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Heritage Express : Mais, trop légers… ces arguments !
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Heritage Express : Mais, trop légers… ces arguments !
Remplacez plutôt les tuyaux pourris de la CWA !
Quelques centaines de travailleurs menacés de perte d’emploi, et cela provoque une manifestation. Une démonstration de colère puisque des intérêts directs et personnels sont en jeu. Ceux qui prétendent que la population est molle et se laisse faire ont là un contre-exemple : l’angoisse exprimée de ceux concernés par un projet qui leur confisque leurs acquis. Cela augure bien sur le plan de la revendication, une lueur d’espoir, un brin de révolte. Même s'il faut ajouter que ce qui a incité les manifestants c'est l’oubli ou le refus du gouvernement promoteur du projet de les écouter. S'il y avait communication, les travailleurs auraient appris que le métro express (ME) créera un bien plus grand nombre d’emplois que ceux qu'ils pensent perdre. Tous les manifestants seraient restés à la maison, loin des rues de Port-Louis.
Dommage que leurs pancartes et revendication ne demandaient pas au gouvernement s'il a considéré l’alternative moins coûteuse du bus lane, qui aurait conservé leurs emplois et même facilité leur travail sur les routes du pays. Mais il faut comprendre ces travailleurs, plus concernés pour leur survie qu’autre chose.
Mais, dans le fond…
Le ME va coûter au contribuable Rs 17 milliards disent les autorités. Le double, disent les autres. Deux fois plus avancent certains experts, près de 94 milliards de roupies. La population ne comprend plus rien à toute cette affaire, compte tenu du manque d’information de la part de ceux qui nous engagent dans ce projet de prestige. Deux ou trois voix seulement s’élèvent contre cette dette qui s’échelonnera sur deux ou trois générations de Mauriciens.
Mais, que les autorités se rassurent, il n’y aura pas de manifestation pour dénoncer cet aspect de fond du projet. Que le contribuable va payer sur un demi-siècle plus d’impôts et ainsi voir baisser son pouvoir d’achat à cause d’un tel projet importe peu. Il n’y aura pas de manifestation puisqu'il s'agit de l’intérêt collectif, de tous les contribuables. Et donc personne, à titre individuel, ne se sent concerné. C'est ainsi que raisonne la population. Le fond de la question ne l’intéresse pas. Mais une perte personnelle, oui. Dans une société impulsive, on ne regarde que ce qui nous affecte dans l’immédiat, et qui prend de notre poche seule. Ce qui affecte tout un pays nous laisse indifférents.
C'est ainsi que le peuple ne se posera pas la question de savoir si le ME est une priorité, et s'il ne vivrait pas mieux si le quart de cet argent était utilisé pour remplacer les tuyaux de la CWA, installés au 19e siècle par les Anglais et qui, usés, comme dit le gouvernement, nous font perdre 40 % de l’eau de nos réservoirs traitée à grands coûts.
Corporatisme de la révolte
Le peuple n’entend même pas les quelques rares protestations de ceux qui sont contre le projet ME, foncièrement pour des raisons de coûts et d’efficacité. Même sous son appellation précédente, le projet n’a suscité aucune marche, aucune pancarte, aucune réaction populaire. Un projet de prestige destiné à remplacer Heritage City, puisque ils ont les mêmes objectifs politiques, ne suscite aucune révolte, aucune colère. Le corporatisme règne en maître. Aujourd'hui les chauffeurs de bus, demain les marchands de foire, et après-demain les propriétaires de bus individuels ou de vans et taxis marrons, et plus tard les marchands de pistaches opérant près de la gare Victoria ou Jan Palach. Chaque groupe s’organisera en fonction de ses intérêts particuliers. Il n’y aura personne à la manifestation pour défendre l’usage de l’argent de nos impôts. Personne pour porter la pancarte qui demande l’alternative moins coûteuse.
Déficit de communication
Le gouvernement, conscient de cet égoïsme du peuple, y trouve la raison pour ne pas se sentir obligé d’informer, de démontrer qu'il n’y a pas d'autre solution, ni de dire au juste quel problème il veut régler avec le ME. Ce n’est sûrement pas pour diminuer le nombre de voitures qui se rendent à Port-Louis chaque matin, puisque mêmes ses nombreux fonctionnaires qui bénéficient d’une car allowance sont obligés de rouler leurs voitures ! Et n’en parlons pas des cadres du secteur privé ou autres businessmen.
Encouragé par cette indifférence du peuple, quand il s'agit du bien collectif, le gouvernement ne se voit pas obligé d’expliquer le coût efficacité de ce moyen de transport qui dans d'autres pays transporte plusieurs centaines de milliers de personnes chaque jour et où les distances sont relativement longues. Non plus doit-il nous dire si à Maurice, où les distances sont si courtes entre deux stops, le métro express, à peine démarré, va devoir commencer à freiner, alors que l'on entend dire qu’entre Port-Louis et Curepipe, le ME mettrait une heure et demie. Drôle d’express, en tout cas, alors qu'on aurait eu le même résultat pour dix fois moins cher avec le bus lane ! Mais plus important encore, l’individualisme favorise le silence total sur l’irresponsabilité financière de ce projet fortement décriée et exhaustivement démontrée par Rama Sithanen dans ce journal.
Légèreté expresse
Le peuple n’est pas informé, et est indifférent. Il ne veut pas aller au fond des choses et voir ce qui lui est présenté sous un angle critique. Il aura donc le projet de prestige qu'il mérite, et charriera les dettes qui vont avec. Dettes qu'il passera à ses enfants et petits-enfants à naître. Il laissera emprunter en son nom d’un autre pays, même si cela fait perdre à Maurice un peu de sa souveraineté. Mais on dirait que tout le monde s’en fout. Pas seulement ceux qui nous gouvernent. Mais le peuple aussi n’y voit aucun inconvénient. Moralité pas rempli ventre. Dignité et sentiment de fierté, comme le métro, sont légers. Une déroute en …express !
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