gérer les coûts. Un autre ou c’était le secteur hôtelier qui donnait le la pour le service client. À un moment où plusieurs des bases de notre activité économique sont ébranlées, à l’heure ou la résilience et l’innovation sont à l’ordre du jour, vers qui ou vers quoi se tournera-t-on ?

Les meilleures réponses sont souvent celles qui sont sous nos yeux. Pour peu qu’on prenne le temps de les chercher. Voit-on ces immenses machines qui, depuis quelques semaines, avalent et découpent les tiges que l’on tranchait à bout de bras il y a encore peu de temps ? Qu’est ce qui se cache derrière ce qui ressemble à d’immenses hangars métallisés, dont on sait seulement qu’ils sont reliés au réseau électrique ?

Une vingtaine d’années plus tôt ce secteur sucre avait du mal à être au goût du jour. Historiquement et émotionnellement chargé, il portait sur ses épaules le poids d’un passé qu’on préférait ignorer au profit d’un avenir qu’on disait plus prometteur. Et il est vrai que la nécessaire diversification de l’économie n’a été que plus bénéfique.

Il n’empêche qu’aux heures incertaines que nous traversons actuellement, c’est de ce secteur qu’il serait utile de s’inspirer. Pas pour sa rentabilité spectaculaire, évidemment, puisqu’il continue de se traîner à grand peine sous le poids de lois de plus en plus anachroniques, de laisser des pertes, et de craindre pour son avenir. Mais puisqu’il a le mérite de continuer à exister sur une île où la géographie étroite ne se prête pas aux économies d’échelle, dans un environnement commercial où les protections ont été enlevées une à une. Prenons le temps d’apprécier que le démarrage de la coupe 2017 marque le rythme de travail à Maurice pour les quelque 15 000 producteurs qui recevront une rémunération de la vente de sucre du Syndicat des sucres. Et ce, alors que dans le Pacifique, sur l’île de Maui à Hawaï, le sucre est déjà mort. La dernière usine a fermé ses portes en 2016 et les terres sont maintenant à être reconverties.

Ne négligeons pas le fait que ce qui semble une activité qui ferait presque partie naturelle du paysage n’est au final qu’un bateau comme les autres, qui tangue au gré des tempêtes. La prochaine en vue étant celle du premier octobre 2017, quand les producteurs de sucre européens ne seront plus soumis à des quotas. Les Européens produisent déjà 10% du sucre mondial, alors que nous ne représentons que 1 % de ce marché. Une hausse de leur production de 20 % est anticipée, à laquelle s’ajoute des investissements en efficience en vue de cette ouverture des marchés qui leur aura permis de dégager des gains de productivité, donc de produire à moins qu’ils ne le font maintenant.

Qu’est-ce qui permet à Maurice de maintenir sa position de fournisseur dans un contexte qui joue en sa défaveur ? À en lire le président du Syndicat des sucres, Hector Espitalier-Noël, dans le rapport annuel de cet organisme, c’est « la qualité, la fiabilité et l’adaptabilité », qui fait du sucre mauricien un produit encore en demande dans un environnement concurrentiel. Ce sont ces mêmes attributs qui lui permettent de percer sur des marchés nouveaux en expansion dans les pays d’Afrique et d’Asie où ils se placent en alternative valable et crédible à d’autres fournisseurs qui offrent le volume et le prix mais restent vulnérables sur le plan politique.

Dans un contexte de croissance mondiale ralentie, ce seront davantage les aptitudes à fournir la qualité, la fiabilité et l’adaptabilité à l’échelle nationale qui démarqueront les économies les unes des autres, plutôt que les perspectives d’un illusoire «miracle économique».