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Maurice engagée dans un commerce inclusif et durable

31 mars 2017, 19:36

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La production d’équipements médicaux, ci-dessus chez Natec Medical Ltd, fait partie des secteurs identifiés par la Stratégie nationale d’exportations pour générer de nouveaux emplois.

En 1960, deux cyclones successifs ont frappé l’île Maurice. Le second, dénommé Carol, a causé des douzaines de décès, blessé des centaines de personnes et laissé plus du sixième de la population sans abri. L’industrie sucrière, principal moteur de l’économie a été dévastée et les champs de canne à sucre ravagés par les rafales de vent et les pluies torrentielles.

À la suite de ces évènements et afin d’évaluer le potentiel de développement de l’île, les autorités coloniales britanniques demandèrent au Professeur James Meade, économiste réputé de Cambridge, d’effectuer une étude. Le Professeur qui obtiendra par la suite un Prix Nobel dans sa discipline, fut tout sauf impressionné par ce qu’il découvrit. Il nota que le pays était tributaire d’une mono- culture, le sucre, que son taux de natalité était exponentiel, qu’il existait très peu d’expertise technique et qu’au vu des risques de conflits ethniques les perspectives de développement s’avéraient sombres.

Comme tous les Mauriciens le savent, le pays a démenti ces tristes prédictions. Entre 1976 et 2008, le pays a multiplié son revenu intérieur brut par habitant par sept, passant de moins de 1 000 USD à presque 7 000 USD. La pauvreté s’est fortement atténuée et les inégalités de revenus se sont amenuisées.

Grâce à la mise en place de réformes en matière de politiques commerciales, d’exonérations fiscales, d’encouragements aux investissements étrangers et de créations de pôles d’activités économiques, Maurice a su développer diverses activités orientées vers l’exportation telles que le textile, l’habillement, le tourisme, les services financiers.

Le pays a de fait réduit sa dépendance de son unique production sucrière. Il est aussi l’un des rares pays qui a su transformer son accès préférentiel aux marchés européens (surtout pour les exportations de textile et de sucre) en une véritable transformation économique.

En termes d’indicateurs de performance internationaux, qu’il s’agisse de l’indice de développement humain, de bonne gouvernance ou de qualité de l’environnement des affaires, Maurice est en tête de tous les pays africains.

Cependant le modèle de croissance qui a engendré le «miracle mauricien» tend à s’essouffler. Les contingents de produits textiles et de sucre ont été éliminés ou érodés par la réduction multilatérale des droits de douane. En conséquence, et face au déclin de la productivité et des investissements, le gouvernement a mis en place, il y a une dizaine d’années, un ambitieux projet de réformes visant à mieux s’adapter aux économies de marchés. La croissance a été relancée mais n’a pas autant profité à tous qu’auparavant. Entre 2007 et 2012, 40 % de la population qui se trouve au bas de l’échelle en termes de revenus n’a pas vu sa condition évoluer sensiblement. En revanche, les citoyens les plus fortunés ont vu leurs revenus s’améliorer rapidement. Tandis que la précarité a augmenté surtout pour les foyers dont les chefs de famille sont des femmes.

De nouvelles menaces assombrissent l’horizon économique du pays. La montée de la tentation protectionniste qui se fait jour à travers la planète fait peser une menace particulièrement lourde sur les petites économies de marché. Les services financiers «offshore» ont été affectés par des réglementations plus contraignantes mises en place à la suite de la crise économique de 2008. La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, et probablement de son marché unique, plonge Maurice dans l’incertitude quant à ses conditions futures d’accès à ce qui représente un de ses meilleurs marchés d’exportation.

Bien avant l’annonce du Brexit, le gouvernement de Maurice avait annoncé sa «Vision pour 2030», une stratégie à long terme lui permettant de vivre un «second miracle économique» grâce à la diversification de son économie et la transformation du pays en un pôle international d’échanges commerciaux et d’investissements.

C’est pour mener à bien ce projet que Maurice va lancer cette semaine sa Stratégie nationale d’exportations. Elle a été élaborée par le ministre de l’Industrie et du commerce en concertation avec le milieu des affaires de Maurice et la société civile ainsi qu’avec le soutien du Centre du commerce international. Elle est la feuille de route à suivre pour maximiser la valeur ajoutée des produits à l’exportation et générer de nouveaux emplois pour l’île.

La Stratégie vise à accroître la capacité de sept secteurs de production et à y favoriser la création d’emplois. Les secteurs concernés sont : les produits alimentaires transformés ; la pêche et l’aquaculture ; les équipements médicaux ; la bijouterie ; les services financiers ; les logiciels informatiques et les services d’information à distance ainsi que le tourisme culturel.

Ce rapport met l’accent sur les mesures qui permettront aux petites et moyennes entreprises (PME) de se connecter aux marchés internationaux. Les PME sont les principales pourvoyeuses d’emplois. La Vision 2030 les considère comme l’épine dorsale de l’économie du pays. Leur réussite est déterminante pour atteindre une croissance qui profite à tous. Les entreprises qui se connectent aux marchés et attirent les investissements internationaux croissent plus rapidement que les autres et augmentent les salaires de leurs employés en fonction des gains de productivité. Permettre aux PME mauriciennes de s’intégrer aux chaînes de valeur internationales servira de levier économique en termes de création d’emplois, d’accroissement des revenus pour tous, en particulier pour les femmes et les jeunes.

La Stratégie nationale d’exportation est avant tout une feuille de route destinée non seulement aux décideurs politiques de Maurice, mais aussi au secteur privé et aux partenaires internationaux. Pour chacun des sept secteurs précédemment nommés, la Stratégie identifie les goulets d’étranglement à résoudre pour augmenter production et échanges commerciaux.

Elle énonce aussi les réformes spécifiques à mettre en œuvre et les investissements à consentir. Elle définit enfin des actions plus ambitieuses à mettre en place pour que Maurice tire le meilleur parti de sa position stratégique entre l’Asie et l’Afrique tout en renforçant les compétences qui lui permettront de stimuler encore davantage son potentiel d’exportation.

Le premier miracle économique des Mauriciens a été rendu possible grâce à son processus politique démocratique marqué par la volonté d’une coopération efficace entre les secteurs public, privé et la société civile. Ces qualités donnent au pays une excellente assise pour se hisser au rang des nations à hauts revenus.

 À l’entame de ma première visite officielle en tant que directrice exécutive du Centre du commerce international, je souhaite à l’île Maurice de faire de ce deuxième cinquantenaire de son indépendance un exemple de réussite pour l’Afrique.