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Partielle au n° 18 : On ne badine pas avec les élections...

31 mai 2017, 13:32

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M. Bhadain a peut-être raison de combattre le Metro Express, comme d’autres ont essayé de le faire avant lui. Mais, s’il lui faut provoquer une élection partielle pour démontrer sa colère, nous aurons du mal à le suivre dans cette voie. Sûr que l’évènement le fera peut-être grimper en popularité et se single out, sortir du lot des opposants au projet. Mais ce sera sans conséquence sur la décision unilatérale du gouvernement d’aller de l’avant avec un projet de prestige qu’il veut laisser comme souvenir de son passage au pouvoir.

Une élection, ça coûte

Une élection partielle va coûter cher au contribuable, et elle sera mal venue, surtout à un moment où le pays est déjà dangereusement endetté. Les partis politiques, de leur côté, vont devoir siphonner les fonds des traditionnels bailleurs, que ce soient les grands groupes ou entreprises du secteur privé, autres que la BAI, cette fois-ci. De l’argent noir, que vous aviez pour mission de dénicher, même sélectivement, au lendemain des élections 2014, sortira des matelas, bonbonnes et commerces suspects. L’hypocrisie et le mensonge sur le financement des bases et oriflammes, affiches et degs de briani, tempos et bouteilles de rhum, seront de nouveau réhabilités au nom du réalisme de campagne électorale, version mauricienne.

Les électeurs de la circonscription n°18 lors de la proclamation des résultats des législatives en décembre 2014. 

Ce sera aussi sans compter toute l’énergie qui sera déployée par le gouvernement, aidé sûrement par la municipalité de Quatre-Bornes, et ses ressources pour «koltaré» quelques impasses, recruter quelques éboueurs ou repeindre le temple de quelque association complaisante. L’opinion publique, quant à elle, se verra plongée dans un tourbillon d’un autre genre, après tout ce qu’elle a traversé durant deux ans et demi de Lepep. Elle oubliera les grands défis d’ordre économique et social que traverse le pays. L’endettement jusqu’au cou du pays, la réputation de Maurice comme plaque tournante de la drogue, les colères allumées dans le secteur éducatif, et même les nominations politiques glisseront hors de ses préoccupations.

Options rasantes

M. Bhadain pourra opter, comme Jayen Chellum, de se faire raser le crane, évitant ainsi que le contribuable soit tondu. Il peut aussi tenter une grève de la faim, pourquoi pas ? Puisque cela semble marcher ces jours-ci. Sauf que dans son cas, on ne peut rien prédire sur la réaction de ses anciens amis et complices. Et surtout, s’ils vont le prendre au sérieux, comme les électeurs de la circonscription Belle-Rose– Quatre-Bornes, d’ailleurs.

M. Bhadain doit être réaliste. Rien ne nous dit que le peuple, admiratif comme il est, ne votera pas pour le statu quo, c’est-à-dire pour ceux-là même qu’il a vilipendés pendant deux ans et demi. C’est pourquoi M. Bhadain doit continuer à hésiter encore plus longuement, ce qui lui donnera encore plus de temps à réfléchir sur son geste. Il gagnerait à se débarrasser de l’impulsivité qui l’avait animé pour faire plaisir à la nouvelle monarchie installée au lendemain des élections de 2014. Il doit avoir compris, on l’espère, l’égoïsme d’un peuple qui ne le suivra peut-être pas, ne descendra pas dans la rue, aussi longtemps qu’il ne sent pas son intérêt direct et personnel immédiat menacé.

Réalisme

Le spectacle et le tam-tam électoral nous manqueront, à coup sûr. Mais soyons réalistes. On ne peut se permettre encore six mois de campagne électorale. Déjà que les priorités du pays depuis décembre 2014 n’avaient pour nom que Ramgoolam, Soornack, Rawat, MedPoint, remplacement Premier ministre, Sumputh, Choomka, bonbonnes, Heritage City avortée et autres, ce serait vraiment une guigne si on se laissait encore gagner par cette ambiance de fancy-fair d’envergure nationale.

Dans notre système politique, seule une défaite aux élections générales peut faire partir un gouvernement. Il serait naïf de croire qu’un gouvernement qui se sent impopulaire va prendre la porte de sortie. La culture des hommes et femmes qui l’animent devant être faite d’un autre «métal», comme ils disent. Donc, qu’il perde ou gagne, une élection partielle n’aura aucun effet sur son intransigeance. Et le métro passera, même si le peuple y met son pied sur les rails!

 Badinage électoral. Ou pas !