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Cogestion des Chagos : un progrès

27 mars 2017, 08:08

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Cogestion des Chagos : un progrès

«Chagos : cogestion ?» Si cette information, parue dans «l’express» du samedi 25 mars, se confirme, ce serait une avancée considérable. Il serait incompréhensible que le gouvernement n’en saisisse pas la portée.

Si les Britanniques acceptent la formule d’une cogestion sur l’ensemble des îles de l’archipel des Chagos (hors la gestion de la base militaire elle-même), c’est, de mon point de vue, si l’on récuse la thèse de la vente, une reconnaissance des droits historiques de Maurice. Elle est plus significative encore qu’un éventuel avis favorable de la Cour internationale de justice (CIJ). De plus, cette proposition nous offre l’économie d’un contentieux diplomatique néfaste à nos intérêts avec un partenaire économique de premier plan. Elle nous sauve, par ailleurs, de l’embarras d’un rappel devant la Cour, que l’excision de l’archipel des Chagos du territoire mauricien s’est faite avec «the agreement of the Mauritian Cabinet», comme l’atteste un procès-verbal du Conseil des ministres.

À moins d’en faire une crise d’orgueil national mal placée, je ne vois aucun avantage à préférer un avis consultatif du CIJ. On sait que même dans l’éventualité d’un avis favorable – ce qui est probable –, la victoire diplomatique et politique ne fera avancer d’aucune manière concrète la cause de Maurice. Pas plus que la condamnation du Royaume-Uni par l’Assemblée générale des Nations unies (la Résolution 2066) de décembre 1965.

Il s’agira bien sûr de définir les contours de cette cogestion ; est-elle économique, scientifique, environnementale? L’intérêt, ce ne sont pas seulement les petites îles regroupées, mais aussi, peut-être, surtout la mer territoriale et la zone économique exclusive. L’exploitation conjointe des ressources est alors déterminée par des conventions d’application.

Un traité de cogestion territoriale, par essence, est sans doute ambigu sur la question fondamentale de la souveraineté, parce qu’il prévoit généralement qu’aucun des signataires ne renonce à ses revendications. Mais il propose un cadre d’échanges et de négociations. C’est un progrès qui n’insulte pas l’avenir. En la circonstance, si nous voulons rester pratiques et pragmatiques, c’est le mieux que nous puissions espérer.

D’autant plus que l’on sait que les avis consultatifs de la CIJ n’ont pas d’effets contraignants et qu’il est laissé aux demandeurs de décider de la suite à donner. C’est-à-dire qu’il ne se passera rien.