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Pourquoi des droits automatiques aux décorations nationales ?

18 mars 2017, 14:54

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Pourquoi des droits automatiques aux décorations nationales ?

Le Premier ministre (PM) a refusé de s’honorer de la plus haute distinction de l’État. Il attendra la preuve de ses oeuvres politiques, at- il déclaré, avant d’accepter l’honneur en question, automatiquement attribuée à un PM. Il faut dire que cette décision de Pravind Jugnauth est une preuve sans faille de sa grande magnanimité ! Et bien qu’aucun ministre n’ait été décoré cette année, il n’a pas manqué de préciser que «sa na pa dir ki politisien na pa mérit dékorasion».

Mais là, il ne rate pas de dévaluer son geste. Car il oublie, comme les autres politiciens avant lui, qu’ils arrivent au pouvoir que par le bon vouloir de l’électorat. Et qu’ils sont grassement payés par l’État pour travailler pour la population (ministre signifiant serviteur), service trop souvent détourné pour leur propre bénéfice.

Ajoutons aussi les fringe benefits comme les fameux per diems de l’autre, qui lui auraient permis d’accumuler les Rs 220 millions des coffresforts de Riverwalk. Ces per diems ne devraient-ils pas être dépensés pour le besoin des missions à effectuer au lieu d’être accumulés dans un coffre ? S’ils sont économisés, ils devraient être retournés dans les caisses de l’État.

Alors, pourquoi des droits automatiques aux décorations nationales ? Dans la logique, il aurait été plus juste que ce soit à la population de décerner ces décorations. Voilà pourquoi une seconde Constitution est plus que jamais nécessaire, comme l’a finalement reconnu Alan Ganoo, rien que pour corriger tous ces abus commis sous le couvert d’une légalité constitutionnelle.

Autre sujet, très délicat, qui fait polémique au niveau politico journalistique : après les biscuits Hanoomanjee, voici la saga Álvaro Sobrinho. Ce qui frappe dans cette affaire, c’est que ce sont les médias qui l’ont mise en avant, alors qu’on pourrait penser que c’est à l’opposition parlementaire de le faire. Le moins que l’on puisse avancer est que, depuis l’entrée en congé de l’Assemblée nationale, l’opposition se fie sur les médias pour lever les lièvres boiteux. Et se contente de suivre le pas ensuite.

Cependant, sans mettre en doute la bonne foi des médias, il faut reconnaître que ces derniers se contentent trop souvent d’allégations, sans offrir de preuves irréfutables, ce qui résulte en un imbroglio indescriptible. Les médias, tenant fermes sur leurs opinions, tandis que les défenseurs du mécène angolais essaient, contre vents et marées, de l’innocenter. Le public, en fin de compte, n’arrive point à comprendre grand-chose à l’affaire.

On pourrait se référer à l’affaire Watergate, en juin 1972, pour reprocher aux médias de se contenter que d’allégations non prouvées. Watergate fut ébruitée par la découverte, par le FBI, de cambrioleurs de divers documents au Watergate, alors siège de campagne du parti Démocrate, engagé dans les élections présidentielles imminentes aux États-Unis. Deux jeunes reporters du Washington Post, Bob Woodward et Karl Berstein, grandement aidés par un informateur surnommé Deep Troat (pseudonyme de Mark Felt, no2 du FBI à l’époque), vont alerter l’opinion publique.

Les deux journalistes vont alors s’engager dans une enquête de longue haleine pour finalement aider d’autres enquêteurs professionnels et des témoins à forcer le président nouvellement élu, Richard Nixon, à démissionner. Nous savons que les journalistes mauriciens de tous les médias concernés n’ont pas les mêmes facilités que ceux du Washington Post… Mais, de grâce, s’ils pouvaient nous fournir de moindres preuves quand ils annoncent des coups comme le Sobrinhogate, cela aiderait grandement à assainir ce genre de situation. Quant à l’opposition parlementaire, comme on aimerait qu’elle joue son rôle à fond.

Revenons sur le biscuitgate. Personne à Maurice ne peut accepter que des biscuits qui coûtent dipin diber sur le marché local puissent se vendre à un prix vertigineux, simplement en raison d’un emballage spécial. Mais, si les institutions concernées ont pris l’affaire en main, il serait judicieux de souligner le principe du markup des importateurs de produits divers.

Par exemple, aujourd’hui, on peut facilement voir sur les chaînes de télévisions étrangères le prix d’un produit vendu en Europe. Il est alors facile de le convertir en roupies mauriciennes. Mais on sait que cette conversion n’est pas fiable dans la mesure où il faut ajouter au prix d’achat d’un même produit en Europe le coût du fret et tous les overheads qui s’y collent.

Sans compter les duties et autres taxes réclamées par le gouvernement. Ajoutons aussi un markup convenable qui ferait que le prix sur le marché local soit de 3 voire 4 fois supérieur à celui affiché en Europe. Mais lorsque cela est fait de manière exagérée, il est impossible de ne pas se poser des questions sur la marge de profit des importateurs et des revendeurs quand cela est le cas.

On vit bien dans un système capitaliste avec un système commercial libéralisé ou, si on préfère, dans une économie de marché. Tout cela ne peut que favoriser l’exploitation des consommateurs par les commerçants de toutes espèces. Si on veut donc mettre de l’ordre dans le biscuitgate, il ne faut pas s’arrêter en si bon chemin et s’intéresser qu’aux seuls biscuits Hanoomanjee et instaurer un certain contrôle sur tous les markups des produits mis sur le marché. Les consommateurs pourront alors accorder toutes les décorations pensables au PM et à ses ministres.