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La mesure 3… 2… 1… BOOM!

10 juin 2017, 14:13

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Oubliez les Rs 17 milliards du Metro Express. Ne vous attardez pas sur les Rs 11 milliards à la Santé ou les 7 milliards au Social Housing. Rs 8.7 milliards pour l’eau et la gestion des déchets : peccadilles ! Passons un moment sur toutes les dépenses et les projets qu’annonce Pravind Jugnauth dans son budget. Rien; aucune mesure, aucune annonce ne mobilisera autant de fonds que la mesure 321. Le 321ème paragraphe de son discours budgétaire se lit comme suit :

I will now announce yet another institutional reform. Government is establishing the Mauritius National Investment Authority to invest, locally and globally, the surplus funds of the NPF and NSF which amount to some Rs 130 billion. This should allow for a greater diversification of the investment portfolio while at the same time improving the prospects for higher return. This new Investment Authority will also invest the funds of other public sector bodies.

Relisez !

I will now announce yet another institutional reform. Government is establishing the Mauritius National Investment Authority to invest, locally and globally, the surplus funds of the NPF and NSF which amount to some Rs 130 billion. This should allow for a greater diversification of the investment portfolio while at the same time improving the prospects for higher return. This new Investment Authority will also invest the funds of other public sector bodies.

Oui, vous avez bien lu : Rs 130 milliards ! Cet argent, cette somme de Rs 130 milliards (composée du chiffre 13 suivi de 10 zéros) ce n’est pas une taxe. Il est encore plus sacré. C’est un prélèvement direct des salaires de tous les travailleurs du pays. C’est le plan de pension auquel ils contribuent. Cet argent, c’est l’argent – l’épargne et la pension – du peuple travailleur. Quand il aura fini ses 20, 30, voire 40 ou 45 laborieuses années de sueur, de stress, d’embouteillages, de pressions hiérarchiques, il faudra lui rendre son argent pour, qu’en attendant la mort, il puisse au moins commencer à vivre un peu.

Désormais, c’est une nouvelle entité – sans doute sous l’ombrelle du ministère, et donc du ministre, des finances – qui gèrera ces fonds et celui d’autres « public sector bodies ». Pourquoi ce changement (le NPF et le NSF étaient tout deux gérés par le ministère de la Sécurité Sociale), alors que les performances du NPF et la NSF ont toujours été quasiment irréprochables ? La seule fois où le NPF s’est retrouvé dans un orage remonte à il y a 15 ans avec l’affaire MCB/NPF, et là encore, il n’était pas fautif et il s’est logiquement remis sur pied sans aucune incidence sur la pension du travailleur. Pourquoi Pravind Jugnauth prend-il en 2017 la gestion de ce fonds sous son aile ? Honnêtement, cela me dépasse. Il y a tellement de possibilités, tellement de raisons de s’inquiéter.

L’histoire du monde regorge d’investissements mal inspirés (Swan et NMH par exemple?), d’erreurs d’appréciations, de fraudes, de courtiers malveillants, d’analystes cupides, et de détournements de fonds au détriment des travailleurs et de leurs pensions.

Pravind Jugnauth a intérêt à jouer la carte de la transparence sur ce sujet-là. On s’attend à des réponses limpides et logiques ; pas au charabia habituel qu’il livre régulièrement au micro de la MBC. Ce n’est pas qu’on s’inquiète pour son intérêt. Mais pour le pays, toute erreur, tout soupçon d’erreur, toute petite odeur de malversation ferait BOOM sans qu’on ait entendu un quelconque 3… 2… 1…