Publicité

Retour à la terre

13 mai 2017, 07:32

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

lexpress.mu | Toute l'actualité de l'île Maurice en temps réel.

Les séances parlementaires et les scandales se suivent et finissent par se ressembler. Le despotisme et le népotisme sont devenus légion. Et nos journalistes ne savent plus où donner de la tête tant les affaires éclatent de partout, tant ça va vite. En ces temps agités, quelques esprits qui se croient malins tentent de faire diversion en montant une alliance artificielle (en ligne droite avec la méthode mensongère de Le Pen ou de Trump). Mais heureusement que les citoyens veillent au grain et se placent devant nous, journalistes, comme des boucliers humains.

Les affiches illégales placardées dans certaines régions, la mise en demeure de la State Bank (qui réclame Rs 100 millions) à La Sentinelle (parce que nous avons choisi de publier des documents bancaires relatifs à l’euroloan de Vishnu Lutchmeenaraidoo) ou les nombreuses tentatives d’intimidation ou de déstabilisation contre la presse libre et indépendante (par exemple celles de Collendavelloo et de celui qu’il défend : Alvaro Sobrinho) sont vivement dénoncées par les lecteurs-citoyens-lecteurs qui nous suivent de près et qui nous accompagnent au jour le jour. Avec pareil soutien, notre volonté d’en découdre avec ceux qui gèrent mal notre pays, en se servant allègrement au lieu de nous servir, ne peut que croître…

L’un de nos soutiens inconditionnels, un ami mauricien, qui aime son pays plus que tout, et qui revient au bercail après 20 ans passés en Californie, nous a permis de lever récemment la tête du guidon et de re-souligner un combat qui nous est cher : mener une réflexion sur l’agriculture raisonnée et dégager un modèle agricole que nous voulons pour nous et pour nos enfants.

Alors que des compatriotes font une grève de la faim pour faire entendre leur voix, il est important de replacer la sécurité alimentaire au coeur des débats publics. Les légumes que nous cultivons sont devenus une atteinte à la santé publique. «In the early months of 2016, a series of brilliant articles by l’express, signed by Marie-Annick Savripène, Lindsay Prosper and Philippe Forget, highlighted a cancer that was slowly eating the soul of sustainable agriculture in Mauritius and decidedly destroying the health of everyday Mauritians, like a silent killer, a terrorist without care for children, women, old or young people, rich or poor. Pesticides in food stuff does not know color, creed or class…», écrivait Rattan Gujadhur, dans une lettre ouverte ayant pour but d’ouvrir les yeux des Mauriciens. «Unfortunately, this problem fell on big deaf ears it seems, and as is common in Mauritius, there seems to be apparently other more pressing political matters to be discussed in the press (…) Like who is showing his arse to who in Parliament.»

Notre compatriote n’a pas tort. Au lieu de nous attarder sur les fruits et légumes que nous consommons, le débat est souvent détourné par les scandales comme les sous que se font, au vu et au su de tous, les Trilochun, Sumputh, Sanspeur, Sawmynaden, Choomka et consorts. Et du coup, le Pesticide Bill, en raison des lobbies politiques, (les petits planteurs sont encore plus puissants électoralement que les opérateurs d’autobus), risque de… végéter.

Et alors que Jayen Chellum se rafraîchit la boule, on devrait plutôt se demander si les agences de protection de consommateurs fonctionnent réellement chez nous. Si oui, pourquoi ne réclament-elles pas régulièrement des données sur l’usage abusif des pesticides et son impact sur la santé publique ? «If the growth of cancer in Mauritius and its epidemiological links with pesticides are being researched, then why is the data not available to the public?» se demande l’ami Rattan.

Qui va lui répondre ? Mahen Seeruttun ou Anwar Husnoo ? Encore heureux que ce ne soit plus Anil Gayan…

***

À côté de nous, La Réunion peut nous inspirer avec son intéressant concept de l’agro-tourisme. Ce concept répond non seulement aux attentes écologiques et de santé publique, mais permet aussi de relever des défis économiques et sociétaux. Les Réunionnais, davantage que nous, ont compris qu’un nombre grandissant de touristes sont en quête d’un retour à la terre, à la nature : des produits alimentaires en passant par les loisirs qui valorisent l’environnement. C’est inverser le tourisme de masse, qui détruit inexorablement lagons et plantations.

Ainsi, certains agriculteurs réunionnais développent de plus en plus des activités d’accueil touristique. Cette diversification valorise non seulement les productions agricoles, mais permet aussi de remettre au goût du jour des prestations culinaires d’antan, d’hébergement naturel et d’autres découvertes culturelles. À La Réunion, un éco-touriste peut apprendre le tressage de vacoas, de coco, la fabrication d’huiles essentielles, la fabrication d’objets artisanaux. Bref, cela encourage le partage et la préservation des héritages qui disparaissent avec chaque food court qu’on construit… «Être agriculteur, c’est être un acteur majeur du milieu rural, de l’aménagement du territoire et de la vie locale (…) c’est le lien avec la terre, les hommes, et dans le cas de l’agrotourisme, la filière touristique», explique-t-on sur le site de la Chambre d’agriculture de La Réunion.

Parmi les activités proposées à l’île soeur et qui pourraient nous inspirer : 1) se balader tout simplement parmi les fleurs des jardins publics, 2) découvrir des vanilleraies et le secret de leurs gousses (Ste-Suzanne), 3) se perdre dans le «labyrinthe en-champ-thé», 4) humer les maisons du Coco (St-Leu)…